FAUNE SAUVAGE
Devenir lieutenant de louvèterie : « il faut être exemplaire »

M.B.
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Alors que la préfecture de l’Ain recrute quatre lieutenants de louvèterie pour l’année 2024, nous avons demandé à leur président, Patrice Faure, quelles étaient exactement leurs missions et leurs conditions d’exercice. 

 Devenir lieutenant de louvèterie : « il faut être exemplaire »
La préfecture de l’Ain recrute quatre lieutenants de louvèterie. Photo/Patrice Faure

 Difficile pour le président des louvetiers de l’Ain de savoir ce qu’il l’a réellement motivé à rejoindre les lieutenants de louvèterie, mais cela n’enlève rien au sens qu’il accorde à son rôle. La notion de service rendu, notamment aux agriculteurs, lui est chère. Aujourd’hui, il est le président d’une équipe de 25 louvetiers. 
Régulation et destruction d’espèces classées ESOD, quelquefois sans sélection des individus, conseil de l’État en matière de faune sauvage, police de la chasse … les missions des lieutenants de louvèterie ne font toutefois pas toujours l’unanimité. Aussi, depuis quelques temps, la préfecture leur demande la plus grande discrétion. D’ailleurs, depuis qu’il a prêté serment en janvier 2020, c’est la première fois que Patrice Faure s’exprime devant la presse, et il le souligne : « Nous n’intervenons jamais sans arrêté préfectoral ». Patrice Faure le rappelle, un louvetier n’est pas un chasseur, et d’ailleurs il ne chasse pas à proprement parler. Personnes privées bénévoles (ils ne sont ni indemnisés ni défrayés), les lieutenants de louvèterie sont missionnés et assermentés par la préfecture. Les louvetiers ont d’ailleurs obligation de fournir un rapport après chaque mission. La plupart du temps, ils interviennent après la constatation de dégâts sur cultures ou activités d’élevage.  
 
Le loup, bientôt une mission en plus
 
Une activité du reste très prenante qui impose disponibilité. « Nous avons deux gros mois, avril et mai, durant les semis et hors période de chasse. Parfois, nous sommes dehors jusqu’à trois nuits par semaine, cela prend beaucoup de temps », explique Patrice Faure. Selon le président, dans l’Ain, 60 % du temps des louvetiers est dédié à la destruction de sangliers, notamment dans le cadre de battues administratives, 30 % à la régulation du renard et autres espèces (ragondins, corvidés et blaireaux sur arrêté préfectoral*).
Comme leur nom l’indique, les lieutenants de louvèterie peuvent aussi intervenir dans le cadre de tirs de défense simple ou tirs de défense renforcée en matière de prédation du loup. Jusqu’à présent, un seul tir de défense simple a été autorisé par la préfecture de l’Ain, dans le Pays de Gex cette année, mais il n’a pas été réalisé par un louvetier, l’exploitant concerné ayant préféré un autre tireur. Toutefois, pour Patrice Faure, leur intervention dans ce domaine pourrait se concrétiser à l’avenir, au regard de nombre de loups, en hausse sur le territoire. À ce titre, il espère obtenir un geste à la Conférence agricole, du Département et de la DDT pour acquérir deux matériels thermiques supplémentaires. Pour l’instant, seuls deux équipements thermiques complets sont à la disposition du groupe de 25 louvetiers. « Un équipement complet, c’est-à-dire une carabine, des lunettes thermiques et une paire de jumelles, coûte 13 000 €. Dans le cadre du loup, il faut aussi être deux, un repère et l’autre tire. Sans cet équipement, nous ne savons pas faire pour le loup, il est trop malin », explique Patrice Faure. Les lieutenants de louvèterie seront aussi prochainement formés par l’Office français de la biodiversité (OFB) pour en apprendre davantage sur cet animal (comportement, nombre, repérage, etc.). En Isère, 100 % de l’activité des lieutenants de louvèterie serait dédiée au loup pour un effectif double de louvetiers, selon Patrice Faure.
 
Avoir une bonne condition physique et être disponible
 
Dans l’Ain, il manque pour l’instant quatre personnes pour compléter l’équipe. Pour devenir lieutenant de louvèterie, il faut être âgé de moins de 75 ans, être titulaire du permis de chasser depuis au moins cinq ans, résider dans l’Ain, être réactif et disponible et ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation au pénal en matière de chasse, pêche ou protection de la nature. En somme, il « faut être irréprochable, et même exemplaire », souligne Patrice Faure. Le président insiste également sur la bonne condition physique des candidats. Le président rappelle également qu’en tant que bénévoles, les louvetiers doivent avoir trois chiens à leurs frais, de même que leur propre équipement de chasse. 

* La destruction du cormoran n’est aujourd’hui plus assurée par les lieutenants de louvèterie

Candidature

Dans l’Ain, les lieutenants de louvèterie sont au nombre de 25 lorsqu’ils sont au complet, mais la préfecture en recrute quatre. Deux postes sont à pourvoir dans le Revermont du 1er janvier au 31 décembre 2024, un autre dans le secteur du Plateau d’Hauteville pour la période allant du 16 mars au 31 décembre 2024 et un autre dans le Bas-Bugey à partir du 10 juillet au 31 décembre 2024. Les candidats ont jusqu’au 16 novembre pour envoyer leur dossier de candidature par lettre recommandée avec avis de réception au service protection et gestion de l’environnement / unité nature de la DDT, 23 rue Bourgmayer - CS 90410 - 01012 Bourg-en-Bresse Cedex. Dossier à télécharger sur : https://www.ain.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement-risques-naturels-ettechnologiques/Chasse-Faune-sauvage/Recrutement-de-4-lieutenants-de-louveterie.