Au plus fort des manifestations agricoles, des promesses ont été faites. Les remous politiques que traverse le pays ne doivent pas les enterrer. Les responsables de la FRSEA Aura, réunis le 1er juillet en assemblée générale, entendent reprendre leur bâton de pèlerin pour obtenir des mesures simples, claires, efficaces.
À l'occasion de son assemblée générale, organisée le 1er juillet au lycée agricole de Précieux dans la Loire, la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes est revenue sur une fin d'année 2023 et un début d'année 2024 très mouvementés. « Grâce à une mobilisation sans précédent, en quelques semaines, notre réseau est parvenu à mettre sur le devant de la scène vingt années de questions agricoles non traitées. Jamais le chantier ne s'était ouvert aussi largement », a souligné David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Aura. Pour finir, beaucoup de promesses, des réponses apportées, d'autres encore en attente, et une impatience légitime sur le terrain.
Un syndicalisme de solutions
« Le grand soir n'existe pas. Mais nous croyons en des mesures simples et efficaces en réponse aux attentes des agriculteurs », a indiqué le président, Michel Joux. Alors que le président de la République a décidé de rebattre les cartes au soir des Européennes, le réseau syndical veut remettre l'ouvrage sur la table. Poumon économique des territoires ruraux, l'agriculture ne peut, selon eux, s'exonérer d'un cap ambitieux et cohérent. « L'heure n’est plus au questionnement, à l’analyse ou au constat. Face au défi du renouvellement des générations agricoles, dans un contexte de dérèglement climatique et de bouleversement des équilibres mondiaux, il faut impérativement affirmer haut et fort l’objectif de souveraineté alimentaire, et se doter des conditions nécessaires à sa réalisation », a insisté David Chauve. Cela passe par un travail minutieux au quotidien dans les ministères, auprès des parlementaires dans un esprit de propositions, et de vigilance sur le réglementaire notamment… Les élus de la FRSEA souhaitent y prendre pleinement leur part. « Nous avons été moteurs sur bien des sujets en poussant la mise en place de la loi Égalim et de ses déclinaisons. Nous n'allons pas lâcher en plein milieu du gué », a affirmé Michel Joux. Et d'estimer que depuis la fusion en 2016, la FRSEA a prouvé sa capacité à dépasser les clivages : « Quand Auvergne et Rhône-Alpes ont fusionné, ce n'était pas gagné d'avance. Nous avons choisi la voie du compromis, et non celle de la guerre. Ce choix du dialogue et de la voix qui porte est le bon ». Conscients du chemin qui reste à parcourir, les élus, avec réalisme et pragmatisme, entendent « être offensifs dans un moment où beaucoup de repères sont perdus. Nous devons avoir la capacité d'offrir aux agriculteurs la hauteur nécessaire pour qu'ils puissent faire leur choix en conscience ». Bâtir plutôt que démolir, proposer plutôt que s'opposer systématiquement, discuter plutôt que s'invectiver… Une voie certes moins ostentatoire que les punchlines bien senties de certains, mais probablement moins éphémère et plus solide pour faire raisonner la voix des agriculteurs.
Sophie Chatenet
Ils ont dit…
Jocelyn Dubost, président de JA Aura
« C’est en donnant confiance aux agriculteurs d’aujourd’hui qu’on arrivera à trouver ceux de demain. D'où la nécessité d'obtenir davantage de revenu, de simplification, et de dignité. Pour l'avenir, il s'agit de former de vrais entrepreneurs capables de faire des choix économique, humain, écologique, agronomique… »
Fabrice Pannekoucke, vice-président du conseil régional en charge de l'agriculture.
« Le budget régional en faveur de l’agriculture c'est 130 millions d’euros en 2024. Nous assistons à une très forte dynamique de consommation. Sur les 15 000 dossiers Feader déposés en France, 8 000 viennent de notre région. Preuve que nos dispositifs sont pertinents. Nous avons un dialogue ouvert et on se parle autant que de besoins avec la profession. Si demain de nouvelles mobilisations sont organisées, nous serons à vos côtés car nous partageons vos revendications. »
Gilbert Guignand, président de la chambre d'agriculture d'Aura
« Demain, si nous voulons être compris, il va falloir expliquer couramment notre métier et positiver ! C'est un gros chantier, à la portée de chacun auprès de ses voisins, ses amis, sa famille... »