SESSION PLENIERE
Dernière réunion de la Chambre d'agriculture avant les mesures de confinement

La chambre d'agriculture de l'Ain a pu tenir de justesse vendredi dernier sa session plénière avant les mesures de confinement annoncées par le gouvernement pour ralentir la progression du coronavirus. Un ordre du jour chargé, avec de nombreux sujets d'actualité débattus. Retour sur les points forts abordés et réactions.
Dernière réunion de la Chambre d'agriculture avant les mesures de confinement

Gestion de l'eau

Alors que la première réunion du comité départemental de l'eau s'était la veille, Eric Viollet, céréalier à Leyment, s'est dit choqué que « le préfet ait émis le souhait de réduire le nombre de participants à ces réunions », avec la peur légitime que la voix de la profession agricole ne soit plus assez représentée. Interrogé sur la question, Gérard Perrin, directeur de la DDT, assénait une réponse sans équivoque : « Ces comités Eau ont vocation à travailler sur le moyen terme, sur des mesures structurelles, sur des questions de fond. La question de l'eau ne concerne pas que l'agriculture, mais aussi l'industrie et d'autres secteurs. Il faudra donc réduire un peu le nombre de participants, tout en trouvant le bon équilibre afin que la profession agricole soit représentée ». Et Gilles Brenon de réagir aussitôt avec virulence :« La variable d'ajustement, ce sont toujours les agriculteurs ! L'an dernier, ce sont eux encore qui ont été mis au pilori. On est en droit quand même de s'inquiéter!» Et Sandie Marthoud de surenchérir :« Pour l'industrie, il est encore indiqué « consommation modérée », sans chiffres précis des volumes ». Ce à quoi répondra du tact au tact Gérard Perrin : « Je vous renvoie tous aux arrêtés de restriction d'eau, qui je le redis ne concernent pas que l'agriculture ; la consommation des industriels est mesurée, comme pour vous ! Sauf que vos besoins portent sur la période où il manque de l'eau, donc c'est plus complexe. Mon point de vue est que le monde agricole est quand même bien représenté. Donc il n'y a pas vraiment de sujet là-dessus ! ». Et Gilles Brenon d'ajouter avec une pointe d'agacement : « Monsieur le directeur, je ne peux pas vous laisser dire cela. Nous, on nous a fermé les vannes ! ». Quant au président de la chambre d'agriculture, Michel Joux, il posera directement la question : « Le sujet de fond est bien : comment gérer l'eau et mais aussi comment la stocker ? La vraie problématique ce n'est pas de savoir si l'on doit faire des réserves, mais où on va les faire et si la réglementation nous le permet». Quant à la question du financement, Gérard Perrin ajoutait que « l'Etat s'est mis en situation d'accompagner tous les porteurs de projets de création de réserves d'eau. Venez nous voir ! ». A un niveau plus local, une étude sera portée par la communauté de communes de la Dombes, avec des crédits, de l'Agence de l'eau entre autres, à la clé.

Filière porcine et mesures de biosécurité, les éleveurs dans le flou

Gilles Brenon, éleveur de porcs, naisseur engraisseur à Saint-Martin du Mont, interpellait sur la mise en place des mesures de biosécurité pour la filière porcs et le flou concernant les futurs contrôles dans les élevages. « Aujourd'hui, on a trois grilles d'appréciation. J'ai un peu peur, lors d'un futur contrôle qu'il n'y ait pas qu'une seule interprétation des règles. Cela peut être très lourd de conséquences pour la mise en marché de nos animaux.
Et va-t-on être accompagné financièrement ? ». Réponse dans la salle : Interporc a saisi la Région et le Département pour obtenir une enveloppe d'aides ; aide forfaitaire de 2 000 € jusqu'à 10 000 € de dépenses, mais pour les plus gros investissements la question reste pour l'heure entière.

Abattage en circuit court : dossier au point mort

Gilles Brenon toujours, a fait part de son mécontentement quant au dossier « abattage » : « L'association des éleveurs abatteurs en circuit court, c'est onze ans de combat. On avait réussi à nous convaincre de ne pas construire notre abattoir en circuit court pour ne pas concurrencer la CAB (Compagnie d'abattage de Bourg) avec laquelle une convention a été signée, à contre cœur. Sauf que huit jours avant la signature, on nous annonçait que l'abattage, de multi espèces, devient mono espèce. La Région devait nous aider... La question est : est-ce qu'on redémarre un projet ? Question aussi des abattoirs mobiles ? ». Alors que Michel Joux annonçait devoir rencontrer prochainement le directeur de la CAB, le directeur de la DPP donnait une précision qui suscitait une « certaine» surprise dans la salle : « Les agréments pour la Chine excluent que différentes espèces soient abattues le même jour. Mais c'est possible si les plannings prévoient des jours différents. Quant aux abattoirs mobiles, il ne faut pas voir en de petits outils locaux la panacée pour répondre à votre question ».

Réforme de la Pac

« La baisse annoncée de 10 à 15 % sur le premier pilier et de 25 % sur le second n'est pas acceptable », a rappelé Michel Joux ; « une proposition de la commission européenne au printemps 2018 annonçait une baisse de 28 % du budget du Feader. Seule certitude, les deux PDR (programme de développement rural), Rhône-Alpes et Auvergne, devront fusionner et une harmonisation des mesures et des modalités d'aides est à construire durant l'année 2020 ». Et Xavier Fromont (confédération paysanne) d'émettre le souhait « que cette réforme de la Pac passe par l'approvisionnement de la restauration collective, avec un approvisionnement local, avec des modes de production capables de garder les captages d'eau potable ». Et d'ajouter : « On pourrait travailler aussi sur l'accessibilité des produits de l'agro écologie au plus grand nombre. Qu'il y ait, à plus long terme, une sécurité sociale alimentaire qui permettrait à tous d'accéder à cette qualité alimentaire ».

Concernant les autres sujets abordés : zones de non traitement, agribashing, foncier, changement climatique, dégâts de gibier, certification Haute valeur environnementale, etc... nous y reviendrons plus largement dans nos prochaines éditions.

Patricia Flochon