SECHERESSE
Des maisons fissurées par centaines

Outre ses conséquences sur l’agriculture, la sécheresse de 2018 a aussi endommagé des maisons par centaines. 724 déclarations de sinistre sont déjà remontées en préfecture. Bresse, Dombes, val de Saône et Revermont ont été particulièrement touchés. Si vous êtes dans ce cas, il est très important de déclarer les dégâts. Reportage.
Des maisons fissurées par centaines

« Qu'on risque ou qu'on risque pas, nous resterons chez nous », soupire Brigitte Martinez qui n'en peut plus de voir sa maison se fissurer de part en part chaque jour. « Nous n'avons pas les moyens d'habiter ailleurs. Au 1er août, mon mari, Marco, cessera son activité, ce n'est pas avec sa petite retraite que nous pourrons faire les réparations. Nous avons travaillé dur pour avoir un chez nous et ne pas payer de loyer. Cette maison, c'est l'investissement d'une vie » ajoute Brigitte dépitée.

L'investissement d'une vie

Marco Martinez, le propriétaire de la maison et Guy Geindreau, adjoint au maire de Perrex devant la maison fissurée.

 

La maison de Marco Martinez date de 1984. Elle a été construite solidement comme il l'explique. « Elle n'a pas été posée sur le terrain, les pelleteuses ont décaissé le sol pour faire les fondations. Elle est bâtie de briques et de moellons ». Avec le temps, quelques infimes fissures dans le crépi se sont dessinées comme des signatures du temps qui passe. Mais depuis la sécheresse de l'été la maison s'est lézardée à l'intérieur comme à l'extérieur. Parfois sur toute la longueur d'un pan de mur telle une cicatrice profonde. Comme une âme en peine, Marco fait le tour de sa maison avec un mètre en bois, pas assez long pour mesurer l'ampleur des dégâts. C'est impressionnant, surtout au niveau du soubassement qui s'est fendu sur plus de 10 mètres. La sécheresse a fait craqueler le terrain sur lequel reposent les fondations.
« ça craque jour et nuit, la dalle bouge, le sol argileux s'est rétracté, il faudrait injecter du béton dans les fentes pour y stopper » glisse Marco qui n'a de cesse de réfléchir à des solutions techniques pour sauver ses murs. Même le portail en bois de la terrasse a été malmené et a du mal à se refermer.

Aucun remboursement de l'assurance

Les propriétaires ont bien eu le réflexe de contacter leur assurance, mais aucun remboursement ne peut être envisagé, à moins qu'un état de catastrophe naturelle ne soit reconnu. Alors ils constatent, impuissants, des dégâts dans quasiment toutes les pièces de leur villa. Les murs se fissurent, les portes et les fenêtres ont du mal à se fermer. L'isolation thermique n'est plus performante et les frais de chauffage augmentent. Dans presque toutes les pièces, peintures et crépis se déchirent.
Marco et Brigitte Martinez, comme tant d'autres familles qui ont subi les affres de la sécheresse, ne voudraient pas voir le rêve de leur vie s'écrouler. C'est pourquoi, soutenus par l'adjoint au maire, Guy Geindreau, ils ont déposé un dossier en mairie en vue d'une reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

Yolande Carron

 

Nombre de sinistres déclarés commune par commune

 

AMBERIEU EN BUGEY : 2
AMBRONAY : 17
ATTIGNAT : 4
BAGE DOMMARTIN : 11
BAGE LE CHATEL : 1
BEAUPONT : 6
BEAUREGARD : 3
BIZIAT : 14
BOYEUX ST JEROME : 5
BRION : 1
BUELLAS : 16
CEYZERIAT : 30
CHATILLON-EN-MICHAILLE : 1
CHAVORNAY : 1
CHEVILLARD : 1
COLIGNY : 25
CONFRANCON : 16
CORVEISSIAT : 1
COURMANGOUX : 19
CRAS SUR REYSSOUZE : 1
CURCIAT DONGALON : 4
DONSURE : 5
FEILLENS : 1
FOISSIAT : 12
GRIEGES : 27
JASSANS RIOTTIER : 7
JASSERON inconnu
JAYAT : 9
JOURNANS : 1
LAIZ : 25
MARBOZ : 13
MARLIEUX : 1
MARSONNAS : 4
MASSIEUX : 3
MEILLONNAS : 6
MESSIMY SUR SAONE : 30
MEZERIAT : 22
MONTREVEL EN BRESSE : 10
PERONNAS : 1
PERREX : 32
POLLIAT : 38
PONT DE VEYLE : 2
REPLONGES : 135
REVONNAS : 5
ST CYR SUR MENTHON : 18
ST DENIS LES BOURG : 9
ST DIDIER SUR CHALARONNE : 1
ST ETIENNE DU BOIS : 8
ST ETIENNE SUR CHALARONNE : 2
ST GENIS SUR MENTHON : 28
ST JEAN LE VIEUX : 1
ST JEAN SUR VEYLE : 31
SEGNY : 4
VAL REVERMONT : 24
VILLEREVERSURE : 23
VIRIAT : 1
VONNAS :6

 
Source : préfecture de l'Ain.

 

 

Chez le voisin

Située 5 maisons plus loin dans le lotissement, la villa de Humberto Romagnolo s’est aussi fissurée. « Ma maison elle a 30 ans, le crépi est refait depuis 4 ans. Il y a 2 mois nous avons entendu un craquement et une grande fente dans un angle est apparue ». Humberto a perdu espoir d’être un jour dédommagé par une quelconque assurance. Il a déjà commencé « à cacher la misère » sur la face sud de son garage en recouvrant de lambris les murs lézardés. « Pour tout réparer le billet de 30 à 40 milles euros il ne suffira pas, les assurances, elles vont prendre peur lorsqu’on va montrer la facture ». Malgré tout il va constituer un dossier.

32 dossiers rien qu’à Perrex

Guy Geindreau, maire adjoint de Perrex.

Guy Geindreau, maire adjoint est aussi une victime. La terre s’est retirée autour de sa maison faisant des fissures dans les murs. Tout en constatant les dégâts de la maison de Marco Martinez, il précisait que 32 dossiers avaient été répertoriés sur sa commune et sont en attente de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. « Nous les avons présentés à la préfecture au mois de décembre, et ce n’est pas clos. J’encourage vivement les personnes qui ont constaté des dégâts chez eux à venir monter leur dossier en mairie. Par contre il faudra se montrer patient car la réponse n’est pas espérée avant juillet 2019 ». En 2003 Perrex avait déjà été touchée par la sécheresse. Au total, 11 communes du canton de Vonnas sont concernées, représentant plus de 200 dossiers déposés.

Que faire en cas de sinistre

La procédure de dépôt des dossiers de demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle est en principe ouverte dès survenance de l’événement et jusqu’à 18 mois après la date de fin de l’observation de l’événement. Les demandes ne pourront êtres instruites qu’après établissement du rapport de Météo France. Il interviendra au niveau national à la fin du 1er trimestre 2019. En fonction des résultats, s’en suivront des demandes d’expertise complémentaire puis un passage devant la commission nationale qui reconnaîtra ou non l’état de catastrophe naturelle pour chaque commune ayant déposé un dossier.