COOPÉRATIVE DES BERGERS RÉUNIS DE L'AIN
La baisse des volumes, une vraie problématique pour la Cobra

Patricia Flochon
-

Trente exploitations ovines adhèrent aujourd’hui à la Cobra, Coopérative des bergers réunis de l’Ain. Si le Gigotin, agneau né et éleveur dans l’Ain tire son épingle du jeu, le bilan des ventes 2022 inquiète au regard de la baisse des volumes. Explications.

La baisse des volumes, une vraie problématique pour la Cobra
La Cobra, réunie en assemblée générale à Ceyzériat. Photo/ PF

Pour la Cobra (Coopérative des bergers réunis de l’Ain), le bilan des ventes en 2022 s’avère mitigé. Lors de son assemblée générale, la coopérative a communiqué un nombre de 3 058 ovins vendus l’an passé, en baisse de 22,54 %. Sur les 2 776 agneaux commercialisés (- 19,86 %), seuls les agneaux de la marque Gigotin (né et élevé dans l’Ain) sont en progression (1 878 agneaux + 2,79 %), ceux vendus à la Sarl Metrop étant en diminution de 45,14 %, baisse qui s’explique par l’arrêt de la livraison d’agneaux d’un Gaec et des départs en retraite (seuls deux élevages fournissent aujourd’hui Metrop, contre cinq précédemment). Bilan mitigé toutefois, car malgré ces baisses et les – 11,6 % de chiffre d’affaires, les prix d’achat des animaux ont valorisé le travail des éleveurs. Selon Alexandra Lièvre, technicienne de la coopérative, « on a de la demande sur le Gigotin. On a des bouchers qui sont très satisfaits de la qualité et qui sont fidèles. Nos agneaux plaisent car ils sont élevés dans l’Ain et on peut les livrer, donc on arrive à avoir plus de demandes que d’offre… ». Et Michel Joux, le président, de préciser : « La marque Gigotin a été créée en 2001. Lorsque l’on a repris la commercialisation à notre compte (auparavant assurée par la Compagnie d’abattage de Bourg, ndlr) en 2013, depuis on progresse. On a fait le choix d’avoir des outils de ramassage en vif et de livraison en carcasses. Mais le nombre d’agneaux reste une vraie problématique liée au manque d’éleveurs dans le département ». 
 
Des prix d’achat en hausse, mais qui ne compensent pas l’augmentation des charges
 
Au niveau des ventes, la Cobra tire son épingle du jeu avec un prix moyen payé à l’éleveur supérieur à celui de la cotation nationale à Pâques, puis stable les mois suivants pour repasser ensuite en dessous de la cotation nationale. Michel Joux de préciser : « Il faut être prudent lorsque l’on compare les chiffres car ce n’est pas évident d’avoir les bonnes références des prix de marché. Il y a assez peu de communication entre les coopératives et les producteurs. La référence de prix aujourd’hui reste la cotation nationale, qui est le prix payé à l’entrée de l’abattoir avec les frais annexes, mais cela ne reflète pas vraiment le prix du marché. Si le prix moyen payé aux éleveurs a significativement progressé en fin d’année, jusqu’à 8 € payé à l’éleveur, sans la prime de dessaisonnement, cela n’a toutefois pas suffit à combler l’augmentation des charges ». Et Emmanuel Blanc, adhérent à la Cobra et président du syndicat départemental des éleveurs de moutons, d’ajouter : « L’autre conséquence de la baisse des effectifs, c’est que cela se complique au niveau des tournées de ramassage. Pour les éleveurs qui sont éloignés, c’est plus difficile de remplir le camion. Il faudrait réfléchir à d’autres moyens de transport moins volumineux, pour limiter les coûts ».
 
Projet d’atelier d’abattoir petits ruminants : une décision à la rentrée
 
Autre sujet majeur d’actualité, le projet d’abattoir petits ruminants. Pour mémoire, la Cab (Compagnie d’abattage de Bourg) a annoncé l’arrêt à court terme de l’abattage d’agneaux. Selon Michel Joux, « d’ici six mois à un an, il faudra trouver une autre solution. Une étude de faisabilité pour un atelier d’abattage ovins – caprins a été lancée et Cobra a été désignée comme maître d’œuvre pour la conduire, avec le soutien du Département. Les résultats sont attendus courant juillet. Si la décision est positive, nous allons créer une structure pour porter le projet et intégrer des partenaires. Il faut absolument que les producteurs puissent s’investir. L’objectif étant d’arriver à un prix au kilo identique à celui actuel et pas au-delà, soit 1,37 €/kilo de carcasse. Les paramètres importants à prendre en compte dans le business plan sont le volume, la durabilité du volume et le coût global. S’il est créé, l’atelier fonctionnera un ou deux jours par semaine et il faudra créer une société d’exploitation avec une gouvernance, incluant Cobra. Si le business plan est bon, politiquement on ira sur ce projet. L’objectif étant d’avoir un positionnement avec tous les acteurs d’ici la rentrée ».