VOLAILLE DE BRESSE
En difficulté financière, Béchanne lance un appel aux financements

Margaux Balfin
-

Lundi 27 février, la préfète de l’Ain Chantal Mauchet ainsi que plusieurs parlementaires et élus locaux se sont rendus au centre de sélection de Béchanne à Saint-Étienne-du-Bois. Une visite de courtoisie pour découvrir l’audacieux projet du site, sur fond de préoccupation pécuniaire. 

En difficulté financière, Béchanne lance un appel aux financements
Gilbert Limandas, président de Béchanne, fait visiter le dernier bâtiment construit à Chantal Mauchet, préfète de l'Ain, et les élus locaux. Photo/MB

Des mots de son directeur Édouard Jannot, « c’est une structure en difficulté » qui a accueilli la préfète de l’Ain Chantal Mauchet et le vice-président du Département à l’agriculture Jean-Yves Flochon. Vieillissant et victime d’une tornade en 2017, le fleuron de la Volaille de Bresse a engagé plusieurs travaux de réfection et de construction de bâtiments ces dernières années. Avant que les nouveaux bâtiments ne sortent de terre, « seulement quatre avaient moins de trente ans sur les treize bâtiments du site, précise Édouard Jannot. Cela signifie un plus grand risque sanitaire et un surcoût énergétique. » 
 
Un million d’euros de surcoûts
 
Nécessaire, le chantier devait être largement financé par le plan de Relance et une rallonge octroyée par le Département de l’Ain. Problème, les mauvaises surprises se sont depuis accumulées. Non seulement, le matériel d’élevage n’a pas été retenu dans le cadre du plan de Relance, mais les coûts de terrassement n’ont à l’époque pas été pris en compte. « Le dossier a été fait avec des niveaux de devis que l’on n’avait pas très bien mesurés », reconnaît Gilbert Limandas, président de Béchanne. Résultat des courses, la facture s’est considérablement alourdie. De 1,5 million d’euros, elle est passée à 2,5 M€, selon Édouard Jannot. 
À l’inflation s’ajoute aussi une hausse des charges de fonctionnement crispante : plus 100 000 € d’électricité entre 2022 et 2023 ; de même qu’une baisse continue de la commercialisation de sa Volaille de Bresse. Avec 80 000 poussins en moins vendus l’année dernière, le centre de sélection affiche une perte de 100 000 € de chiffre d’affaires. 
 
Les races anciennes de poules comme planche de salut
 
Pragmatique sans être alarmiste, la direction de Béchanne veut garder la tête froide et étudie toutes les pistes qui s’offrent à elle pour sortir le bec de l’eau. En tête de liste, la préservation de races anciennes de poules. Béchanne en héberge 16 sur les 96 qui existent en France, la moitié étant propriété du site, les autres celles de structures extérieures. Béchanne est d’aillleurs la seule structure française à assurer cette activité. 
Avec 80 000 poussins vendus chaque année, sur les 720 000 commercialisés par le centre de sélection, l’activité a plutôt le vent en poupe. Elle se heurte toutefois à plusieurs contraintes. Logistiques tout d’abord avec une multiplication par insémination artificielle ; de livraison aussi, le transporteur Geodis ne récupérant pas les poussins en cas de fortes chaleurs, de grands froids ou d’épidémie d’influenza aviaire. « Nous ne produisons des poussins que la moitié de l’année, et la prestation de préservation coûte 17 000 € par an et par race pour les associations propriétaires. Si en plus les éleveurs ne sont pas livrés au moment où nous avons les poussins, cela pose un vrai problème sur cette activité », alerte Édouard Jannot. 
À l’équilibre mais sans capacité d’investissement, le centre de sélection de Béchanne ne peut espérer devenir le premier Centre français de préservation des races de poules. Une rencontre est prévue avec les associations de race est prévue ce jeudi 7 mars pour explorer les possibilités de développement. 
 
Le centre ne met pas tous ses œufs dans le même panier
 
Béchanne ne se ferme aucune porte. La DDPP a aussi étudié la possibilité de commercialiser les œufs du centre, chose jusqu’ici impossible. Quant aux poules adultes et de réforme, le site organise régulièrement des ventes d’animaux à des particuliers. « Il y a aussi un travail à faire autour de la poule d’ornement », ajoute Édouard Jannot. 
« Plusieurs projets sont en cours de réflexion mais la priorité ce sont les races patrimoniales, insiste Gilbert Limandas. Nous devons avancer au plus vite sur ce dossier-là. » Pour les mener à bien, Béchanne a besoin de fonds supplémentaires. « L’État a déjà donné », souligne Chantal Mauchet. De son côté, Jean-Yves Flochon promet un soutien additionnel de la part de la collectivité, à hauteur de 250 000 €. Enveloppe qui doit encore être votée. « Pour compléter, nous sommes en discussion avec la Région pour qu’elle puisse également apporter son soutien », a confié l’élu. Béchanne prévoit également une rencontre le 15 mars prochain avec les communautés de communes de la zone Bresse (Ain, Saône-et-Loire et Jura).