L’ancien ministre de l’Agriculture de François Fillon a laissé une forte empreinte dans le monde agricole, notamment pour avoir appliqué le Grenelle de l’environnement et le bilan de santé de la Pac. Le Savoyard garde une image très clivée : d’une part bête noire des céréaliers et de l’autre héros des éleveurs ovins.
Dans un communiqué paru le 5 septembre, l’Élysée a annoncé que le président de la République avait nommé Michel Barnier comme Premier ministre. L’ancien député de Savoie est bien connu du monde agricole pour avoir été ministre de l’Agriculture de François Fillon de 2007 à 2009. Sous son mandat, il a négocié le bilan de santé de la Pac et son application française, ainsi que l’application du Grenelle de l’environnement, et l’interdiction des OGM. Il reste connu comme un défenseur des éleveurs et un précurseur sur les questions environnementales. Lors du bilan de santé de la Pac, Michel Barnier avait obtenu une « boîte à outils » qui donnera à la France une belle marge de manœuvre pour formater à sa manière le volet national de la Pac : 1,4 milliard d’euros avait été réorienté vers l’assurance récolte, l’herbe, l’élevage ovin – ce qui lui a valu une ovation sans précédent au congrès des producteurs d’ovins. Il a été, en revanche, la bête noire des céréaliers, principaux perdants de la réforme, d’autant plus que son gouvernement se positionnait pour l’interdiction du maïs génétiquement modifié Mon 810.
HVE, OGM, LME
En tant que ministre de l’Agriculture, Michel Barnier laisse l’image d’un homme ouvert aux questions environnementales. Il traduira le Grenelle de l’environnement en quatre plans : le premier plan Ecophyto de réduction des pesticides ; un plan de relance du bio ; un programme de certification à haute valeur environnementale (HVE) ; un plan de performance énergétique des exploitations. Il aura également eu à appliquer les règles européennes pour réduire les nitrates en Bretagne. Il terminera son mandat avec le soutien du président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer – mais le syndicat majoritaire frisera toutefois la scission d’une partie des céréaliers. Bien sûr, le Savoyard n’a pas remporté toutes ses batailles. Bien qu’opposé à son principe, Michel Barnier n’a pas réussi à empêcher la fin des quotas laitiers – face à une commissaire à l’Agriculture très libérale, Mariann Fischer Boel – ni à jeter les bases d’une Pac forte. C’est aussi son gouvernement qui adoptera la loi de modernisation de l’économie (LME), réputée pour avoir accéléré la guerre des prix entre les distributeurs. Après son passage Rue de Varenne, Michel Barnier ne s’éloignera pas complètement de l’agriculture. En 2019, alors négociateur en chef de l’Union européenne sur le dossier du Brexit, il livrera un vibrant plaidoyer pour l’Union européenne au congrès de la FNSEA.
Pour la FNSEA et JA : « Priorité à l’agriculture »
« Jeunes agriculteurs et la FNSEA appellent Michel Barnier à placer l’agriculture dans les priorités immédiates de son gouvernement, pour lever au plus vite les incertitudes qui pèsent sur l’activité agricole », ont réagi les deux organisations syndicales agricoles après la nomination de l’ancien ministre de l’Agriculture à Matignon. Lui demandant de donner la priorité à ce secteur d’activité, la FNSEA et JA suggèrent au nouveau chef du gouvernement de « corriger les dérives structurelles qui grèvent le goût d’entreprendre en agriculture pour redonner toute sa capacité de production à notre pays. » Lui rappelant les fortes attentes nées des mobilisations historiques du début de l’année 2024, les deux syndicats l’invitent « à se saisir au plus vite de leur loi « Entreprendre en agriculture » qu’ils ont présentée le 30 août. Ils lui demandent, enfin, de nommer « dans les plus brefs délais un ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire de plein exercice ».