VITICULTURE
Flavescence dorée : la lutte s’organise

Dans le Bugey, 83 ha de vignes sont sous haute surveillance pour cause de flavescence dorée. Les premiers traitements du plan de lutte obligatoire seront effectués début juin et le syndicat des vins assure un suivi rigoureux des parcelles touchées. Explications en détails.
Flavescence dorée : la lutte s’organise

Peu connue dans l'Ain, la flavescence dorée est pourtant une maladie grave de la vigne pouvant entraîner des pertes de rendement importantes si elle n'est pas jugulée à temps. A l'origine de la contamination, un phytoplasme (bactérie sans paroi cellulaire) transmis de cep en cep par un insecte vecteur : la cicadelle (Scaphoideus titanus). Si la Savoie est particulièrement touchée, les vignobles du Bugey doivent désormais eux-aussi mettre en place une surveillance rigoureuse de la propagation de la maladie, et suivre à la lettre le plan de lutte obligatoire orchestré par le SRAL (Service régional de l'alimentation). Explications de Julien Hubail, technicien du syndicat des vins du Bugey : « Un foyer de flavescence a été découvert l'année dernière après les vendanges sur le secteur de Boyeux-Saint-Jérôme, sur cinq parcelles différentes mais sur le même lieu-dit. A l'origine, c'est forcément un cep qui a été acheté en pépinière et qui était déjà infecté. Ensuite les cicadelles se nourrissent sur le cep en question et transmettent la maladie aux autres ceps. D'où l'intérêt de l'enrayer très vite ».

Lutte obligatoire encadrée, contrôles à l'appui !

« Le SRAL a mis en place un périmètre de lutte obligatoire dans un rayon de un kilomètre à vol d'oiseau à partir de la parcelle contaminée », poursuit Julien Hubail. Un protocole de lutte de rigoureux est à respecter : « trois traitements insecticides obligatoires, avec possibilité toutefois de ne pas faire le troisième si la population de cicadelles est réduite à zéro ». Un plan soumis par le SRAL au préfet de Région, suivi d'un arrêté et consultation publique (actuellement en cours : du 4 au 25 mai) dans l'Ain, l'Isère, la Drôme, l'Ardèche, le Rhône et la Savoie. « Au syndicat des vins, nous assurons les observations de terrain afin de repérer les larves. Personnellement, j'ai trouvé les premières le lundi 11 mai. L'objectif est donc de positionner le premier traitement lorsque le maximum de cicadelles seront apparues, soit début juin ; puis le second traitement trois semaines après », ajoute le technicien. Un traitement assuré par les viticulteurs concernés, contrôles à l'appui des agents du SRAL. Les dates de traitement seront affichées en mairie. Pour l'heure, 38 ha de vigne sont concernés sur les communes de Boyeux-Saint-Jérôme et Jujurieux (34 propriétaires de vignes). Toujours selon Julien Hubail,
« toutes les parcelles contaminées à plus de 20 % ont l'obligation d'être arrachées, d'où l'intérêt de prendre le problème très au sérieux dès le début  ! ». Quant à l'état global du vignoble du Bugey il souligne :
« Nous sommes sur une année très précoce. On a presque trois semaines d'avance sur l'année dernière. Les premières fleurs sont là et la maladie est quasiment absente à part quelques symptômes d'oïdium. Les vendanges pourraient démarrer entre le 15 et le 20 août... ».
A noter qu'en viticulture biologique, la prévention est cruciale, d'autant plus si la parcelle est proche d'une zone où la présence de flavescence a été confirmée. Des traitements insecticides à base de pyrèthre peuvent être alors effectués, conformément au règlement de la CE 889/08 (Source : Institut français de la vigne et du vin).

Patricia Flochon