COMPOSTAGE
Le compost valorisé en bout de chaîne par les agriculteurs

Margaux Legras-Maillet
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Depuis le 1er janvier 2024, la généralisation du tri à la source des biodéchets est obligatoire pour tous les ménages, collectivités locales et entreprises, conformément à la directive européenne 2018/851 et la loi « Antigaspillage pour une économie circulaire » du 10 février 2020. 

Le compost valorisé en bout de chaîne par les agriculteurs
Nouvelle composteuse de la marque Menart acquise par la Cuma l’Ain Compost. « La vis est différente avec plus de couteaux par rapport à l’ancienne et tout le système de transport est différent. Elle est plus efficace et donne un compost plus aéré », confie Frédéric Martin. Photo/Cuma Ain Compost

En bout de chaîne, les biodéchets dont les déchets verts, qu’ils soient valorisés sous forme de compost ou en méthanisation, sont ensuite épandus par les agriculteurs. Éleveur de vaches allaitantes et de poulets labels en AB à Rossettes (Druillat), Éric Thier épand du compost sur ses terres depuis une quinzaine d’années. Jusqu’à l’année dernière, il utilisait l’épandeur à hérissons verticaux de la Cuma de Druillat dont il est adhérent jusqu’à ce que celle-ci le remplace par un épandeur à précision. « L’avantage avec celui-ci, c’est que l’on peut descendre jusqu’à 5 t/ha avec une largeur d’épandage allant jusqu’à 12 mètres de large », souligne-t-il. Un matériel neuf labellisé éco-épandage d’une valeur de 52 000 € options comprises (dosage proportionnel à l’avancement (DPA), pesée, volets protection de bordure), pour lequel la Cuma a obtenu une subvention FranceAgriMer de 26 000 €. À noter qu’« en deux passages, un épandeur à table permet d’épandre quinze mètres, contre neuf mètres pour un épandeur à hérissons verticaux classique. L’ensemble roulant est plus léger, ce qui est un plus en ces périodes humides, et le temps d’épandage est réduit, ce qui est intéressant quand les fenêtres d’utilisation sont réduites », ajoute par ailleurs Franck Loriot de la FDCuma.  

Chaque année, Éric Thier épand une quinzaine d’hectares. Son top départ, l’apparition des premiers champignons à la sortie de l’hiver. Il épand en priorité les prairies de fauche pour pouvoir les enrubanner au 15 mai. Il passe aussi quelques-fois sur ses céréales d’automne en entrée d’hiver, avant le labour à raison de 7 t/ha lorsqu’il a un peu de fumier de volailles. 

Première campagne pour la nouvelle composteuse de l’Ain Compost

Éric Thier épand du compost frais et non du compost mûr qui se dégrade rapidement avec les intempéries. « Je réalise trois passages de retourneur d’andain le même jour pour bien l’oxygéner puis je repasse un coup trois semaines plus tard », précise l’agriculteur. Pour retourner son andain, Éric Thier utilise la nouvelle composteuse de la Cuma l’Ain Compost. Acquise par la Cuma en janvier à raison de 114 000 € entame sa deuxième tournée. Environ 130 des 250 adhérents actifs de la Cuma l’utilisent dans tout le département. « La tournée commence début février et s’arrête de juin à septembre, autrement la composteuse tourne tout l’année, explique Frédéric Martin, président de l’Ain Compost. Les plus grosses tournées ont lieu en janvier, février et mars. » S’il est difficile de définir le tonnage épandu chaque – rien n’est fixe, ce qui complique d’ailleurs la gestion du matériel, confie Frédéric Martin – le recours au compost a augmenté ces deux dernières années, à mesure que le prix des engrais s’est envolé, assure le président de la Cuma. 

Compost ou fumier ? Avantages et inconvénients 

À la différence du fumier, car oui ils sont bien différents, le compost perdra un tiers de son volume une fois transformé. Il a l’avantage de concentrer les unités NPK. Pour un hectare, une demi-dose de compost sera donc nécessaire pour l’équivalent d’une dose de fumier pour obtenir les mêmes retombées. Et Franck Loriot de détailler : « Considérons une parcelle de 10 ha, à 30 t/ha de fumier ou 15 t/ha de compost. Pour des épandeurs de 17 m3/14 t avec un tracteur de 160 chevaux, il faudra compter 23 épandeurs pour un épandage de fumier, quand seulement 17 seront nécessaires avec du compost. En considérant un temps équivalent de vidange aux alentours de vingt minutes par épandeur, il faudra sept heures et demie pour un épandage de fumier contre cinq heures et demie avec du compost. Pour ce qui est du coût du compostage, si on se base sur le coût du nombre de voyages, plus important en fumier, la consommation de GNR double du compost au fumier, de même que les heures main-d’œuvre (chauffeur) à la défaveur du fumier, on arrive à un coût égal en intégrant le coût de la composteuse. »