BOVIN VIANDE
Le plan de la FNB face à la baisse des aides

La baisse des aides couplées de la PAC en 2023 impose d’aller chercher de la valeur supplémentaire, selon Cédric Mandin, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB).

Le plan de la FNB face à la baisse des aides
Selon Patrick Bénézit, président de la FNB : « Depuis la création de l’indicateur interprofession en mai 2019, les prix à la production n’ont jamais atteint le coût de production ». ©SC_Pamac

« La baisse des aides de la Pac est responsable de la quasi-intégralité du recul du revenu des éleveurs allaitants en 2023 », a affirmé Patrick Bénézit, le président de la FNB, le 23 janvier dernier. Une déclaration faite en conférence de presse quelques semaines avant l’assemblée générale du syndicat, les 7 et 8 février à Vichy (Allier). Selon Patrick Bénézit, les premières estimations de l’Institut de l’élevage (Idele) et du Rica pour 2023 font apparaître un revenu moyen des éleveurs allaitants « tout juste au Smic, à 16 000 € par an ». « On nous annonçait des projections à 104 € par UGB pour l’aide couplée bovine », indique-t-il. Or, « pour le moment, les éleveurs ont reçu un acompte correspondant à 70 % de 98 € ». Et d’ajouter : « Nous n’avons encore ni le solde ni même le montant. C’est le flou le plus total ». Due à un rééquilibrage en faveur des protéines végétales, cette baisse de l’aide couplée est encore accrue par la réduction en cours du cheptel. Sans oublier les éco-régimes, dont les montants ont été revus à la baisse pour tous les agriculteurs, soit « 17 euros par hectare de moins que prévu », rappelle le président de la TNB. En tout, l’effet de la nouvelle Pac « augmente le coût de production de 15 à 20 ct€/kg », complète le secrétaire général Cédric Mandin, selon qui « il faudra aller chercher de la valeur supplémentaire ».

Les prix, priorité numéro 1

La FNB a donc fait des prix à la production sa « priorité numéro un ». Dans la lignée des années précédentes, les cotations des vaches à viande ont pourtant démarré 2024 avec des niveaux records : 5,77 €/kg pour la vache U standard, par exemple. Mais, à l’automne 2023, le marché des femelles avait été pénalisé par la baisse saisonnière des cotations des vaches laitières – qui s’explique par un accroissement des réformes à l’entrée de l’hiver, avec le retour en bâtiment. En 2021 et 2022, ce phénomène habituel avait été « gommé par le fort déséquilibre entre la demande et l’offre », expliquait l’Idele à l’époque. À l’automne dernier, les prix des vaches laitières ont reculé de presque 1 €/kg, ce qui « a fait perdre 20 ct€/kg aux vaches allaitantes », analyse Cédric Mandin. Pour les autres segments de marché, il pointe une « pression inexplicable sur les prix des broutards, amplifiée en fin d’année par l’épisode de maladie hémorragique épizootique (MHE) ». Quant aux jeunes bovins (JB), en France, « leurs prix ont atteint un plafond de verre à 5,25 €/kg fin 2023 », contrairement aux autres pays européens. Au-delà des prix, c’est aussi le niveau des charges qui inquiète les éleveurs. En novembre 2023, l’Ipampa1 de la viande bovine s’était replié de 5 % en un an, mais restait supérieur de 11 % par rapport à novembre 2021, selon l’Idele. « La situation des trésoreries est plus compliquée que ce qu’on avait imaginé », résume Cédric Mandin. « Il manque entre 50 ct€ et 1 €/kg pour atteindre le coût de production » (indicateur interprofessionnel calculé par l’Idele), déplore de son côté Patrick Bénézit. Selon le président de la TNB, le différentiel est le plus criant pour les génisses (- 1 €), suivies des vaches et des broutards (- 70 ct€), et enfin des jeunes bovins (- 50 ct€). « La loi Égalim n’est pas respectée », affirme-t-il. Tout en considérant que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, « encourage à la contourner en incitant les distributeurs à mettre une pression maximale sur leurs fournisseurs ». La TNB plaide pour un développement de la contractualisation basé sur les indicateurs interprofessionnels de coûts de production. « Le volume de contrats augmente », note Patrick Bénézit, comme en JB où ils représentent environ 25 % de la production. « Mais il y en a encore trop peu qui sont basés sur le coût de production. Depuis la création de l’indicateur interprofession en mai 2019, les prix à la production n’ont jamais atteint le coût de production », affirme-t-il.

Y.G

(1) Indice des prix d’achat des moyens de production agricoles