SÉCURITÉ
Agriculteur, un métier particulièrement exposé aux accidents du travail

Margaux Balfin
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Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, s’est rendu sur le site de l’usine Renault Trucks à Bourg-en-Bresse vendredi dernier. Une visite éclair pour évoquer le thème de la sécurité et du bien-être au travail. 

Agriculteur, un métier particulièrement exposé aux accidents du travail
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, parle sécurité et bien-être au travail à l’usine Renault Trucks de Bourg-en-Bresse, entreprise prionnière en la matière. Photo/MB

Près de 700 personnes meurent chaque année sur leur lieu de travail. « Ce chiffre ne baisse pas depuis près de quinze ans. Nous pouvons casser ce plancher de verre », a insisté Olivier Dussopt vendredi dernier lors d’une visite éclair à l’usine Renault Trucks de Bourg-en-Bresse. 
 
Renault Trucks, un exemple en la matière 
 
Cent-quarante-deux camions sortent chaque jour des chaînes de production du site, un toutes les trois minutes vingt. Avec cette cadence effrénée et 1 771 salariés dont 400 intérimaires actuellement, l’entreprise a mis en place un « plan de sécurité au travail ». En six ans, le site a dépensé 15,5 millions d’euros (M€) pour sécuriser l’ensemble de son usine de camions et améliorer les conditions de travail. « Dans certains ateliers nous avons divisé le niveau de bruit par quatre, nous avons travaillé sur la baisse des gaz d’échappement. Nous nous sommes aussi penchés sur la restauration … la dimension sociale est importante dans l’attractivité des emplois », se félicite Christophe Legrand, directeur du site.
Le comité de direction a également fait appel à une équipes d’ergonomes pour identifier et faire cesser toute opération présentant des risques majeurs ou provoquant des douleurs ou de l’inconfort. « Notre objectif est de supprimer 240 opérations, dites rouges, par an. Lorsqu’un risque majeur, (c’est-à-dire potentiellement mortel, NDLR), nous nous donnons quarante-huit heures pour le sécuriser. Nous avons d’ores-et-déjà sécurisé 1 081 de ces opérations, soit 96 % de celles identifiées », poursuit le directeur. 
Autre levier, la formation des salariés. Après deux semaines à l’école des métiers, chaque nouveau collaborateur poursuit son apprentissage durant deux à trois semaines supplémentaires sur les chaînes de production. Ainsi, il faut près de cinq semaines à chaque salarié pour être pleinement opérationnel. 
Une politique qui a permis de sécuriser une vingtaine de postes et de réduire à sept le nombre de cas de maladies professionnelles contre une vingtaine auparavant. Aujourd’hui, le site de Bourg-en-Bresse fait montre de référence en matière de sécurité et de bien-être au travail auprès de toutes les usines du groupe Volvo. Mais pour son directeur, la recherche de résultats dépasse la question éthique : « Chose exceptionnelle, lorsque vous sécurisez et introduisez de l’ergonomie, vous faites de la performance et de la qualité. »`
 
Isolés sur leur exploitation, les agriculteurs sont plus exposés

Tous comme les nouveaux salariés de l’industrie, les agriculteurs sont une profession particulièrement exposée aux accidents de travail. Selon la dernière note de conjoncture publiée par la MSA en juin dernier, le nombre d’accidents ou de cas de maladies professionnelles (avec arrêt de travail) des salariés agricoles suit une tendance baissière légère depuis 2012. En revanche, le montant total des prestations versées au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles des salariés agricoles était de 142 millions d’euros au premier trimestre 2023, soit une hausse annuelle de 4,2 %. Le nombre de cas d’incapacités permanentes est également en hausse et les accidents de trajet ont explosé (+ 41,4 % en un an). Pour Olivier Dussopt, la vulnérabilité des agriculteurs tient pour beaucoup à leur isolement au moment de l’accident. À défaut d’annonce politique majeure, le ministre du Travail souligne l’importance de se former et d’améliorer les matériels : « la culture de la sécurité dans l’entreprise doit s’appliquer pour tous les métiers. »                                                                                                                                                En ce qui concerne l’exemple Renault Trucks, l’entreprise souhaite se pencher sur la question du portable au travail à partir de 2024. Étourderies, précipitation, son utilisation abusive est source de risques, mais pour Christophe Legrand, il faut vivre avec son temps, il n’est donc pas question de l’interdire.