COOPÉRATIVE BRESSE MÂCONNAIS
Une baisse d’activité compensée par la hausse des prix

Margaux Balfin
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La coopérative Bresse Mâconnais a tenu son assemblée générale le 1er décembre dernier à la salle des fêtes de Pont-de-Vaux. Malgré une légère baisse d’activité, la coopérative maintien son chiffre d’affaires et affiche des rendements globalement moyens en grandes cultures.

Une baisse d’activité compensée par la hausse des prix
Thomas Aubry, directeur, et Christophe Morel, président, le 1er décembre lors de l’assemblée générale de Bresse Mâconnais. Photo/MB

Les premiers mots du président Christophe Morel ont été pour Alexis Berger, ancien vice-président de la coopérative, décédé à l’âge de 32 ans en août dernier. Agriculteur à Curciat-Dongalon, il était également investi pour sa commune et siégeait au conseil municipal. Le président a ensuite ouvert l’assemblée générale. Installée à Pont-de-Vaux, et forte de quelque 800 adhérents, la coopérative emploie 37 salariés pour une dizaine d’administrateurs. Globalement, le dernier exercice s’est soldé par des chiffres d’affaires consolidés, aussi bien sur la coopérative d’approvisionnement (+ 9 %), qui représente 77 % du chiffre d’affaires, que sur la coopérative consommation (+ 3 %). « On note peu de variation par rapport aux autres années avec une trésorerie confortable » sur l’ensemble de Bresse Mâconnais, résume Bernard Pellin, de l’agence comptable AG3C. 
 
Approvisionnement : moins d’engrais et plus de semences vendus
 
Avec une baisse des volumes vendus (17 161 tonnes), mais une explosion de leur prix de vente, en particulier de l’azote, les engrais réalisent à eux seuls 44 % du chiffre d’affaires de la coopérative d’approvisionnement devant les Produits santé végétale (24 %), les semences (15 %), ou encore les aliments (8 %). Face à la hausse des prix, les exploitants ont parfois fait l’impasse sur les engrais binaires riches en phosphore et potasse dont les ventes ont chuté de 62 %. 
Du côté des Produits de santé végétale (PSV), les ventes sont en nette progression (+ 27 % sur le dernier exercice) avec un chiffre d’affaires également en hausse, majoritairement constitué de la vente des herbicides et fongicides. « Il y a beaucoup d’inflation sur ces produits, souligne Thomas Aubry, directeur. Autre phénomène, des produits sont interdits chaque année et ce sont souvent les moins chers, les agriculteurs n’ont alors d’autres choix que de se replier sur des produits plus onéreux. »
La vente des semences progresse aussi (+ 8 %). Malgré une baisse des surfaces de maïs, les semences maïs représentent 40 % des ventes et plus du tiers du chiffre d’affaires réalisé sur la vente de semences. Viennent ensuite les céréales (19 %), les oléoprotéagineux (14 %) avec plus de surfaces semées en colza et tournesol, et les semences maraîchères (13 %). À l’inverse, moins de couverts ont été semés en raison de la sécheresse entraînant un léger recul des ventes de semences fourragères durant le dernier exercice. 
Tout comme la vente d’équipements, le tonnage d’aliments BRS reste globalement stable avec 971 tonnes vendues contre 865 tonnes l’année précédente. Grâce à l’inflation, le chiffre d’affaires est en hausse de 11 % et dépasse les 970 000 € sur ce poste. Et Thomas Aubry d’ajouter : « Nous continuons de développer la culture de lin qui est ensuite extrudé pour enrichir les aliments en Oméga 3. Cette filière, contractualisée avec Capdis, fonctionne bien, nous avons des volumes c’est qu’il y a des besoins en face. »
 
