RENCONTRES
Échange avec le syndicalisme : que voteront vos députés s’ils sont élus ?

Quelques jours avant le premier tour des élections, la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de l’Ain ont proposé aux candidats d’échanger sur leurs principales attentes pour l’avenir de l’agriculture. À savoir : la remise en question du PLOA, la loi Égalim, le renouvellement des générations, la question des normes, la Pac ou plus localement la prédation et l’eau.  

 

Échange avec le syndicalisme : que voteront vos députés s’ils sont élus ?
Jérôme Martin pour la FDSEA, Justin Chatard, Théo Morin et Quentin Manigand pour les Jeunes agriculteurs de l’Ain, ont rencontré plusieurs candidats ce mardi, dont Sébastien Guéraud pour le Nouveau front populaire. Photo/Eva Garnier

Damien Abad, député sortant, divers droite sans étiquette, Sébastien Guéraud (PS) pour le Nouveau front populaire et Romain Daubié (apparenté MoDem), également député sortant, pour la majorité présidentielle : trois candidats ont rencontré les élus syndicaux FDSEA et JA ce mardi. L’occasion pour ces derniers de prendre le pouls des candidats et leur famille politique et de faire passer aux potentiels futurs députés leurs messages syndicaux. 

PLOA : oui pour le voter, plutôt pour le muscler

Au firmament des inquiétudes des élus syndicaux, le projet de loi d’orientation agricole (PLOA), dont le vote en première lecture a été balayé par la dissolution de l’Assemblée nationale. À l’instar de Justin Chatard, président des Jeunes agriculteurs, le syndicalisme majoritaire dans l’Ain regrette en particulier les avancées de ce texte en matière de formation et de renouvellement des générations, même si celui-ci méritait d’être musclé. Un sentiment partagé par les trois candidats rencontrés ce mardi. « Je voterai ce texte, je l’ai voté en première lecture donc je le revoterai », s’est engagé Damien Abad. De son côté, Sébastien Guéraud, professeur d’histoire-géographie et adjoint au maire de Bourg-en-Bresse, n’a pas manqué de faire le lien entre l’installation d’agriculteurs et la souveraineté alimentaire. Face à la baisse de niveau générale des diplômes agricoles, ce dernier estime qu’il faut donner plus de moyens à l’enseignement technique qui n’est selon lui pas assez visible. Et d’étayer : « Quand on a gelé les terrains autour des Sardières, des gens étaient mécontents dont un ancien agriculteur qui aurait bien vendu ses terres pour faire des maisons. La pression est énorme. » Tout comme son homologue de la cinquième circonscription, dont le suppléant n’est autre qu’Alexandre Joux, agriculteur et maire de Lompnas, fils de Michel Joux, actuel président de la Chambre d’agriculture, Sébastien Guéraud, qui se présente comme le plus modéré de ses pairs, a lui aussi sa caution agricole : sa suppléante, Gaëlle Dimberton, est éleveuse de volailles de Bresse à la ferme du Sougey. 

EGAlim : à quand la dernière ? 

Autre dossier chaud de ces élections : la quatrième EGAlim actuellement dans les cartons, avec en toile de fond la rémunération des agriculteurs. À ce sujet, FDSEA et JA de l’Ain martèlent depuis des mois pour une application des premières EGAlim et pour la construction des prix en avant. Damien Abad, qui plaidait déjà en faveur du renforcement de l’Observatoire des prix et des marges au moment des mobilisations agricoles, prône davantage de fermeté et une application de prix supérieurs au coût de production. À ne pas confondre avec les prix garantis ou prix planchers. Moins tranché sur la question, Romain Daubié parle de mieux « maîtriser les prix » sans toutefois s’arrêter sur la formule à adopter. Pour Sébastien Guéraud, l’enjeu, c’est de savoir « comment s’attaquer à la grande distribution » en pratiquant pourquoi pas le name and shame pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu. 

