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Un parfum de soupe à la grimace au marché

À Bourg-en-Bresse le marché s’étend maintenant au-delà du marché couvert mais ne fait pas l’unanimité des commerçants et des clients.
Un parfum de soupe à la grimace au marché

Mercredi dernier sur le champ de foire on était loin de l'ambiance des marchés de Provence si joliment chantés par Gilbert Bécaud : « J´ai hâte au point du jour de trouver sur mes pas ce monde émerveillé qui rit et qui s´interpelle le matin au marché ». C'était plutôt la soupe à la grimace chez les commerçants et la déception chez les clients car trop d'attente et pas assez de producteurs présents.

Une organisation rigoureuse

Toutes les précautions sanitaires étaient prévues sur le marché. Barrières de contrôle, dispositions pour faire respecter les distances et les gestes barrières entre clients et commerçants, noisette de gel hydroalcoolique pour tout le monde, sens de circulation unique. Le système avait déjà été mis en place fin avril avec quelques commerçants sous le marché couvert, et ce 13 mai le marché revenait sur le champ de foire mais en modèle réduit, comme l'expliquait Vincent Aznar, responsable de la vie commerciale à la municipalité de Bourg-en-Bresse.
« Habituellement c'est la grosse batterie avec 300 commerçants. Les élus ont décidé de monter en puissance, de 5 étals sous le marché couvert c'est passé à 48 exposants uniquement des producteurs ou des commerçants de l'Ain. Un cinquième d'entre eux ne sont pas venus. Mais l'offre est bien équilibrée, voire complète. Fruits, légumes, viandes, poissons, fromages, pains, plans horticoles... ». Des espaces vides entre chaque commerçant. Des barrières pour filtrer les passants. Les dispositifs pour assurer la « distanciation sociale » ont tous été revus scrupuleusement afin que la réouverture du marché ce mercredi matin se passe dans les meilleures conditions possibles. Mais elle ne faisait pas l'unanimité.

 

La grogne chez tous

« C'est compliqué l'accès est trop strict, ce sens de circulation unique où il faut entrer par le marché couvert et sortir sur le champ de foire ne va pas du tout » ronchonne un associé de la Ferme de Collonges devant son étal de viande et charcuterie bien achalandé. « Nous sommes cinq à servir alors que deux suffisaient largement. Il n'y a personne.Regardez la file d'attente à l'extérieur : elle ne bouge pas. Il y a même des gens qui font demi-tour. Nous ne reviendrons pas tant que c'est comme ça. On fait les marchés de Trévoux Mâcon Pont-de- Vaux ça fonctionne différemment plus fluide ».
Gérer l'organisation d'un marché avec les nouvelles mesures liées à la crise n'est pas aisé. « Je sais ce n'est simple pour personne, nous avons des directives à faire respecter » souffle avec le sourire Anne-Carole Perriod la placière depuis 8 ans qui n'en finit pas d'être appelée d'un bout à l'autre du marché.
Nicolas Duby, commerçant de Feillens s'y retrouve mieux avec l'organisation du marché de Louhans « là on ne fait pas de chiffre y'à personne, ça ne va pas ce sens unique ».
La boulangère du stand J.P. Pelletier est furaxe. « J'ai envie de pleurer, je ne serai pas ici la semaine prochaine, on ne fait pas du pain pour le jeter. Les gens ne peuvent pas se promener à travers les stands, ils sont obligés de suivre la file, donc ils achètent au fur et à mesure du sens de circulation, Nous sommes en fin de parcours , la plupart ont fait leurs courses au début. J'ai plus mangé d'argent que vendu de pain. Ça fait deux mois qu'on ne bosse pas et on vient pour ne rien vendre. C'est juste pas possible. Le mardi je suis au marché de Corvessiat et ça fonctionne bien ».
Même état d'esprit pour la fromagerie Comas dernière avant la sortie. « Comme il y avait un fromager sous le marché couvert les gens ont fait leurs courses au début ».
Bernard le primeur, un pilier du marché connu de tous se montre énervé aussi bien qu'il soit peu enclin à causer il lâchera quand même « on se croirait à la guerre avec cette file d'attente ».

Yolande Carron