CONSOMMATION
Charcuterie et nitrites : une trajectoire de réduction sur cinq ans

Huit mois après la parution du rapport de l’Anses, le gouvernement vient de présenter son plan d’action pour réduire les additifs nitrités dans les charcuteries.

Charcuterie et nitrites : une trajectoire de réduction sur cinq ans
Le gouvernement a présenté, le 27 mars, un plan d’action visant à réduire de 20 % les nitrites présents dans pluseurs produits de charcuterie. ©Istock_sergeyryzhov

Le gouvernement a présenté, le 27 mars, un plan d’action visant à réduire de 20 % les nitrites présents dans plusieurs produits comme les lardons, les rillettes et le jambon. Les industriels ont un mois pour se conformer aux demandes de l’exécutif. Réagissant à cette annonce, La Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT) et la Confédération nationale des charcutiers traiteurs (CNCT) se sont déclarées prêtes à mettre en œuvre ce « plan de réduction ambitieux ».

Suppression ?

Les deux organisations rappellent par ailleurs que ces efforts s’inscrivent dans la lignée des actions volontaristes déjà entamées par elles, « les teneurs maximales en nitrites étant déjà inférieures de 20 % à la réglementation européenne ». Avec cette nouvelle baisse, ces teneurs seront de 35 à 40 % inférieures, faisant de la France le pays avec les teneurs les plus basses d’Europe, avec le Danemark, rappellent la FICT et la CNCT dans un communiqué commun. D’ailleurs, les industriels se préparent à ces échéances depuis plusieurs années. Nombre d’entre eux sont déjà proches de ces seuils comme Herta, Fleury-Michon ou Aoste. La donne risque d’être différente pour les plus petites unités comme les artisans ou les PME, qui devront adapter leurs procédés de fabrication et changer aussi leurs recettes. D’autant plus qu’à moyen terme (six à douze mois), la teneur en nitrites d’autres produits charcutiers (saucisses, saucissons cuits, pâtés, rillettes, andouilles et andouillettes) devra avoir diminué d’environ 25 %, selon les ministères de l’Agriculture et de la Santé. Un plan de recherche et d’innovation sera mis en œuvre dès cette année. Objectif : « tendre vers la suppression de l’utilisation des nitrites dans la plupart des produits » d’ici cinq ans, sans les abandonner totalement.

Pas de risques

En effet, l’interdiction des nitrites n’est pas à l’ordre du jour car si ces additifs donnent sa couleur rose au jambon, ils permettent aussi d'allonger la durée de conservation des produits. Ils sont aussi utiles pour prévenir le développement de bactéries à l'origine du botulisme, de la listéria, ou de salmonelles. Leur suppression pourrait ainsi présenter des risques pour la sécurité sanitaire. « À ce stade, la science ne permet pas de dire qu’il y a des alternatives possibles aux nitrites, ni que les supprimer serait la meilleure solution pour garantir la santé des consommateurs », assure-t-on au gouvernement. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) mène des travaux depuis 2021 pour trouver des alternatives, sans résultats concluants pour le moment. La FICT et la CNCT rappellent d’ailleurs que l’avis de l’Anses en juillet 2022 indique que les nitrites ne présentent « pas de risque dans le cadre d’une consommation raisonnée de charcuterie et une alimentation équilibrée, et que 99 % de la population avait une exposition inférieure à la dose journalière admissible ». Avec ces nouvelles exigences, « la France va, comme pour certains pesticides, se placer en tête des pays les plus exigeants de l'Union européenne », fait valoir le gouvernement.

Christophe Soulard