BOIS-ÉNERGIE
Bois de chauffage, les prix flambent

Patricia Flochon
-

Dans un contexte de hausse sans précédent du coût de l’énergie, le bois de chauffage n’est pas épargné. Quid de la tension observée sur le marché du granulé et du bois bûche ? Éléments de réponse.
 

Bois de chauffage, les prix flambent
Photo/sirtravelalot

Près de 7 millions de foyers français se chauffent au bois. Une ressource locale, économiquement compétitive pour les particuliers, notamment en zone rurale et périurbaine. Lorsque l’on parle de bois énergie, il faut distinguer trois typologies de bois de chauffage : le bois bûche, la plaquette forestière, et le granulé.  « La France autoconsomme 80 à 90 % de sa production de granulés. Mais les italiens et les allemands, impactés par la guerre en Ukraine, ont accentué la demande en granulé. D’où une augmentation des prix et une tension sur le marché », explique Martial Guebin, responsable de territoire à l’Alec (Agence locale de l’énergie et du climat). Les granulés de bois, aussi appelé « pellets », ce sont ces petits cylindres de bois 100 % naturels, issus du compactage de sous-produits du bois, essentiellement de sciure et copaux de scieries, utilisés pour alimenter poêles à granulés et chaudières. Sur le site de l’Association nationale des professionnels du chauffage au granulé au bois, Propellet vient de publier le dernier indice de prix (1). Propellet applique une explication « logique » à l’augmentation des prix du granulé : « On entend ça ou là que les producteurs bloqueraient intentionnellement des volumes de granulé pour faire monter les prix. Or la réalité est bien plus pragmatique que ça. La hausse du prix est dû à la hausse du prix de revient, notamment l’augmentation des matières premières (multipliée par deux), des emballages, l’électricité (multiplié par quatorze) pour la production de granulé et le carburant pour le transport dont le prix a augmenté d’environ 30 %. De plus, la forte demande des consommateurs, motivée par l’envie de se détourner des énergies fossiles trop coûteuses ou le désir prudentiel (achats réalisés quatre à huit mois avant la saison de chauffage) et/ou compulsif de surstocker contraints les producteurs et distributeurs à augmenter la part d’import. Cette part qui se maintenait à 16 % depuis une dizaine d’années, devrait légèrement progresser cette année. Mais, les prix du granulé à l’étranger se sont envolés, notamment parce que la demande a fortement progressé. C’est la raison pour laquelle les professionnels français doivent compenser ce surcoût et adapter leurs prix en conséquence ».
 
Le bois bûche, la valeur sûre ? 
 
Pour ce qui est du bois bûche, « une partie du marché ne passe pas par la filière professionnelle, mais de la main à la main, avec pour effet une moindre connexion avec le marché. Mais la tension est belle est bien présente, notamment par rapport aux volumes », explique Martial Guebin ; ajoutant que « le risque étant pour certains professionnels du bois d’être tenté de mettre sur le marché un bois qui n’est pas suffisamment sec, alors que l’on recommande deux ans pour bien le laisser sécher, avec comme risques un mauvais rendement et une pollution extérieure ». Sachant que le bois bûche étant commercialisé en circuit court, les prix sont moins dépendants de l’augmentation du coût des carburants. Économiquement parlant le bois bûche reste une valeur sûre : de 4 à 5 cts€/kWh, contre 15 à 17 cts€ pour le fioul et 18 cts€ pour l’électricité.
 
« L’avenir est dans le bio sourcé »
 
« La solution miracle est de mettre le bois sur ses murs », insiste Martial Guebin. Et de citer en exemple la pertinence de la laine de bois, un isolant bio sourcé qui a pour principal avantage un impact environnemental plus faible, un très bon recyclage et un bon confort d’été. « Elle est particulièrement adaptée sur le bâti ancien. Si le surcoût est d’environ 20 à 30 %, on s’y retrouve dans le confort et la durée de vie ». À noter que l’État a mis en place MaPrimRénov’, un dispositif d’aide accessible à tous les propriétaires et à toutes les copropriétés de logement construit depuis au moins quinze ans. Pour en savoir plus, contacter Alec (conseils gratuits) pour aborder les aspects techniques d’un projet ainsi que les aides mobilisables. « Sachant que le fameux je gagne trop, j’ai droit à rien, est faux », insiste Martial Guebin ([email protected] – 04 74 45 16 46).

 

7 millions de ménages français sont équipés d’un système de chauffage au bois
10 % : c’est la part du chauffage au bois domestique dans la consommation finale de chaleur en France
75 % du bois énergie consommé en France l’est dans le secteur domestique
30 000 emplois directs, dont 17 000 pour la production de combustible, qui fournissent aussi en bois le secteur collectif, tertiaire et industriel
73 000 GWh d’énergie produite chaque année
25 % de l’énergie renouvelable consommée en France
(Source : SER – Syndicat des énergies renouvelables).