Pisciculture
Détection du cormoran : l'expérimentation entre dans sa phase 3

Objectif : pouvoir détecter automatiquement les cormorans sur les étangs.
Détection du cormoran : l'expérimentation entre dans sa phase 3

Débutés fin 2018, les essais de détection visuelle et acoustique du cormoran entrent dans leur troisième phase. Une expérimentation menée par des chercheurs du Gipsa Lab de Grenoble pour le compte du syndicat des étangs de la Dombes.

Le syndicat des étangs de la Dombes a fait appel à des pointures en matière de recherche pour trouver un système de détection du cormoran à la hauteur des enjeux liés à la préservation de la biodiversité et de l'activité économique piscicole. C'est à Cormoz, sur le site de Pascal Dannancier, que se sont retrouvés début décembre trois techniciens du Gipsa Lab de Grenoble et le président du syndicat, Stéphane Mérieux, pour l'installation du matériel d'expérimentation. « Nous avons choisi la station de Cormoz comme centre d'expérimentation car c'est un site équipé en électricité et relativement bien protégé », précise ce dernier. L'un des plus importants site de France en production d'alevins, qui totalise 49 bassins en eau, où sont élevés brochets, ides mélanotes, black bass, sandres, gardons, carpes, silures, carpes koï et carpes Amour Blanc.

 

Redonner confiance aux producteurs

 

« La présence du cormoran sur les étangs est très importante les trois quarts de l'année, d'où cette démarche, accompagnée par le syndicat et le Département, pour trouver un système efficace de détection. On espère trouver des solutions pour redonner confiance aux producteurs », explique Stéphane Mérieux. Coût de cette action de recherche (la première du genre en France) : 80 000 €, soutenue financièrement à 50 % par le Département (sur les expériences déjà réalisées), 20 % par le Gipsa Lab, et le reste par le syndicat des étangs qui est toujours à la recherche de financements pour la suite de l'action. Après des premiers essais ponctuels (tests de faisabilité avec des installations beaucoup légères) réalisés fin 2018 et début 2019, la phase 3 est aujourd'hui enclenchée.

 

Caméra et hydrophones pour une détection optimale

 

Le matériel d'expérimentation se compose d'enregistreurs acoustiques avec une station d'enregistrement autonome qui permettront des acquisitions de données durant trois mois. Même chose pour la vidéo. « L'objectif est d'avoir une base de données pour faire de la domotique et pouvoir ainsi intervenir à distance. Ce site est vraiment adapté car il bénéficie d'un bon éclairage, donnant une belle qualité d'images, qui permet d'observer le vol et l'atterrissage du cormoran. Autre objectif : observer le plongeon du cormoran, voir à quelle distance on peut le détecter et le caractériser par rapport à l'environnement », explique Gabriel Vasile, chargé de recherche CNRS, Gipsa Lab. Selon l'expert, les premiers essais réalisés étaient déjà très encourageants, présentant : « une bonne capacité de détection vidéo du cormoran ainsi qu'en acoustique. On est arrivé à une portée de 15 à 20 mètres. On utilise le principe de machine learning, avec une base de données, une base d'entraînement. C'est un système très prometteur, le même que celui utilisé pour la détection des visages mais avec des contraintes plus légères. On est confiant pour que ça marche ! ».

Une technique qui présente l'avantage de ne pas perturber le milieu environnement puisqu'aucun son ni aucune onde ne sont émis. Uniquement la récolte de données.

 

Autorisations de tir reconduites par arrêté préfectoral

 

Si l'opération n'en est encore qu'au stade expérimental, l'objectif à terme est bien de proposer des solutions concrètes aux pisciculteurs. Un système qui n'est pas exempt de contraintes : consommation électrique, transportabilité, transmission du signal, robustesse mécanique (résistance au froid, à la neige, ou à la canicule). « L'idée est que l'on puisse trouver une système qui fonctionne avec des panneaux solaires. L'ambition est de proposer les premiers prototypes en 2020-2021. L'objectif étant pour le moment uniquement de détecter les cormorans et non de les effaroucher. Effaroucher, cela fonctionne, mais uniquement ponctuellement, car le cormoran s'habitue... Une fois mis au point, le but est de pouvoir divulguer ce système de comptage ailleurs, voir dans d'autres pays, et de le vulgariser à d'autres espèces d'oiseaux », ajoute Stéphane Mérieux.

Pour l'heure, les autorisations de tirs du cormoran ont été renouvelées par arrêté préfectoral début décembre, fixant à 4 000 le nombre de grands cormorans pouvant être détruits sur les piscicultures extensives en étangs du département de l'Ain.