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Ambroisie trifide : « C’est aux agriculteurs de la gérer et de l’arracher »
Les 16 et 17 juillet, une délégation de la Fredon Aura* a prospecté durant deux jours entiers dans le secteur de Peyzieux-sur-Saône.
Comme sa cousine ambroisie à feuilles d’armoise, la trifide est originaire d’Amérique du Nord. Elle est arrivée en France il y a quelques années et se plante comme l’une des particularités du département. L’Ain, le Vaucluse et l’Occitanie sont en effet les seuls territoires métropolitains concernés par sa présence. Friande des zones humides, elle s’acclimate aussi facilement et s’épanouit dans les cultures de printemps, en particulier le soja, le tournesol et le colza. Pouvant atteindre plusieurs mètres de haut et à la croissance rapide, elle devient vite une essence concurrentielle pour les autres cultures. Son pollen provoque par ailleurs de sérieuses allergies pour les personnes sensibles.
Un plan d’éradication départemental
C’est pourquoi l’ambroisie trifide fait l’objet d’un plan d’éradication départemental, financé par la Draaf, l’ARS, et le Département, à hauteur de 30 000 € par an. Si elle est encore peu présente dans l’Ain, exclusivement dans les secteurs de Peyzieux-sur-Saône et de Saint-Julien-sur-Reyssouze, plusieurs foyers ont été découvert l’année dernière grâce aux prospections des agents de la Fredon Aura *. Une dizaine d’agriculteurs en sont infestés. « Nous venons pour faire le tour des parcelles, nous suivons le stade d’évolution et oui il nous arrive de l’arracher lorsque nous en voyons, mais ce n’est pas à nous de le faire. C’est bien aux agriculteurs de gérer et d’arracher la trifide », insiste Nicolas Tissot. Responsable technique à la Fredon, il consacre au moins 60 jours par an à la lutte contre la trifide.
Les bons gestes à avoir
Les 16 et 17 juillet derniers, plusieurs membres de la Fredon Aura, venus de Saint-Priest et d’Isère pour lui prêter main forte mais aussi pour en apprendre davantage sur la trifide, ont parcouru les parcelles identifiées comme infestées. Présents pour accompagner les agriculteurs, les techniciens Fredon rappellent quelques bons gestes à adopter : nettoyer ses matériels entre chaque parcelle, arrachage systématique des plans avant grenaison (le mieux étant de casser la tige pour éviter qu’elle ne reparte) et fauche ou moisson des parcelles, signaler la présence de trifide à la Fredon afin qu’elle puisse identifier les zones concernées. « Aujourd’hui les trifides qui poussent ce sont des graines qui sont dans le sol depuis des années. Nous vérifions chaque année que le pieds sont bien arrachés sur les zones que nous avons identifiées donc ils n’ont pas le temps de monter en graines. On estime qu’une graine peut rester en dormance une vingtaine d’années dans le sol. Notre objectif c’est déjà que la trifide ne se reproduise pas. L’Occitanie en a eu avant nous et maintenant ils en ont partout donc nous savons ce qui arrivera si nous ne faisons rien », ajoute Nicolas Tissot. Il y a donc fort à parier que des pieds de trifide soient encore visibles dans les prochaines années, malgré la campagne d’arrache. Toutefois Nicolas Tissot espère que l’Ain redevienne un jour indemne. « Nos subventions n’ont pas vocation à se poursuivre éternellement », poursuit-il. Aussi, Nicolas Tissot espère que la lutte sera un jour prise en charge par les agriculteurs eux-mêmes, dans le cadre par exemple MAEC (Mesures agro-environnementales et climatiques) ou de PSIC (Programmes sanitaires d’intérêts collectifs).
*Antenne régionale du premier réseau français de gestion des problématiques végétales. Dans l’Ain, la Fredon s’occupe également de la jussie, des séneçons ou encore de problématiques liées aux espèces animales dites nuisibles.
Margaux Balfin