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GESTION DE L'EAUU

Plutôt puiser dans le Rhône que réchauffer l’Ain

Grâce au nouveau réseau d’irrigation de Lagnieu Saint-Martin une quarantaine de puits de pompage dans la nappe phréatique ont été fermés. Le Rhône assure désormais l’approvisionnement en eau d’une vingtaine d’exploitations. Un projet qui concerne près
de 1 300 ha irrigués.
Plutôt puiser dans le Rhône que réchauffer l’Ain

Les travaux auront duré près de huit mois avant que la nouvelle station de pompage de Lagnieu Saint-Martin ne sorte de terre, pour une mise en service effective en juin dernier. Depuis, ce sont près de 2,9 M de m3 qui ont été pompés dans le Rhône, permettant à 23 exploitations agricoles de sécuriser leur approvisionnement en eau. Un projet qui vient remplacer une quarantaine de points de pompage dans la nappe ; pas moins de 40 km de canalisations qui desservent les anciens puits ; la plus grosse station réalisée à ce jour sous l'égide de l'Asia (Association syndicale d'irrigation de l'Ain). Vendredi, un parterre d'élus, d'agriculteurs, de responsables des organisations professionnelles agricoles et partenaires du projet inauguraient ce nouveau réseau d'irrigation, explications à l'appui de Franck Falcou, maître d'œuvre du projet.

Visite guidée...

Une inauguration en grande pompe…

 

En contre-bas de la station, situé à une quinzaine de mètres du Rhône, un siphon aspire l'eau du fleuve... « Elle est ensuite envoyée dans un ouvrage intermédiaire, puis repompée par quatre pompes qui la refoulent dans une bâche de 500 m3. L'eau passe ensuite à travers un dégrilleur rotatif. Les déchets sont extraits via une rampe de contre lavage », explique le maître d'œuvre. Le fonctionnement de l'installation, entièrement automatique, fournit l'eau à la demande des agriculteurs. L'alimentation en énergie arrive via le réseau Enedis, soit un total de 5 mégawatts qui transitent par deux transformateurs de 2,5 megawatts chacun. A l'intérieur du bâtiment, l'eau qui a été stockée dans la bâche arrive sur le collecteur d'aspiration via trois alimentations. Elle est alors envoyée dans chacune des neuf pompes principales de la station, puis refoulée pour être injectée dans le réseau de 39 km pour être distribuée aux agriculteurs. La conception du bâtiment, entièrement sécurisé pour pallier à toute éventualité de coupure secteur d'alimentation ou casse de réseau, a intégré un isolant phonique afin de préserver le voisinage (les habitants les plus proches étant à 250 m). Pas moins de dix-sept mètres d'armoires électriques surplombent les pompes. « Nous avons travaillé en 690 volts, permettant ainsi de diminuer les intensités et de limiter la consommation », explique Franck Falcou. Et d'ajouter :
« 2,876 M de m3 ont déjà été prélevés cette année au maximum de la capacité de pompage, soit 1 m3 par seconde. Il n'est pas prélevé un mètre cube de plus qu'il n'était prélevé avant ».

Un projet d'avenir

« Ce projet est un beau projet, que nous avons tout de suite accueilli favorablement aussi bien à la mairie qu'à la communauté de communes. Le chantier en lui-même s'est très bien passé et bien accepté par les voisins. C'est là un bel investissement, une superbe installation industrielle au service de l'agriculture », soulignait vendredi le maire de Lagnieu et vice-président de la communauté de communes, André Moingeon. « C'est un projet exemplaire à plusieurs titres », ajoutera Yannick Prebay, directeur régional de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse: « un projet qui marie les enjeux économiques et les enjeux environnementaux. Ce projet pour nous est un projet d'avenir. Entre 2013 et 2018, l'agence a financé 800 opérations d'économie d'eau. Sur la période 2019-2022, 40 % de notre budget de 2,6 milliards d'euros seront dédiés aux projets liés aux changements climatiques ».
Gérard Raphanel, président de l'Asia, a félicité vendredi tous les acteurs du projet (qui a notamment mobilisé une quinzaine d'entreprises) et chaleureusement remercié son prédécesseur Gérard Bouvier qui en est l'instigateur.

Patricia Flochon

12,3 M€ de travaux, 2,6 M€ à la charge des agriculteurs

« Ce projet représente la plus grosse subvention accordée par l’agence de l’eau ces dix dernières années », annonçait vendredi dernier son directeur régional, Yannick Prebay, lors de l’inauguration. Pas moins de 8 M€ ont été injectés par l’agence dans le financement du réseau d’irrigation dont le coût total (travaux réalisés) s’élève à 12,350 M€. L’Europe (via le Feader) a participé à hauteur de 1,298 M€, le Département : 1 M€, la communauté de communes de la Plaine de l’Ain : 100 000 €. Les agriculteurs ont investi quant à eux
2,6 M€ (via des prêts contractés sur vingt ans) soit un coût d’environ 300 à 350 €/ha.