SANITAIRE
IBR, la Bresse sous haute surveillance

Patricia Flochon
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Suite à la circulation importante du virus de l’IBR en Haute Bresse l’an dernier, le Groupement de défense sanitaire de l’Ain a démultiplié les actions pour venir en aide aux éleveurs, avec l’appui financier du Conseil départemental. Explications.

IBR, la Bresse sous haute surveillance
Certains troupeaux sont touchés à plus de 85 %. Photo d'illustration/MLM

Sur l’exercice 2021/2022, le GDS de l’Ain a accordé 485 433 € d’aides aux éleveurs bovins. La section bovine affiche aujourd’hui une santé financière correcte, avec un résultat net de 27 228 €. Lors de l’assemblée générale, qui s’est tenue le 21 février à Ceyzériat, son président Pierre Journet, a rappelé que : « La section se porte plutôt bien. Nous avons réussi à redresser la barre. Le fait d’avoir augmenté les cotisations et d’avoir une très bonne gestion nous a permis d’avoir du résultat ». Sujet majeur du jour : la circulation de l’IBR (Rhinotrachéite infection bovine). Alors qu’avec la Loi de santé animale européenne (LSA) le compte-à-rebours à commencé pour qualifier la France « indemne » début 2027, l’inquiétude était vive l’an passé dans l’Ain pour cause de « circulation importante du virus de l’IBR en Haute Bresse ». 
 
Une souche extrêmement contagieuse 
 
Les dernières informations communiquées sont préoccupantes : « La souche virale qui circule dans le département est extrêmement contagieuse. Quatorze élevages ont été touchés en 2022 et début 2023. Deux ont été assainis très vite et onze ont perdu leur qualification « indemne » ». Selon Julien Levert, directeur du GDS, « Nous n’avions pas connu de circulation aussi brutale dans l’Ain depuis des années. Si la virulence est très limitée, le point le plus noir reste la contagiosité de cette souche virale. Certains troupeaux sont touchés à plus de 85 %. Les causes étant difficiles à éclaircir sur le terrain, le bureau de Section a décidé d’un dépistage d’ampleur cet hiver sur trois communes de Bresse (Lescheroux, Saint-Nizier-le-Bouchoux et Curciat-Dongalon) : suppression des allégements, dépistage des génisses à partir de six mois et anticipation au plus tôt des prises de sang ».

Pierre Journet, président du GDS de l’Ain entouré de son directeur, Julien Levert, et de Rabah Bellahsene, directeur de la DDPP de l’Ain (à droite). Photo/PF

En parallèle, une enveloppe exceptionnelle a été débloquée pour venir en aide aux éleveurs disqualifiés et faciliter les dépistages supplémentaires nécessaires. Le GDS a également démultiplié les actions pour maîtriser la situation avant la prochaine mise à l’herbe : réunion locale, rencontre du Conseil départemental de GDS France, et communication aux éleveurs et partenaires. 
 
Un nombre d’élevages « indemnes » insuffisant
 
Conséquence directe : « Cette circulation en Bresse met un coup d’arrêt dans la progression de la qualification des cheptels de l’Ain puisque nous ne pourrons franchir la barre des 95 % d’élevages indemnes en 2023 ». Et Pierre Journet de préciser : « C’est une catastrophe sanitaire pour les éleveurs touchés. L’affaire a commencé avec un opérateur commercial connu par les services de l’État pour des non conformités. Cela pose la question d’un laxisme qui nous coûte cher. Je remercie le Conseil départemental pour sa réactivité et l’accompagnement lié à cette crise. Une réunion de travail avec le GDS 71 est prévue sur le sujet. Si le taux de prévalence de la maladie n’est pas catastrophique, malheureusement elle est bien présente ». Aux éleveurs qui ont exprimé lors de l’assemblée générale un certain mécontentement quant au manque d’information sur l’identité des élevages touchés afin de prendre des mesures de prévention, Rabah Bellahsene, directeur de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), a répondu : « Nous avons instauré des réunions de concertation avec l’ensemble des partenaires avant de prendre toute décision quelle qu’elle soit. Le dialogue est constructif dans tous les domaines, que ce soit dans la gestion de l’influenza aviaire, mais dans d’autres filières aussi. On voit que l’IBR est un sujet préoccupant. Mettre en place une transparence est très important. Le GDS gère convenablement la maladie et l’administration est là aussi pour vous aider dans la gestion de cette maladie pour mettre en demeure éventuellement les éleveurs qui ne respectent pas les injonctions du GDS. Si une injonction n’est pas exécutée, cela devient une infraction. D’où l’importance de travailler dans l’intérêt général ».

Les missions du GDS et aides aux éleveurs

517 248 € d’aides aux éleveurs
Missions : appui à la lutte contre les maladies règlementées dont les délégations de service public. Lutte collective contre les maladies non-règlementées. Rôle mutualiste et solidaire. La formation et l’information. La prévention de la maltraitance animale. Prestations de services.
Missions déléguées par l’État : Délégation des prophylaxies Brucellose ovine et caprine (Pour la campagne 2022 : 181 ateliers ovins et 91 caprins concernés. Enregistrements des déclarations d’avortements (68 en 2022). Délégation de la prophylaxie Aujeszhy et PPC pour les porcs plein-air (57 ateliers concernés en 2022).
Appui à la lutte contre les maladies règlementées (Plus de 2 713 € d’aides pour les éleveurs d’ovins et de caprins. Prise en charge des analyses brucellose, de l’acheminement des prises de sang et du matériel de prise de sang).