FILIÈRE PORCINE
Cirhyo : les cours du porc à leur plus haut niveau depuis 1986

Amandine Priolet
-

Les adhérents de la coopérative porcine Cirhyo se sont réunis en assemblée générale le 25 avril dernier à Charbonnières-les-Bains dans le Rhône. L’occasion de dresser le bilan de l’année 2022, touchée par une multitude d’enjeux auxquels la filière tente de faire face.

Cirhyo : les cours du porc à leur plus haut niveau depuis 1986
De gauche à droite : Noël Thuret, vice-président, Francis Le Bas président et Philippe Chanteloube, directeur, de la coopérative Cirhyo. Photo/Amandine Priolet

Hausse des coûts de production, difficile renouvellement des élevages, défiance des populations et demande des consommateurs en viande bon marché : les enjeux de la filière porcine sont nombreux. C’est ce qu’ont évoqué les adhérents de la coopérative porcine Cirhyo, le 25 avril dernier, lors de l’assemblée générale à Charbonnières-les-Bains (Rhône). « La viande de porc n’échappe pas à l’inflation. Les cours du porc ont dépassé le seuil inédit des 2 €/kg de carcasse au mois de septembre 2022 », prévient la coopérative. Des cours qui n’avaient plus été atteints depuis 1986 et qui ont permis de redonner un peu de souffle aux trésoreries des élevages mises à mal par les hausses importantes des coûts des matières premières. La hausse de l’aliment a atteint près de 40 % (soit 60 % du coût de production) entre septembre 2021 et septembre 2022. 
Malgré la hausse des prix, la viande porcine reste l’une des viandes les plus abordables pour les consommateurs. La consommation est donc restée stable en 2022 (- 0,5 % pour la viande de porc, - 0,6 % pour la charcuterie), contrairement aux autres espèces de viande (- 12 % pour le bœuf, - 15 % pour l’agneau, etc., chiffres MPB d’après FranceAgriMer).
Pour autant, « les filières porcines plus qualitatives, et donc plus chères, ont du mal à trouver des débouchés. Elles accusent une baisse de 2 à 3 % de porcs commercialisés au sein de Cirhyo », indique la coopérative. Les éleveurs en agriculture biologique sont les premiers touchés, et ont dû procéder au déclassement de leurs porcs en production conventionnelle pour assurer un débouché.

Développer la production en région

La viande française, identifiable par le consommateur avec le logo Le Porc Français, est également en concurrence avec les viandes d’importation, souvent moins chères. Selon le marché du Porc Breton, les importations de viande porcine ont augmenté de 1,2 % l’an passé et proviennent en majorité de l’Espagne. 
Autres sujets qui inquiètent fortement la filière porcine : la production nationale en déclin et la baisse des éleveurs. Les éleveurs adhérents à Cirhyo ont réduit leur production de 1,3 % en 2022. En cause notamment, le non-renouvellement des exploitations suite au départ en retraite des éleveurs. « Développer la production porcine pour Cirhyo, c’est surtout arriver à combler les arrêts d’élevage. Mais aujourd’hui, monter un projet de création ou d’agrandissement d’élevage porcin relève du marathon administratif, et se heurte à des populations locales souvent réticentes. Les consommateurs veulent plus de produits locaux, mais ont parfois du mal à accepter un élevage porcin à proximité de chez eux », alerte la coopérative. Les enjeux sont donc nombreux pour espérer continuer à fournir aux consommateurs une viande de porc français.