VIN DU BUGEY
Le Cerdon commercialisé dès aujourd’hui

Margaux Legras-Maillet
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Face à la pénurie de Cerdon 2021 et à la récolte précoce de cette année, l’AOC du Bugey a bénéficié d’une dérogation au cahier des charges permettant d’avancer sa mise en vente.

Le Cerdon commercialisé dès aujourd’hui
Peu de déclarations de récolte sont pour l’instant remontées auprès du Syndicat des vins du Bugey, les volumes 2022 seront à n’en pas douter plus conséquents et de bonne qualité. Photo/MLM

Le Cerdon est bel et bien disponible à la vente à partir d’aujourd’hui. L’INAO* a donné son accord pour avancer la date de commercialisation des fameuses bulles bugistes d’une quinzaine de jours. Les amateurs pourront donc renouveler leur stock avec un millésime 2022 fraîchement embouteillé. « Cela concerne uniquement les Cerdons, dans le respect du cahier des charges, c’est-à-dire des deux mois de prise de mousse », précise Jean-Luc Guillon. La nouvelle a de quoi réjouir le président du Syndicat des vins du Bugey. La très mauvaise récolte de l’an dernier (de 70 à 80 % de volume en moins) a mis à mal certains producteurs dont les stocks sont parfois complètement écoulés depuis plusieurs mois. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a pesé dans la balance lorsque l’INAO a pris sa décision. L’article D645-17 du code Rural définit que les vins AOP ne peuvent être mis en marché à destination du consommateur qu'à compter du 15 décembre suivant la récolte. C’est la date de référence pour tous les vins de l'AOP Bugey y compris la dénomination géographique complémentaire (DGC) Cerdon. « Toutefois, cet article du code Rural précise aussi que la mise en marché peut être avancée au 1er décembre sur décision du Crinao (comité régional INAO) après demande de l'ODG. La prise en compte de la qualité de la récolte, de la précocité et la qualité du millésime 2022 ont permis cette décision qui, par ailleurs, répond à la problématique des faibles stocks suite aux récoltes précédentes très déficitaires », précise l’INAO. 
 
Des choix différents selon les producteurs 
 
Libre cours désormais aux producteurs de surfer sur cette dérogation ou non. Marcel Périnet, du Domaine de la Dentelle à Gravelles, a lui fait le choix d’attendre pour commercialiser son Cerdon : « Je ne vais pas prendre la dérogation parce que j’ai encore un peu de vin pour aller jusqu’au printemps. Mes vins ont été mis en bouteille avec 2 bars de pression, et il en faut 3,5 pour les mettre en vente. Chez nous la prise de mousse est très lente avec des vins sur lie pendant douze mois. Même si c’est compliqué commercialement, je préfère gérer autrement et ne pas déroger à la règle sous prétexte qu’on est en panne. Je vends à l’exportation et il y a un goût typique de la Dentelle avec des fines bulles qu’on doit retrouver sur la durée ». À sec depuis début octobre, Olivier Gojon, du Gaec Gojon et fils à Boyeux-Saint-Jérôme, attendait inversement lui ce jour avec impatience. « On a pas mal de commandes, plein de gens nous ont appelés. S’ils viennent tous, ça fera du monde ! » Perché à 500 m d’altitude, ses vendanges ont commencé le 5 septembre sur des coteaux plus tardifs. Avec une mise sous capsules achevée au 26 septembre, la prise de mousse de deux mois est bien respectée.

*Institut national de l’origine et de la qualité