Collecte : des rendements corrects
 
En hausse par rapport à 2022, la collecte d’oléoprotéagineux et de céréales en 2023 a renoué avec des volumes plutôt standards. Quelque 20 000 tonnés ont ainsi été collectées sur les sites de Pont-de-Vaux, Saint-Trivier-de-Courtes et Chevroux. « Pas sûr que l’on refasse un jour les tonnages (historiques) d’il y a quelques années », concède Thomas Aubry. Plus de 29 000 tonnes avaient ainsi été collectées en 2018 et 2019. 
Avec peu de pression insecte et de bons rendements, 2023 était décidément une année à colza, tournesol et soja avec 1 836 tonnes collectées par la coopérative, soit une hausse de 111 %. Rendements et collecte également corrects en maïs (8 601 tonnes collectées contre 6 450 l’année dernière et 12 289 l’année d’avant). « Avec la sécheresse, les cultures étaient plus sèches, ce qui a limité les frais de séchage », note Thomas Aubry. En orge et triticale, les rendements sur le dernier exercice étaient en revanche moyens et irréguliers, malgré un tonnage collecté stable (2 940 tonnes). De même pour le blé, avec une qualité globale moyenne et une légère baisse des tonnages (6 641 tonnes).
 
Une légère baisse d’activité dans les magasins 
 
Côté magasins, autre activité phare de la coopérative, l’année a été marquée par d’importants dégâts dans le Gamm vert de Pont-de-Vaux à la suite d’un orage le 15 juillet. Malgré cet incident, les quatre points de vente de la coopérative de consommation des Bords de Saône, dont trois sont sous la franchise Gamm vert, voient tous leur chiffre d’affaires augmenter : + 2 % pour celui de Pont-de-Vaux ; 1,7 % pour Saint-Trivier-de-Courtes ; + 6 % pour Feillens et + 4,5 % pour Varennes-Saint-Sauveur. 
Au total, l’activité magasin a généré 3,5 M€ de chiffre d’affaires cumulé sur les quatre magasins, soit 23 % de l’activité globale de la coopérative. Avec 43 % d’activité réalisée rien que sur ce rayon, le jardinage représente le cœur de métier de la branche consommation. Christophe Morel nuance toutefois : « On note une légère augmentation du chiffre d’affaires mais elle tout juste liée à l’inflation puisqu’en réalité, il y a une baisse d’activité ». Si les magasins de proximité ont profité de l’effet Covid, ils se heurtent aujourd’hui à la baisse du pouvoir d’achat des ménages et une relative hausse des charges. « Néanmoins, les magasins se maintiennent », assure le directeur, avec un capital social et une trésorerie positifs. Des travaux d’agrandissement devraient même être réalisés au point de vente de Saint-Trivier-de-Courtes pour limiter l’attente en caisse. 
 
Des ventes de fioul stables 
 
Troisième type de prestation proposée par la filiale Bresse Fioul Distribution, la vente de GNR et de fioul domestique consolide le résultat de la coopérative. Quelque 6 454 m3 ont été vendus sur l’exercice 2022-2023, contre 6 438 m3 l’année précédente et 5 096 m3 en 2020-2021. Si les ventes sont relativement stables, les charges ont explosé l’an dernier. « Nous avons eu de gros problèmes d’approvisionnement de fioul en 2022 avec des pannes dans certaines exploitations, explique Christophe Morel. Aussi nous avons effectué plusieurs livraisons pour dépanner 200 ou 300 litres. » Avec des commissions de livraison stables de 4 €/m3 et un prix moyen de vente de 1 069,17 €/m3 (+ 158,58 €/m3 par rapport à 2021-2022), le chiffre d’affaires (6 901 € sur l’exercice) et les marges sont en hausse, mais le contexte annuel particulier justifie d’un résultat d’exploitation négatif. 
Par ailleurs, Bresse Fioul Distribution et Unilis joignent aujourd’hui leurs efforts sur cette activité. Et Christophe Morel de préciser : « Nous avons avancé avec Bresse Fioul. Auparavant, la SARL était dirigée par Thomas Aubry. Depuis Capdis a fusionné avec Bresse Veyle qui avait également une activité vente de fioul et qui a donc intégré Unilis. Bresse Fioul va acheter la partie fioul d’Unilis et la gestion de l’activité sera assurée par Capdis. »
 
Autres prestations 
 
Comme partout ailleurs, Bresse Mâconnais est concernée par la dématérialisation progressive de la facturation à partir de 2024. Elle sera obligatoire au 1er septembre 2027. Pour y faire face, la coopérative a mis en place un extranet accessible à ses adhérents. Il est possible d’y consulter ses factures, accéder à ses contrats, bons d’apports Bresse Fioul et Nutralp* depuis le 30 novembre et des documents d’information sur la coopérative.