L’eau, ça coule pas de source

Sujet clivant dans le département, avec une Dombes toujours en arrêté sécheresse et le zonage des zones humides en ligne de mire de la FDSEA et des JA de l’Ain, la question de l’eau a été évoquée. Sur le diagnostic, pas de débat, à gauche, à droite ou au centre, tous s’entendent pour dire que l’eau ne coule pas de source. Abordant du bout des lèvres la question très médiatique des méga-bassines, Sébastien Guéraud préfère insister sur la réinfiltration de l’eau. Quelle que soit la solution, il n’y en n’a pas qu’une seule, estime Jérôme Martin, secrétaire général de la FDSEA, pour les élus syndicaux, le cadre réglementaire doit évoluer pour faciliter les expérimentations. « Si on avait déjà 5 % de pertes en moins sur les réseaux d’eau, on irriguerait tout le monde donc c’est aussi un problème collectif », insiste par ailleurs Romain Daubié. 

Prédation et faune sauvage 

Avec la sortie du PNA loup, un nombre important d’animaux d’élevage tué cette saison et un arrêté préfectoral de tir de défense attaqué par des associations écologistes, la prédation du loup était aussi sur le banc des préoccupations syndicales ce mardi. Pour Damien Abad, dont la circonscription est particulièrement concernée, il est indispensable de mettre en place « un cadre politique suffisamment clair afin de ne pas avoir de décision de justice défavorable. » Favorable au PNA et aux tirs de défense, le candidat a salué le courage de l’État à l’échelon local. Ni pour ni contre, Sébastien Guéraud dont l’alliance politique n’est pas toujours unanime à ce sujet, le concède, « je n’ai pas de solution miracle ». L’élu de la Ville préfecture a en revanche mentionné la problématique des perruches à Bourg-en-Bresse – « il y a déjà plusieurs centaines de couples » – et du corbeau freux. Romain Daubié, le cas des cormorans, et l’éventualité d’instaurer « un droit de présomption de prédation du loup ». 

Demain, les élus syndicaux rencontreront le Rassemblement national ainsi qu’Olga Givernet et Christophe Coquelet pour la majorité présidentielle. 

Margaux Balfin 

FOCUS/ La liste des candidats par circonscription

1ère circonscription

Xavier Breton (Les Républicains) ;

Sébastien Guéraud (PS – Nouveau front populaire) ;

Vincent Guillermin (Renaissance, majorité présidentielle) ;

Éric Lahy (Lutte ouvrière) ;

Christophe Maître (Rassemblement national) ;

Michael Mendes (Debout la France) ;

Cyril Vincent (sans étiquette). 

2ème circonscription

Romain Daubié (apparenté MoDem, majorité présidentielle) ;

Olivier Eyraud (Union des droites) ;

Vincent Goutagny (Lutte ouvrière) ;

Andréa Kotarac (Rassemblement national) ;

Maxime Meyer (EELV – Nouveau front populaire) ;

Alexandre Nanchi (Les Républicains).

3ème circonscription

Karine Dubarry (Rassemblement national)

Olga Givernet (Renaissance, majorité présidentielle) ;

Christian Jolie (LFI – Nouveau front populaire) :

Fulgence Kouassi (Divers) :

Cécile Maisonnette (Lutte ouvrière) ;

Sofia Tonizzo (sans étiquette) ;

Khadija Unal (Nouvelle énergie) ;

Annick Veillerot (Debout le France). 

4ème circonscription

Guy Billoudet (Les Républicains)

Yannick Bresson (sans étiquette) ;

Jérôme Buisson (Rassemblement national) ;

Christophe Coquelet (Horizons, majorité présidentielle) ;

Sylvain Cousson (Lutte ouvrière) ;

Charline Liotier (Nouveau front populaire) ;

Jérémy Nicaud (Divers). 

5ème circonscription

Damien Abad (Divers droite, sans étiquette) ;

Fabrice Bourdin (Les Républicains) ;

Thomas Chatelard (Équinoxe) ;

Marc Chavent (Divers droite, union des droites Rassemblement national) ;

Maria Cristina Patru (Reconquête) ;

Sylvie Crozet (Lutte ouvrière) ;

Nathalie Descours (Renaissance, majorité présidentielle) ;

Florence Pisani (LFI – Nouveau front populaire).