La SAS France Carbon Agri (SAS-FCA) a officiellement lancé le 14 septembre un troisième appel à projets pour la captation de carbone. La société envisage une rémunération à 32 euros/tonne pour les agriculteurs.
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a bien résumé l’état d’esprit qui anime les observateurs du monde agricole : « Sur la neutralité carbone, nous sommes regardés, attendus, scrutés ». Il faut donc que les agriculteurs transforment « ce défi en opportunité car nous sommes l’une des solutions pour de nombreux secteurs », a-t-elle insisté. Il est vrai que les obligations légales inscrites dans la loi d’urgence climatique constituent un important vivier. L’aviation devra compenser 50 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici la fin 2022, 70 % en 2023 et 100 % en 2024. Ce qui représente environ 1,5 million de tonnes (Mt) de CO2 à capter. « Je me suis entretenue en juillet dernier avec Anne Rigail, PDG d’Air France. Elle va se tourner vers nous », a affirmé Christine Lambert. La réouverture des centrales à charbon en France, pour compenser la fermeture du robinet de gaz russe liée au conflit avec l’Ukraine, est conditionnée à la compensation carbone, libérant ainsi un marché de 4,5 Mt de CO2. « Sur les deux marchés, nous sommes une solution », s’est déjà positionnée la présidente de la FNSEA, partie prenante à SAS-FCA.
Ecobénéfices et valorisation
Une telle opportunité réjouit aussi Samuel Vandaele le nouveau président de cette structure, ancien président de JA. Les deux premiers appels à projet lancés sous la présidence de la « pionnière Marie-Thérèse Bonneau » fonctionnent bien. Les 138 000 tonnes du premier appel à projet émis en 2019 ont toutes été vendues auprès de 312 éleveurs. Les 600 000 tonnes du deuxième appel déclenché en février 2021, qui rassemble 930 éleveurs, sont en cours de réalisation. Quant au troisième, « nous ne nous fixons aucune limite en termes de tonnes captées ou évitées », ont confirmé Samuel Vandaele et Christiane Lambert. Tout juste espèrent-ils vendre la tonne de carbone à 40 euros minimum, soit 32 euros la tonne pour l’agriculteur, car « il faut déduire 5 euros pour les associations régionales et 3 euros pour la SAS-FCA pour l’enregistrement et la labellisation notamment », a précisé Samuel Vandaele. La SAS souhaite aussi certifier et labelliser ses exploitations par blocs de 1 000. « On a 1 000 exploitations et on les fait labelliser ensemble », a expliqué le président de la SAS, fier d’inscrire les exploitations agricoles dans une dynamique de transition. Les organisations agricoles pensent déjà au coup d’après et travaillent déjà sur les écobénéfices qui pourraient venir s’ajouter à la rémunération de la captation carbone. Par exemple, la protection de la biodiversité par la baisse des IFT ou l’implantation de mellifères pourraient être valorisées. À ce titre, la SAS-FCA travaille en étroite collaboration avec la société Epiterre qui produit des services environnementaux.
Christophe Soulard