Région Auvergne-Rhône-Alpes
Plans de filière : 6 M€ de crédits réservés pour les bovins viande

En soutien à son agriculture, la Région AuvergneRhône-Alpes apporte 17 millions d’€ sur l’ensemble des filières, pour la période 2023-2027. Aux côtés des châtaignes ou du maraîchage, la partie animale est celle qui bénéficie de la plus grosse part. Les plans de filières avicole (à lire dans une prochaine édition), horticole, bovine viande et cunicole ont été récemment signés.

Plans de filière : 6 M€ de crédits réservés pour les bovins viande
Signature officielle du plan filière bovins viande à 1 300 m d’altitude, en présence de nombreux conseillers régionaux, du Draaf, des syndicats agricoles, d’éleveurs qui engraissent des génisses croisées. ©RSA

Relocaliser ! Voilà ce qui tient le plus à cœur au président de Région, Laurent Wauquiez, « très attaché à l’agriculture », comme l’a rappelé son vice-président, en charge de l’agriculture, Fabrice Pannekoucke. Ainsi, pas moins d’une vingtaine de plans de soutien ont été décidés pour les cinq ans à venir : 17 pour des filières spécifiques, dont bovins viande, production laitière, maraîchage, lapins... et des filières « transversales », comme la production biologique, par exemple. Relocaliser, ça veut dire limiter les exports. Donc davantage engraisser plutôt que d’envoyer du broutard en Italie. Ça signifie aussi soigner les outils d’abattage et de mise en marché. À cet égard, Fabrice Pannekoucke a passé la matinée du jeudi 31 août à visiter les équipements du groupe Altitude. Pour décrocher de nouveaux marchés locaux, notamment dans les grandes villes et métropoles régionales, le vice-président compte sur le développement de la marque Ma Région, ses terroirs. «Retrouver de la souveraineté alimentaire ne passera pas par des milliers d’hectares sacrifiés aux panneaux solaires et limiter l’élevage n’est pas une solution en faveur de la planète », lance-t-il encore. «Cette stratégie de relocalisation, qui doit profiter à l’élevage, ne se fera pas de manière isolée», précise-t-il. Patrick Escure, président de la chambre d’agriculture du Cantal et président du Comité régional élevage (Corel), saisit la balle au bond : « Ces enveloppes sont importantes, il faut les utiliser au maximum ». Ainsi, c’est dans des terres d’estives du Cantal, que le vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes est venu signer le plan de filière bovins viande, le 31 août. Rendez-vous était pris au Gaec du Chaussedier. Exploitation de 65 mères sur 108 hectares - 65 % à plus de 1 300 m tout à l’herbe, sans culture - qui produit de la salers Label rouge, des génisses pour Carrefour via la démarche locale AVP (Association la viande au pays), des bœufs pour sa ferme auberge au buron. Un cadre idyllique qui fait réagir Fabrice Pannekoucke : « Voilà la réalité de notre agriculture, loin des bêtises qui circulent sur les réseaux sociaux, alimentées par des associations anti-viande et les préjugés de la Cour des comptes ». Des propos appréciés par François Garrivier, éleveur dans la Loire et président du Comité de filière Aura qui se félicite : « Dans la continuité du précédent Plan, s’ajoutent des éléments pour répondre à de nouvelles attentes ». Les éleveurs Bruno Dufayet et Victorien Leybros, ainsi que le responsable du magasin Carrefour de Mauriac, Anthony Corbeau, ont présenté la démarche AVP, en place depuis vingt ans, qui répond exactement aux espoirs portés par la Région : engraissement, abattage local, circuits courts et rémunération contractuelle prenant en compte le coût de production et la rémunération de l’éleveur.

Renforcer la rentabilité

Ainsi, via le plan de filière, la Région explique vouloir renforcer la rentabilité, en aidant à la modernisation et en relocalisant en Aura l’activité d’engraissement. Deux points qui doivent contribuer à l’adaptation face au changement climatique et à la volonté de satisfaire un besoin sociétal en approvisionnement local. Sur l’enveloppe de 6 millions, il est prévu que 70 % soient consacrés à l’investissement direct, notamment des exploitations et 30 % au fonctionnement des filières. Pour cela, la Région encourage le développement de bovins finis, par un appui technique et un financement au démarrage d’un atelier et autres aménagements liés à l’engraissement. C’est l’axe fort de ce plan régional filière bovins viande, qui en comporte quatre. Il prévoit aussi le renforcement de la performance technico-économique, la prise en compte environnementale des élevages (diagnostics individuels, actions collectives, etc.) et des moyens de gagner de nouveaux marchés pour améliorer la valeur ajoutée, via une communication pertinente. Il est donc prévu, par exemple, un accompagnement pour du conseil, une aide à l’acquisition de génisses et taureaux à la génétique amélioratrice, une pour la filière veau, une encore pour de la contention, etc. Fabrice Pannekoucke souligne que le Feader (fonds européens) apporte également de nombreux éléments de réponse.

Renaud Saint-André