Le président de La Coopération agricole, Dominique Chargé, a présenté au Salon de l’Agriculture, 50 mesures en faveur des agriculteurs, de leurs coopératives et de notre alimentation, pour sortir le secteur agricole et agroalimentaire du carcan administratif et qu’il soit plus compétitif.
Pour sortir de la crise que traverse le monde agricole et « répondre au sentiment de déclassement de la production agricole française » où se mêlent « moyens décalés, manque de confiance, de considération et de reconnaissance », le président de La Coopération agricole a présenté un plan d’action en 50 mesures. Constatant le manque de compétitivité que les filières agricoles connaissent aujourd’hui, il souhaite « créer un environnement favorable pour produire une alimentation saine et sûre », en tout temps et tous lieux. Pour répondre à toutes les gammes de la consommation, il souhaite une meilleure organisation des filières pour qu’elles soient en adéquation avec les marchés. « Il faut produire pour le marché pertinent », a-t-il argumenté suggérant que les filières s’inspirent du modèle avicole : « Quand je mets mes poussins en batterie, mon acheteur sait déjà à qui il les vendra trois mois plus tard », a-t-il illustré. Pour accroître le revenu des agriculteurs, outre la sécurisation de la ressource en eau, et l’augmentation des seuils de la directive européennes « émissions industrielles » (IED), La Coopération suggère d’ériger en priorité nationale la reconnaissance des services écosystémiques liés à l’agroécologie et de les rémunérer, hors du budget Pac. Gagner en compétitivité pour les agriculteurs, c’est aussi « abroger la séparation entre la vente et le conseil des produits phytopharmaceutiques, dispositif dont le dysfonctionnement est reconnu », souligne la fédération des coopératives.
Coût du travail
Cette dernière souhaite interdire la publicité comparative sur les prix « car les grandes enseignes rallument par ce biais la guerre des prix ». Pour Dominique Chargé, « l’alimentation ne doit pas être la variable d’ajustement du budget des ménages ». Il souhaite aussi créer un observatoire sur les marques de distributeurs (MDD) « avec un suivi sur l’origine de la matière première agricole ». Le président des coopératives s’inquiète des déréférencements des produits agricoles français et de l’importation de produits, y compris européens, qui ne répondent pas aux standards français. Pour la confection de quelques produits élaborés en MDD, il a cité l’approvisionnement de certains transformateurs en « beurre irlandais ». La Coopération agricole souhaite que le gouvernement étende le dispositif Travailleur occasionnel-Demandeur d’emploi (TODE) aux coopératives, y compris les Cuma. La moyenne européenne du coût du travail (charges incluses) est de « 28 €/heure. En France, elle est à 39 €/h contre 22,40 €/h en Espagne », a-t-il justifié. De même, suggère-t-il la mise en place d’un fonds de transition écologique à destination des agriculteurs et des coopératives. L’idée est d’utiliser la redevance pollution diffuse pour financer les transitions « et couvrir le risque dans l’application des solutions alternatives », a-t-il expliqué. Pour accompagner les investissements des coopératives, il réclame l’application du fonds IAA de 500 millions d’euros, promis par le ministre Roland Lescure en 2023.
Christophe Soulard
Prix plancher : « donnez-moi le mode d’emploi »
Interpellé sur la mesure du prix plancher annoncée par Emmanuel Macron le 24 février, Dominique Chargé a simplement répondu : « Je ne sais pas ce que c’est, ni comment ça marche ». Il demande qu’on lui donne le mode d’emploi, il subodore que le prix plancher équivaudrait à un prix de référence sur la matière première agricole permettant la construction du prix en marche avant. De prime abord, il voit deux risques à une telle mesure : une baisse des exportations et une hausse des importations. Et finalement, une perte de compétitivité.