FILIERE OVINE
Promouvoir le Gigotin via Agrilocal

De retour du conseil National Fédération nationale ovine (FNO), mardi 11 décembre, entretien avec Rémy Allard, éleveur de moutons à Torcieu et administrateur du Syndicat des éleveurs de moutons de l’Ain.
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Pourquoi le conseil national de la Fédération Nationale Ovine est un rendez-vous important pour les administrateurs du Syndicat ?

On y va tous les ans, ça nous permet de se tenir au courant de l'actualité nationale sur divers dossiers et de suivre ce qui se passe ailleurs en France car chacun peut s'exprimer durant cette journée où tous les départements sont invités. Les principaux sujets sont les évolutions de la PAC, la prédation ou encore le prix de l'agneau même si la conjoncture n'a malheureusement pas été abordée aujourd'hui.

Concernant la PAC, y a-t-il des changements sur l'aide ovine en 2019 ?

Non aucun en 2019, l'aide ovine et ses modalités seront identiques à l'année en cours (NDLR : détenir plus de 50 brebis et avoir un ratio de productivité supérieur à 0,5 agneaux vendus par brebis présente). On a par contre une inquiétude à partir de 2020 car une baisse des enveloppes est annoncée.

Quelles sont les évolutions souhaitables pour cette aide du premier pilier de la PAC ?

Dans un pays où le taux d'auto approvisionnement en viande ovine est de seulement 50%, on donne beaucoup de moyens sur les questions d'entretiens du paysage alors qu'on devrait nous aider à produire des agneaux avec une aide ovine forte, même si la plus-value paysagère apportée par l'élevage ovin dans notre département et notre pays est très importante. Aujourd'hui quand on fait un diagnostic d'exploitation, le premier poste qu'on regarde c'est les primes, si tu produis 30 agneaux de moins ça ne va pas influer beaucoup sur le résultat et c'est regrettable.

A propos de la prédation, il y a du nouveau au niveau national et départemental ?

Au 23 novembre 2018 on compte 11 607 victimes pour 3385 attaques de loups. Deux ours ont été lâchés dans les Pyrénées ce que les éleveurs on fortement dénoncé aujourd'hui car les attaques se multiplient, avec au total une cinquantaine de plantigrades recensés dans le massif des Pyrénées côté français.
Le nouveau plan loup a permis de prélever 51 spécimens cette année mais les effectifs de loups sont quand même en augmentation, il y en aurait presque 500 en cette fin d'année contre 360 au recensement de 2017. Le préfet coordonateur du plan a tout de même permis la défense des troupeaux via l'autorisation de tirs de défenses simples supplémentaires sur les zones prédatées puisque le plafond de prélèvement a été atteint. En tout cas, ce qu'il faut retenir c'est que les attaques augmentent malgré les mesures du plan loup qui sont inefficaces.
Dans l'Ain c'est important nous n'avons pas encore de loup et cette année la prédation du lynx a été plutôt calme avec moins de cinquante brebis tuées contre 158 en 2015 soit 1 % du cheptel départemental.

Quelles sont les perspectives d'avenir pour la filière et comment se porte le marché de l'agneau ?

On est dans le creux de la vague. Actuellement, il y a beaucoup d'agneaux pour la saison suite à la sécheresse de cet été et la consommation d'agneaux diminue d'année en année. Les perspectives pour le début d'année 2019 sont moyennes car les agneaux d'imports sont très bon marché et les exports d'agneaux de race Lacaune de l'Aveyron ont été compromis par la FCO... Ces agneaux vont donc se retrouver sur le marché Français à une période où il s'en consomme peu.
Face à cette baisse de la consommation, des travaux sont engagés au niveau national comme on nous l'a montré aujourd'hui par de nouvelles façons de travailler l'agneau en boucherie et des études sur le haché d'agneau, mais les industrielles peinent à se lancer.
Au niveau local avec la Coopérative des Bergers Réunis de l'Ain et notre agneau de l'Ain « Gigotin », nous allons essayer de travailler avec les collèges via la plateforme Agrilocal pour proposer de l'agneau de qualité aux jeunes dans les cantines. On sait que 80 % des consommateurs d'agneaux ont plus de 50 ans, donc il devient urgent de faire connaitre cette viande aux consommateurs de demain.

Propos recueillis par Nicolas Girard