DÉSTOCKAGE
La FDSEA et Ensivalor organisent des collectes de pneus d'ensilage

Margaux Balfin
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Depuis septembre et jusqu’à la fin de l’année, la FDSEA et l’association Ensivalor organisent plusieurs collectes de pneus d’ensilage dans tout le département. Pas moins de 1 000 tonnes seront ainsi recyclées dans l’industrie cimentière de la région. 

La FDSEA et Ensivalor organisent des collectes de pneus d'ensilage
La FDSEA et Ensivalor ont déjà organisé plusieurs collectes de pneus d’ensilage dans le département. Les deux structures ont estimé à 1 000 tonnes le poids total de pneus collectés pour l’année 2023. Photo/MB

« Cela fait deux ans que nous y travaillons dans le département. Nous avons tout d’abord cherché à savoir si des agriculteurs pouvaient être intéressés par la collecte de pneus, puis nous nous sommes rapprochés d’une entreprise privée avant de nous tourner vers Ensivalor lorsque l’association a lancé ses collectes », se souvient Philippe Mellet, élu en charge des collectes de pneus à la FDSEA de l’Ain. Jusqu’ici les collectes de pneus d’ensilage organisées par le syndicat et Ensivalor ont eu un franc succès auprès des adhérents de la FDSEA. Certains avaient accumulé des quantités de pneus, à ne plus savoir qu’en faire. En effet, avant 2019 et la création d’Ensivalor, il n’existait aucune solution de collecte et de recyclage de pneus d’ensilage en France. Les agriculteurs n’avaient alors qu’une solution pour se débarrasser de leurs stocks : se tourner vers des entreprises privées dont le coût de la prestation était souvent le double de celui proposé par Ensivalor et la FDSEA. Les première collectes dans le département ont eu lieu en septembre. D’autres auront lieu en novembre et en décembre.
 
Une logistique bien rodée 
 
Le matin les équipes du syndicat, aidées de la section des anciens exploitants agricoles, accueillent les agriculteurs sur des sites mis à disposition par Oxyane et Capdis selon les communes. Les pneus sont ensuite pesés et répartis en plusieurs tas, selon qu’ils sont de véhicules légers, de poids lourds ou agraires. Selon les disponibilités, des télescopiques et des chauffeurs sont également mis à disposition par Oxyane, la SCEA des Combes, le lycée de Cibeins et le Gaec des Trèves pour le chargement des pneus dans les camions. D’ici à la fin de l’année, la FDSEA et Ensivalor ont prévu de collecter 1 000 tonnes de pneus sur le département.
 
Que deviennent ensuite les pneus d’ensilage ? 
 
Une fois collectés, les pneus sont acheminés par des transporteurs agrémentés sur des sites de transformation, à Joze dans le Puy-de-Dôme et Saint-Pierre-de-Chandieu dans le Rhône. Christophe Dubois, coordinateur de chantiers chez Ensivalor, s’occupe de la partie logistique et de mettre en relation les collecteurs, transporteurs et transformateurs. « Les pneus sont ensuite pesés, on vérifie qu’ils ont été bien classifiés selon qu’ils sont de poids lourds, de VL ou agraires puis ils sont broyés au format small, un calibre standard pour les valorisateurs », explique-t-il. Trop vieux et trop exposés à l’ozone et aux intempéries, les pneus d’ensilage ne peuvent être rechapés ou utilisés comme revêtement de sol. Ceux collectés par Ensivalor sont exclusivement valorisés comme combustible alternatif par l’industrie cimentière en Isère et dans le Rhône. « Le pneumatique est un combustible de substitution qui évite d’utiliser des matières fossiles telles que le coke de pétrole, le gaz ou l’électricité. Pour ce qui est du bilan carbone cela représente un réel intérêt », poursuit Christophe Dubois.
 
Du changement prévu pour 2024 
 
Pour l’instant la FDSEA et Ensivalor ne savent pas si d’autres collectes auront lieu l’année prochaine. Qui plus est, la réglementation évolue à l’échelle nationale. L’arrêté du 27 juin 2023 précise le décret du 2 mars dernier qui intègre les pneus de silos agricoles à la nouvelle filière de récupération des pneumatiques usagés au niveau national à partir du 1er janvier 2024. Cet arrêté prévoit que les collectes soient assurées par des éco-organismes. Concrètement qu’est-ce que cela va changer pour les agriculteurs ? Tout d’abord, les frais de collecte seront pris en charge à 100 % par l’éco-organisme, tandis qu’ils n’étaient pris qu’à 60 % à charge par Ensivalor. D’autre part, les quantités annuelles collectées sur l’ensemble du territoire seront bien plus importantes : 30 000 tonnes en 2024, contre 15 000 par ans jusqu’ici, puis dix de plus chaque année pour atteindre 70 000 tonnes en 2028. Toutefois, même si les collectes de pneus d’ensilage devraient être sans frais pour les agriculteurs à partir de l’année prochaine, Loïc Biajoux ne regrette pas d’avoir déposé ses pneus auprès de la FDSEA et d’Ensivalor : « Nous avions certains pneus depuis trente ans. Certains se désagrégeaient et les animaux pouvaient se blesser. Sans compter la prolifération du moustique tigre. Je ne regrette pas du tout, au moins c’est fait et on ne sait pas vraiment ce qu’il en sera l’année prochaine. »