MÉRITE AGRICOLE
Le poireau adjugé à deux Aindinois

L’Association des membres de l’Ordre du mérite agricole (Amoma) de l’Ain a tenu son assemblée générale vendredi 31 mai à la Maison des Pays de l’Ain à Saint-Étienne-du-Bois. Un rendez-vous attendu pour célébrer les nouvelles promotions de l’année, et évoquer quelque revendication. 

Le poireau adjugé à deux Aindinois
Les membres de l’association du Mérite agricole de l’Ain se sont réunis à la Maison des Pays de l’Ain vendredi 31 mai. Photo/MB

Jusqu’en septembre 2023, c’est Pierre Pélisson (Izenave) qui durant presque vingt ans assura la présidence de l’Amoma de l’Ain. Mais pour des raisons qui tiennent à l’âge, il souhaita être déchargé d’une tâche qu’il assumait pourtant avec dévouement et une bienveillante autorité. C’est Marcel Pépin, jusque-là son vice-président, ancien directeur adjoint de la DDA de l’Ain, qui lui a succédé dans le souci d’assurer la pérennité d’une présidence qu’il qualifie lui-même « d’intérim » dans l’attente de confier cette responsabilité à un plus jeune.

Après de dignes hommages rendus à Raymond Delore, Raymond Marvie, Marcel Poncin, Claude Tournier, Roger Merle et Jean Dussuc, tous disparus entre juillet 2023 et mars 2024, l’heure était à la célébration vendredi dernier. Deux Aindinois se sont vus décerner le fameux « poireau » de l’Ordre du mérite agricole lors de la dernière promotion, dont une femme : Maryline Thiévon. Éleveuse de Simmental et Montbéliarde à la ferme du Giroux à Rignieux-le-Franc, entre autres élue à la Chambre d’agriculture et à la FDSEA, elle a été promue au grade de Chevalier. Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, a également élevé Gérard Cormorèche, betteravier à la retraite aux Échets et patron du Crédit mutuel qui détient notamment Le Progrès, au grade d’Officier. 

À la Une des bonnes nouvelles, l’association accueille aussi cette année quatre médaillés comme nouveaux membres : Christine Cormorèche, maraîchère à la retraite, Gérard Mucke, ancien directeur de la FDSEA et de l’Ain agricole et actuel directeur des Organisations d’élevage à Ceyzériat, Yves Chassignet, ancien directeur de la FDCuma, et Bertrand Chenal, directeur de Cerfrance. Et Marcel Pépin de leur faire un appel du pied appuyé pour rejoindre la relève des administrateurs de l’association. 

« Manque de nominations » : la préfecture interpellée 

Passés l’élection d’un nouveau bureau, la vérification sans encombres des comptes de l’association et le vote de nouveaux statuts, marqués par la création des qualités de « membre d’honneur ou honoraire » et de « membre affilié »*, l’assemblée a fait mention de certaines frustrations. Marcel Pépin ne s’est en effet pas contenté d’expédier les affaires courantes et dans son discours il n’a pas caché la préoccupation du conseil d’administration de l’Amoma devant le trop faible nombre de promus au titre du Mérite agricole accepté par le Ministère de l’agriculture. Pour rappel, un décret du 21 janvier 2019 a en effet ratifié le rabais de 50 % des nominations et promotions annuelles. Depuis, l’Ordre du mérite, fondé en 1883 par Jules Méline avant sa refonte par le général de Gaulle en 1963, promeut chaque année 1 200 Chevaliers, 300 Officiers et 30 Commandeurs. L’Ain, « dont il est admis qu’il représente 1 % de l’activité de la Nation », rappelle Marcel Pépin, n’est doté chaque année que de trois ou quatre Chevaliers du Mérite agricole là où, au regard de son poids démographique et de son caractère rural, il devrait lui en être attribué une dizaine complétée par une sixaine d’Officiers. Cette situation regrettable ne permet pas de promouvoir dans l’Ain des hommes et des femmes méritants qui ont œuvré pour la défense et le développement de l’agriculture départementale. L’Amoma entend mobiliser la Confédération générale de l’agriculture (CGA) et la Chambre d’agriculture de l’Ain pour remédier à une situation insatisfaisante et vécue comme telle par les responsables départementaux du Mérite agricole.  

D’aucuns ont aussi exprimé leur surprise à la promotion de l’humoriste et viticulteur Laurent Gerra au grade de Commandeur dont la médaille lui a été remise à Lyon en septembre dernier par le chef étoilé Georges Blanc, lui-même décoré du Mérite agricole. « Cet homme n’a rien fait pour l’agriculture », lâchait un membre de l’assemblée. Chacun verra midi à sa porte, sans oublier sans doute que « pour bien juger, il faut s’éloigner un peu de ce que l’on juge, après l’avoir aimé ». 

*Votés à l’échelon départemental, ces nouveaux statuts ne s’appliqueront qu’en cas d’adoption in fine par le national. 

Margaux Balfin avec Serge Berra