ENVIRONNEMENT
Vingt-cinq goyas de plus dans Bugey Sud

Sur le bassin versant amont et médian du Séran, dans le Valromey, sur le massif du Grand Colombier et à Retord, ces réservoirs d’alimenteront des abreuvoirs pour le bétail.
Vingt-cinq goyas de plus dans Bugey Sud

Le terrain est karstique et il y a donc très peu d'eau de surface. Les paysans ont créé des goyas dans les combes dès le 14ème siècle. Jusque dans les années 1950, chacun avait cinq ou six vaches qui piétinaient la mare jusqu'à la rendre imperméable avec l'ajout de matières végétales. Il y avait alors encore plus de 300 goyas sur le Retord-Colombier. Aujourd'hui ils ne sont plus qu'une centaine, dont certains susceptibles de disparaître à court terme. Ces réservoirs de biodiversité abritent des espèces qui ont disparu ailleurs, comme le triton crêté ou de nombreuses rares libellules. Les goyas constituent par conséquent un patrimoine historique, naturel, agricole et paysager.

La demande est forte

La communauté de communes Bugey Sud a mis en place un plan d'action dans le cadre du contrat de rivière 2014-2018 du bassin versant du Séran. Il consiste à enrayer le phénomène de disparition des goyas en les protégeant, en restaurant ceux qui sont en mauvais état et en créant de nouvelles mares. Les travaux ont débuté en 2016 pour s'intensifier en 2018, à la fin de l'année, environ 25 goyas auront été créés ou restaurés, soit le quart du parc. 100 000 Euros HT ont été investis, financés par la Région (40%), le Département (40%) et Bugey Sud (20%). Selon Xavier Vincent, vice-président de la communauté de communes en charge de l'environnement, Bugey Sud est partante pour poursuivre cette action en 2019, en espérant obtenir des aides de la Région et de l'Agence de l'Eau. Les éleveurs ou propriétaires, ont l'obligation de clôturer ces goyas pour qu'ils ne soient pas détériorés par le bétail ou le gibier. Pour Vincent Molinier, chargé de mission « Eau et Milieux Aquatiques » dans le cadre du contrat de rivière, la demande est forte de la part des éleveurs.

 

Bâches en caoutchouc

Après curage et désembroussaillement des berges, des goyas anciens ont été clôturés et des abreuvoirs installés. Le plan d'actions « goyas » vise aussi à poursuivre la densification du réseau de goyas sur la commune du Haut-Valromey, en doublant leur nombre pour atteindre une quarantaine de goyas de 9 km2. Vincent Molinier a étudié la possibilité de les imperméabiliser avec de l'argile, mais l'étanchéité n'est pas optimale et le transport de cette matière depuis la Dombes s'avère trop onéreux. Les nouveaux goyas sont donc bâchés avec un caoutchouc synthétique épais, lourd et garanti 25 ans. Dessous, une double couche de feutre géotextile permet d'éviter que le socle rocheux perce la bâche. La végétation s'installe très rapidement, tout comme la faune aquatique, au bout d'un an on ne voit plus la bâche noire et que le plan d'eau prend un aspect naturel.

Le prix de l'eau

Pour Nicolas Gudin, du GAEC des Fayards, la création de quatre nouveaux goyas sur les terrains pâturés par ses charolaises permettra de tenir jusqu'à la fin de l'automne, même lors d'années de sécheresses comme 2017 et 2018 . Il ajoute que « c'est illogique de transporter de l'eau depuis le réseau d'eau potable, alors qu'on peut utiliser l'eau de pluie et de fonte des neiges ». L'idéal est d'alimenter les goyas par l'eau des toitures, sinon ce sont des sources temporaires, des rigoles de chemins ou les précipitations. Nicolas Gudin s'inquiète par ailleurs de l'augmentation programmée du prix de l'eau : « aujourd'hui, nous payons 1€ le mètre cube. Si elle monte à 3€, les éleveurs ne pourront pas tenir financièrement ».

U.R.