Attaques de bostryches : l’important est d’agir vite

Les scolytes typographes et chalcographes sont des insectes qui attaquent spécifiquement les épicéas. Ce sont des ravageurs dits secondaires qui ont une préférence pour des arbres affaiblis (sécheresse) ou mutilés (tempête) voire fraîchement abattus. Cependant, dans des circonstances particulières souvent liées aux conditions climatiques, les populations peuvent augmenter subitement et colonisent alors des arbres parfaitement sains à grande échelle.
La difficulté à endiguer ces attaques vient du fait qu'il n'existe pas vraiment de moyen de lutte. Les larves de l'insecte responsables de la mort des arbres prospèrent bien à l'abri sous l'écorce et aucun traitement sanitaire ne peut les atteindre. Le seul moyen dont dispose le forestier est de réagir très rapidement dès que les premiers symptômes sont détectés (rougissement du houppier, coulure de résine sur le tronc). Pour tenter d'enrayer un foyer de scolytes, il faut mettre en œuvre l'exploitation et la vidange rapide des arbres atteints. Ces opérations doivent s'effectuer dans un délai strict ne permettant pas le développement complet des scolytes, soit 6 semaines maximum.
« Cette rapidité d'intervention est possible quand le nombre de foyers est faible et peut suffire à enrayer les attaques. Elle est hélas de plus en plus difficile à mettre en œuvre si le nombre de foyers augmentent. Il arrive effectivement un moment où scieurs et entreprises de travaux forestiers malgré toute leur bonne volonté, arrivent à saturation et il leur devient quasiment impossible de tenir ces courts délais d'exploitation. Quoiqu'il en soit, contrairement à certains insectes invasifs découverts récemment comme la pyrale du buis, les scolytes de l'épicéa sont des insectes parfaitement autochtones qui sont accompagnés d'un cortège de prédateurs. En règle générale, ce cortège se met en place progressivement jusqu'à ce que les populations de scolytes s'effondrent naturellement. Mais en attendant, la perte financière que représentent ces attaques de plus en plus fréquentes incitent les propriétaires à s'orienter vers d'autres essences de remplacement au point qu'on peut imaginer que l'épicéa disparaitra progressivement de nos paysages bugistes tout du moins à basse altitude » précise Eric Hell, technicien forestier au CRPF à Belley.