JEUNES AGRICULTEURS
“ L’installation de jeunes est dynamique, malgré un climat de défiance ”

Sébastien Mazallon, vice-président des JA Aura en charge de l’installation est inquiet des mauvais signaux qui s’accumulent, entre les promesses présidentielles qui ne se transforment pas en acte, la réglementation toujours plus tatillonne et la dure négociation de la Pac qui s’ouvre. Un ensemble qui n’aide pas à installer des jeunes.
“ L’installation de jeunes est dynamique, malgré un climat de défiance ”

Quelques semaines après l'assemblée générale de JA Aura, dans quel état d'esprit êtes-vous ?

Sébastien Mazallon : « A l'heure actuel, plusieurs sujets sur la table m'inquiètent, tel le mauvais signal lancé par la Commission européenne dans son projet de budget de réforme de la Pac avec une proposition de baisse de budget de 5 % ou le projet de loi suite aux États généraux de l'alimentation qui n'avance pas ou encore la réglementation qui nous contraint toujours autant. Il y a un véritable manque de réponses sur les États généraux de l'alimentation et on sent que les résultats concrets risquent d'être très faibles. Quand on voit que les aides de la Pac risque de baisser, on se dit que la rémunération des producteurs ne passera que par la hausse des prix à la production et donc par les avancées liées aux EGA. Le texte de loi actuel n'est pas à la hauteur, la prise en compte des prix à la production n'est pas suffisamment claire et incontournable pour la GMS. C'est à ce demander si le président n'est pas en train de s'asseoir sur ce qu'il nous avait dit, face à la pression de la distribution qui ne veut pas de règle stricte sur la répartition de la valeur ajoutée. C'est pourquoi nous allons continuer notre travail de fourmi pour rencontrer et expliquer aux parlementaires de la région l'importance de leur décision sur ce texte en discussion à l'Assemblée nationale. »

Quelles sont les tendances de l'installation sur le début de l'année 2018 et pensez-vous que le contexte soit favorable ?

SM : « Le contexte est troublé par les messages négatifs supposé omniprésents dans les médias autour de nos métiers. Dernièrement, j'ai entendu parler de l'impact négatif supposé qu'aurait l'agriculture industrielle sur les insectes et les oiseaux. Tout est fait pour pointer du doigt l’agriculture, alors qu’il faudrait mieux se battre pour installer des jeunes agriculteurs sur des fermes à taille humaine ce qui éviterait ces dérives. En Auvergne-Rhône-Alpes, on observe des signes positifs sur le début 2018 avec des installations dynamiques. La nouvelle DJA a un effet positif car les jeunes installés en 2017 ont perçu 5 000 à 15 000 euros de plus qu’avant. Mais il ne faut pas dégoûter ces jeunes agriculteurs et tous les candidats à l’installation avec des caricatures et des anathèmes. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’agriculture est très diverse, à taille humaine et pratique beaucoup la vente directe. Les pratiques agricoles ont beaucoup évolué pour réduire l’incidence sur l’environnement, nos pratiques sont de plus en plus vertueuses et malgré tout, nous sommes vilipendés et touchés au cœur par ces messages médiatiques sans nuance. »

Et vous craigniez que cela ne décou- rage des potentiels installés ?

SM : « Exactement. Autre exemple, le président de la République avait promis de réduire la réglementation. Sur le terrain, nous avons le sentiment qu’il se passe exactement l’inverse. Par exemple, un jeune qui a touché la DJA et qui veut développer sa structure plus rapidement que ce qu’il avait indiqué dans son projet d’installation doit faire un avenant avec la DDT, ce qui peut avoir un coût, afin d’investir ou de développer son entreprise. C’est un frein au développement, et cela nous donne le sentiment qu’il faut toujours montrer patte blanche. Tout cela mis bout à bout ne rassure pas les jeunes candidats à l’installation et génère une exaspération chez les agriculteurs. » 

Propos recueillis par Camille Peyrache