GRANDE DISTRIBUTION
Les apiculteurs de l'Ain ouvrent la chasse aux miels chinois

Margaux Balfin
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Ce mercredi 6 mars, dans le cadre d'une opération de stickage lancée par la section apicole de la FNSEA, plusieurs apiculteurs de l'Ain se sont rendus au Leclerc de Beynost pour contrôler la provenance et les étiquetages de miels. En plus de quelques affichages « non conformes », ils ont placardé tous les miels d'origine étrangère d'une étiquette « Chine » pour dénoncer les abus d'importation. 

Les apiculteurs de l'Ain ouvrent la chasse aux miels chinois
Le constat est accablant. Sur le rayon miels de Leclerc à Beynost, la quasi totalité des miels sont d'origine étrangère. Photo/Eva Garnier

« Nous revenons d'un des plus grands salons internationaux qui existent, je reviens médaillé, mon miel est poussé et mangé par Georges Blanc et je n'arrive pas à le vendre... Pourquoi, parce qu'il y a trop de concurrence ». Médaillé d'argent au Concours général agricole pour ses miels d'acacia et de lavande, Vincent Perrat, apiculteur à Curtafond a participé à l'opération de stickage au Leclerc de Beynost.  Avec d'autres membres de la section apicole de la FDSEA de l'Ain, qu'il rejoignait le jour-même pour défendre la filière, il a arpenté les rayons du Leclerc de Beynost à la recherche de miels d'origine étrangère. Et le constat est accablant : Brésil, Moldavie, Vietnam, Hongrie, Roumanie, Nouvelle-Zélande, Argentine, Mexique, Bulgarie, Espagne, Italie ... un tour du monde du mauvais goût.

« On ne favorise pas la commercialisation du miel français »

À l'inverse, très peu de miels d'origine française sont exposés, au milieu des autres miels dont le marketing trompeur aux couleurs du Bleu, Blanc, Rouge, ne permet plus de faire la part belle. Outre l'origine, les apiculteurs ciblent aussi les grands conditionneurs français - la famille Michaud, La Ruche roannaise Besacier ou encore Naturalim France miel en tête- dont certains n'hésitent pas à capitaliser sur une image de marque française alors que certains de leurs miels sont d'origine étrangère. « Ces conditionneurs ne sont pas des producteurs de miel, ce ne sont que des empoteurs, mais ils utilisent le terme d'apiculteur car il n'est pas protégé par la loi », ce qui induit en erreur le consommateur, dénonce un apiculteur du groupe. « On ne nous favorise pas pour la commercialisation du miel français », constate affligé Michel Coillard, apiculteur à Domsure, et président de la section départementale syndicale. 

À la fin de l'opération, les apiculteurs avaient estampillé la quasi totalité du rayon miels  d'une étiquette rouge  « Chine », à l'exception de rares miels français. Photo/Eva Garnier

L'importation de miels est nécessaire pour répondre aux besoins de consommation (la France ne produit que 25 000 tonnes de miel par an en moyenne contre 50 000 tonnes consommées chaque année). Outre la surcompétitivité de ces miels étrangers, c'est l'absence de miels français dans les rayson, et l'impossibilité pour les clients de choisir, qui provoquent la colère des apiculteurs. Plus grave encore, sans passer directement par les GMS, les apiculteurs se voient dans l'obligation de contractualiser avec de grands conditionneurs. En d'autres termes, de passer par un intermédiaire de plus dans la chaîne de commercialisation. Une aberration pour beaucoup, d'autant plus que plusieurs grandes enseignes ont réduit les marges de ces conditionneurs lors des négociations commerciales de janvier qui les ont eux-mêmes répercutées sur les apiculteurs producteurs. 

Leclerc n'a pas souhaité s'exprimer 

À la fin de l'opération, le constat est accablant. La quasi totalité du rayon miels est estampillé d'une étiquette rouge  « Chine », à l'exception de rares miels français. Les apiculteurs ont aussi installé une banderole à l'entrée du magasin pour sensibiliser les consommateurs. Plusieurs se sont retournés et ont affiché leur solidarité, et de lancer : « Ils ont bien raison ». 

Contacté le lendemain, Olivier Petit, directeur général du magasin, n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet. L'enseigne Leclerc se targue pourtant de favoriser les filières agricoles locales sur son site Internet.