Découverte
Le Havre de Galahia, le cheval autrement

A Bény, le Havre de Galahia est une écurie vouée au bien-être équin et humain. Un lieu de rencontres, d’échanges et de partage, une écurie alternative aux valeurs agroécologiques et un centre d’équicie pour un plein épanouissement avec les chevaux. Rencontre. 

Le Havre de Galahia, le cheval autrement
Pour Carole Gau, le respect des trois F – Food, Friends, Freedom – est fondamental. ©Le Havre de Galahia

Le 19 mai dernier, lors du Jumping international de Bourg-en-Bresse, le Havre de Galahia se voyait décerner le trophée de l’Ecologie et du bien-être animal (dans le cadre des Trophées Equid’Ain). Située sur la commune de Bény, l’écurie est vouée au bien-être équin et humain. Une entreprise familiale, gérée par Carole Gau, sa mère Chrystèle et son compagnon. « Nous avons trois entités sur le site. Un centre d’équicie qui propose un accompagnement par un équicien professionnel à des personnes en situation de fragilité ou de handicap, qu’il soit moteur, sensoriel, mental ou social, ou de polyhandicap. Nous avons aussi l’élevage, de chevaux de sport et de loisir, et poneys ; ainsi qu’une écurie de propriétaires », explique la jeune femme. Une écurie qu’elle qualifie « d’écurie alternative, aux valeurs agroécologiques, où les chevaux sont hébergés en groupe. Le but étant de respecter les trois F : Food (alimentation à volonté), Freedom (des chevaux libres de leurs mouvements) et Friends, le fait de vivre avec leurs congénères. Un concept qui permet de respecter les fondamentaux des chevaux. » Un modèle vertueux reconnu au niveau international, puisqu’en décembre dernier, le Havre de Galahia recevait la visite d’une vingtaine d’acteurs européens de la filière équine, dans le cadre de l’European horse network en lien avec l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation), venus s’inspirer du concept et des actions écologiques menées sur place pour l’environnement. 

Ethique, sensibilité et bienveillance

Avant de s’installer à Bény, Carole Gau était équicienne itinérante. Son amour des chevaux remonte à l’enfance. « J’ai commencé à monter à l’âge de six ans. Mes parents nous avaient emmené en Camargue avec mon frère. J’avais vraiment accroché. Lorsque nous sommes rentrés ils m’ont inscrite au centre équestre de Cheval Bugey à Ceyzériat. J’ai également pratiqué à la SEB (Société d’équitation bressane), fait un peu de compétition, mais un accident a créé des peurs. A 14 – 15 ans, je ne retrouvais pas l’identité équestre dont j’avais envie. » 

Sa relation avec le cheval prend un nouveau tournant lorsque ses parents lui offrent une ponette. Et de se souvenir avec tendresse : « J’ai eu la chance qu’ils se sacrifient pour m’acheter cette ponette. J’ai évolué avec elle, au contact du cheval, de la nature, du vivant. J’ai fais du travail en liberté. Je suis de la génération YouTube, des réseaux sociaux. On pouvait échanger sur la même éthique. Et l’arrivée des chuchoteurs a permis de faire bouger les lignes. J’ai fait mon sujet de Bac sur l’équithérapie. J’avais trouvé ma vocation, faire le lien entre le social et le cheval. » 

« Mes chevaux, plus que des collègues, ce sont mes partenaires »

En 2015, Carole Gau intègre (pour trois ans) l’école européenne d’équicien, en Lorraine. Dès l’obtention de son baccalauréat, elle commence à constituer sa cavalerie : « J’avais un prêt étudiant dans lequel j’avais emprunté un peu plus. A l’époque les prix des chevaux étaient plus abordables. J’ai commencé avec quatre poneys, Shetland, Welsh, une demi-sang arabe et un cheval. L’idée était d’avoir une cavalerie diversifiée pour répondre à un public large. » Aujourd’hui, Carole a treize chevaux et poneys à elle, pour une trentaine au total sur la structure. Carole gère elle-même le poulinage, là aussi toujours dans le respect du cheval avec pour mot d’ordre la bienveillance : « Je pratique un sevrage progressif. Je vais lentement car on est sur un élevage à taille humaine. A neuf mois les poulains sont sevrés. Ils sont équilibrés, bien dans leur tête, pour une clientèle d’amateurs qui souhaitent faire aussi bien du loisir que du sport. »

Autre volet : l’écurie dynamique, l’objectif étant là encore de respecter au maximum les besoins fondamentaux. « Les chevaux bénéficient de sols stabilisés. Ils sont stimulés positivement par l’environnement, et une réduction des conflits entre les chevaux par l’absence de limitation de ressources, du foin à volonté. Ça les rend disponibles, que ce soit pour leurs propriétaires ou les séances de médiation et cela concoure à la sociabilisation des poulains. »

Pour Carole Gau, poneys et chevaux sont considérés comme ses co-équipiers. Et elle en parle avec amour et reconnaissance : « Durant les séances d’équicie, ils vont vraiment être acteurs. Ils nous donnent des indications sur l’état intérieur de la personne. Plus que des collègues, ce sont de véritables partenaires. »

Patricia Flochon