La productivité agricole de l’Union européenne a connu une baisse en 2023 après des années de croissance. La faute à un recul des revenus que n’a pas compensé la baisse de la main-d'œuvre.
La productivité du travail agricole dans l’Union européenne (UE) aurait, selon les premières données des comptes économiques de l’agriculture pour 2023, diminué de 6,6 % sur un an, après une croissance entre 2019 et 2022, constate Eurostat. Le ralentissement de l’indice de productivité, qui correspond au revenu réel des facteurs agricoles par unité de travail s’explique par la diminution de 7,9 % de la valeur réelle des revenus générés par les unités de travail du secteur et une réduction (- 1,4 %) de la main-d'œuvre agricole. La plupart des pays de l’UE (19 au total) ont enregistré une baisse en 2023 avec des reculs particulièrement prononcés en Estonie (- 57,9 %), en Suède (- 31,7 %), en Irlande (- 30,3 %), en Lituanie (- 30,2 %) et en Bulgarie (- 28,6 %). Dans sept pays une hausse a, au contraire, été enregistrée : Belgique (+ 31 %), Espagne (+ 11,1 %), Portugal (+ 9,9 %), Hongrie (+ 5,5 %), Italie (+ 4,2 %), Malte (+ 3,3 %) et Slovénie (+ 0,3 %). Dans ces États membres, les augmentations sont dues à la baisse des prix des engrais et des intrants et à la hausse des prix des productions dans lesquelles ces pays sont spécialisés, comme l’huile d’olive, les pommes de terre ou le porc. Malgré le ralentissement de 2023, la productivité du travail agricole dans l’UE en 2023 reste supérieure de 34,6 % à celle de 2015. En effet, l’indice du revenu réel des facteurs dépasse de 10,1 % celui de 2015. Et dans le même temps, la main-d'œuvre a fortement diminué (- 18,2 %).
Reprise à partir de 2025
Dans ses perspectives à l’horizon 2035, publiées au mois de décembre, la Commission européenne estimait que la viabilité économique des exploitations agricoles sera positivement influencée dans les prochaines années par des gains de productivité, bien qu’inférieurs à ceux observés dans le passé. Une productivité principalement tirée par la mécanisation et l’automatisation des tâches. « Cela permettra au secteur agricole de l’UE de faire face à l’exode actuel de main-d’œuvre tout en créant davantage d’opportunités pour la main-d’œuvre qualifiée », espèrent les auteurs de ce travail. Ils estiment que l’attractivité financière du secteur pourrait également être améliorée. La valeur ajoutée brute générée par l’agriculture de l’UE devrait augmenter de 1 % par an entre 2023 et 2035, avec une reprise de la croissance après 2025 – l’inflation observée depuis fin 2021 ne devrait, elle aussi, revenir à des niveaux normaux qu’à partir de 2025. De même, le revenu agricole devrait augmenter de 0,8 % par an entre 2023 et 2035 et à un rythme plus soutenu de 2,5 % par an après 2025.