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L’Ain perd l’un de ses deux producteurs de spiruline

Margaux Legras-Maillet
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Franc Stoppa lance son exploitation La Belle bleue et la marque Spirul’Ain, à Villars-les-Dombes en 2017. Cinq ans plus tard, le premier producteur de spiruline du département se voit contraint de jeter l’éponge et évoque un « millefeuille de raisons ».

L’Ain perd l’un de ses deux producteurs de spiruline
Pionnier dans le département, Franc Stoppa spiruline avait lancé son exploitation en 2017, après un parcours varié dans l’informatique. Photo/ Archives Ain agricole

« J’aurais essayé », conclut Franc Stoppa. Après cinq années, ce producteur de spiruline installé à Villars-les-Dombes préfère aborder la fin de son aventure avec philosophie. C’est toutefois avec un léger pincement au cœur qu’il évoque La Belle bleue, dont il a annoncé la clôture au 31 décembre dernier sur son site Internet. 
Crise de la Covid et confinements répétitifs, manque d’adhésion et obligations personnelles ont eu raison de son exploitation. « Cela s’est fait partiellement, mais je pensais tirer davantage de synergies avec les productions de poisson des Dombes ou avec des rencontres sportives. Il y a eu des partenariats, mais à l’échelle d’une entreprise, ce n’est pas suffisant », concède Franc Stoppa, pragmatique. Pionnier dans le département, il doit aussi se rendre à l’évidence, la spiruline ne suscite pas l’adhésion escomptée localement, et sa production n’était pas vraiment fructueuse. « Je produisais en moyenne 120 kg par an pour une année normale, mais pour être rentable j’aurais dû atteindre 250 kg par an pour un bassin de 250 m2 », explique-t-il. À 180 € TTC/kg, la vente totale de sa production ne suffisait pas à compenser les charges sur le long terme. 
« Ça fait partie du jeu, mais c’est décevant par rapport à l’investissement que j’y ai mis au départ ». En 2017, Franc Stoppa avait dépensé près de 88 000 € de sa poche pour lancer sa production et vivre un an, en attendant la première récolte de 2018. Grâce à un petit emprunt de 10 000 € il avait également acquis une récolteuse. Installé sur une parcelle appartenant à l’association Tremplin, il espérait alors que le succès de la spiruline lui permettrait de s’agrandir et de construire un second bassin. 
 
Pas de transmission à l’horizon 
 
Aujourd’hui, aucune transmission n’est envisagée. Seuls le bungalow servant de laboratoire et la serre couvrant le bassin ont trouvé un potentiel repreneur. « Économiquement, j’ai préféré mettre ma structure à disposition. J’ai produit un peu en 2022 parce que je savais que j’allais fermer et j’espérais accueillir un stagiaire qui reprendrait la ferme, mais personne ne s’est manifesté », regrette Franc Stoppa.
Originaires d’Ambérieu-en-Bugey et d’Ambronay, lui et sa femme ont aussi depuis déménagé en Ardèche. « Je n’ai pas trop le choix, je vais retourner dans le salariat, j’ai perdu 88 000 € et il faut bien vivre. » Un producteur de spiruline du village voisin lui a récemment proposé de s’installer avec lui en Gaec, mais malgré la passion Franc Stoppa ne se sent pas encore prêt à retenter l’expérience : « Je n’ai aucun regret d’avoir tenté l’aventure et fréquenté le milieu. J’ai appris beaucoup de choses, et je vais continuer à être adhérent, mais pour la partie gestion d’entreprise et du risque, on la gère seul et ça met un coup derrière les oreilles donc je vais retourner dans le salariat, et il n’y a pas de déshonneur à ça. » Il souhaite également pouvoir consacrer plus de temps à ses parents vieillissants.
Depuis janvier, Margaux Caïa, installée à Trévoux, est donc l’unique et dernière productrice de spiruline du département.