Le réseau des coopératives du grain a chiffré à trois cents millions d’euros le manque à gagner induit par la mauvaise moisson qui s’ajoute à plusieurs années de hausse des charges. Les coopératives demandent le soutien du gouvernement.
À l’occasion d’une conférence de presse le 24 septembre, la section métiers du grain de La Coopération agricole (LCA) a chiffré à 300 millions d’euros le manque à gagner (perte de marge) des coopératives céréalières françaises à la suite de la mauvaise récolte de cette année, obérée d’environ 10 millions de tonnes par rapport à l’an passé. Le réseau rappelle que les collecteurs subissent des charges de structure incompressibles, auxquelles il faut, cette année, ajouter une surcharge de travail liée à la faible qualité de la récolte sur le plan technologique, avec des poids spécifiques faibles en blé. « Nous pensions avoir moins besoin de personnel cette année en raison de la plus faible récolte, il y en finalement eu besoin d’autant », rapporte la directrice Catherine Matt. Ce coup dur intervient, qui plus est, après quatre ans de hausse des charges (coûts du transport routier, de l’énergie, de la masse salariale), qui ont conduit à une augmentation des charges fixes de 50 % depuis 2021. Selon la section de LCA, 2024 est « l’exercice le plus difficile de l’histoire des coopératives ». Les entreprises envisagent de faire appel à du chômage partiel et de mobiliser des fonds de formation.
Appel à l’État
Les coopératives ont donc présenté leurs demandes aux pouvoirs publics, qui ne leur coûteront, assurent-elles, pas un denier. La première est l’extension aux oléagineux du dispositif de garantie publique des stocks en vigueur en céréales à paille, qui permettrait d’alléger les charges financières des coopératives. « Depuis les années soixante, l’État se porte garant à 70 % des stocks de céréales à paille », rapporte le président, Antoine Hacard. Le réseau craint qu’en raison de la mauvaise récolte de cette année, les coopératives céréalières ne soient classées comme des clients à risque et voient leurs taux d’intérêt flamber. Un groupe de travail avait été formé au sein de FranceAgriMer dès décembre 2023, pour rédiger une proposition d’évolution du Code rural en ce sens, avec l’objectif d’une application en 2025. L’autre demande des coopératives est moins nouvelle : la suppression de la séparation de la vente et du conseil des pesticides. Un rapport du CGAAER a été rendu au cabinet de l’ex-ministre déléguée de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, dont le réseau n’a pas eu connaissance jusqu’ici. Les coopératives demandent que cette mesure soit inscrite dans la future loi d’orientation agricole.