ORGANISATIONS D’ÉLEVAGE
Le site des Soudanières, pôle de compétences et d’innovation de référence

Patricia Flochon
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Vendredi 9 juin était inauguré le site des Soudanières à Ceyzériat. Fort de onze sociétés (les Organisations d’élevage) et du bâtiment d’Okteo, siège de l’entreprise numérique coopérative, le site se veut aujourd’hui un véritable pôle d’attractivité. Retour sur la concrétisation de ce projet ambitieux et novateur initié il y a trois ans.

Le site des Soudanières, pôle de compétences et d’innovation de référence
Michel Pivard, président d’Okteo, entouré (de gauche à droite) du sénateur Patrick Chaize, Jean-François Debat, président de Grand Bourg Agglomération, Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, et Gérard Mucke, directeur des Organisations d’élevage. PHOTO/ PF

Vendredi dernier, adhérents, clients, partenaires et collaborateurs des Organisations d’élevage et d’Okteo, mais aussi des élus, dont le sénateur Patrick Chaize, le président de Grand Bourg Agglomération, Jean-François Debat, Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, ont répondu nombreux à l’invitation de Michel Pivard pour l’inauguration du site des Soudanières. Une journée placée sous le signe de l’intelligence artificielle, au coeur des enjeux du projet Okteo 2028, avec l’intervention de trois experts en la matière, Colin Bernet, docteur en physique des particules qui a notamment contribué à la découverte du Boson de Higgs ; accompagné de Fayçal Rezgui, dirigeant de CTT Cynapps et de Andry Razafinjatovo, dirigeant de Ryax Technologies. 

Genèse et réalisation d’un projet d’envergure

Le site des Organisations d’élevage de Ceyzériat était créé en 1949, avec la coopérative agricole Ain Génétique Service. En 1962, c’est la naissance du syndicat de contrôle laitier (Acsel Conseil Elevage aujourd’hui) ; en 1968 : la création d’Umotest, station de sélection de la race Montbéliarde ; puis en 1970, l’arrivée de BoviCoop ; en 1971, la création du laboratoire régional d’analyses de lait et la naissance de CMRE (aujourd’hui Okteo) ; en 1978 : Sorelva, la Sica commune des organisations d’élevage ; en 1984 : la filiale de CMRE ; en 1991, le GDS s’installe sur le site et l’année 2000 est marquée par l’installation du laboratoire César. En 2003, la création de la SCI des Soudanières permettait le portage de l’ensemble du foncier et des biens immobiliers. De nouveaux bâtiments étaient construits : salles de réunion, siège social d’Umotest et laboratoire. Et en 2015, la création d’Arc Paye, suivie l’année suivante par le laboratoire Mael. 

11 sociétés, 350 salariés, 120 M€ de chiffre d’affaires 

« Les fondateurs du site et leurs successeurs, ont souhaité développer un pôle d’élevage, situé stratégiquement au coeur du Revermont, axé sur la complémentarité et la collaboration entre les sociétés. Les Organisations d’élevage comptent aujourd’hui onze sociétés, certaines d’entre elles rayonnant sur plusieurs départements ou régions. Avec la croissance forte d’Okteo, ces onze sociétés représentent environ 350 salariés pour 120 M€ de chiffre d’affaires », rappelait vendredi Michel Pivard, président d’Okteo et co-gérant de la SCI des Soudanières. Le projet de faire du site des Soudanières « un véritable pôle d’attractivité », remonte à 2018. Et Michel Pivard d’ajouter : « Avec l’accompagnement de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ain et le soutien de Bourg-en-Bresse Agglomération, nous avons réalisé un premier diagnostic énergétique, complété par une expertise plus poussée. Le bâtiment originel d’Okteo, construit au début des années 70 était une passoire thermique. Nous étions également désireux d’améliorer les conditions de travail pour l’ensemble des collaborateurs et rendre plus attractif le site afin d’attirer de nouvelles compétences ; conscients des enjeux environnementaux nous avions aussi la volonté de réduire et d’optimiser notre consommation énergétique et de produire de l’énergie verte ». C’est pourquoi au-delà de la construction du nouveau bâtiment Okteo (en juillet 2021, lors des 50 ans d’Okteo, était inaugurée la construction de la première tranche des travaux du nouveau bâtiment), décision était prise de porter un projet complet pour le site des Soudanières : nouveaux bureaux, rénovation et extension du bâtiment ancien, construction d’une nouvelle cuisine et d’un espace de restauration, installation de panneaux voltaïques en toiture et l’implantation de quatre ombrières, installation d’un parc de bornes de recharge pour véhicules électriques, et réaménagement des abords et places de stationnement.

Trois ans de chantier

Les travaux ont débuté en janvier 2020 par la création d’un nouveau parking de 34 places. Puis lancement de la première phase de travaux : construction d’un nouveau bâtiment de 1 100 m² sur quatre niveaux, adossé à l’existant (livré en juillet 2020). Deuxième phase : la rénovation des 1 700 m² de bâtiment existant, avec l’extension de 500 m² sur sa façade Ouest (livraison le 6 janvier dernier), pour une surface totale aujourd’hui de 3 200 m². En parallèle a été construit un nouvel espace de restauration d’entreprise. Baptisé « La table des Soudanières », doté d’une cuisine moderne de 76 m², il permet d’accueillir simultanément 120 personnes. Les repas préparés sur place avec des produits locaux sont servis aux salariés, avec possibilité de réservation en ligne. Autres points forts du site : sept salles de réunion, un parc photovoltaïque (477 panneaux) pour une production de 200 kWh autoconsommée (soit 40 % de la consommation), et 20 bornes de recharge pour véhicules électriques accessibles à tous via l’application Freshmile, ainsi qu’un Superchargeur de recharge rapide. Montant total de l’investissement : 7 M€, subventionné à hauteur de 75 000 € par le Département et 25 000 € pour les bornes de recharge. Sur les 21 entreprises qui sont intervenues sur le site, 18sont Aindinoises.

Les cas d’usage de l’IA dans le secteur agricole

Lors de la table ronde dédiée à l’intelligence artificielle et son champ des possibles déjà immense, Andry Razafinjatovo a présenté quelques cas d’usage dans le secteur agricole. Des innovations issues d’un projet européen, mené avec 17 partenaires, avec pour objectif « d’en faire, via des applications, un service utilisable par les gens du métier ». Et d’évoquer les prédictions de rendements au niveau des cultures : « par exemple, sur du soja bio, grâce à l’IA, on va prédire quel va être le rendement et la teneur en protéines. Auparavant on travaillait avec des super calculateurs, avec des modèles mathématiques. Aujourd’hui avec l’intelligence artificielle, on va regarder ce qui se passe en réel dans les champs et on va adapter notre réflexion et notre analyse. C’est beaucoup plus précis et régulier, en ayant des caméras, des capteurs, qui vont remonter de la donnée et nous aider à prédire. On peut avoir aussi de la prédiction de rendement sur le raisin, afin de savoir comment adapter les vignes à l’évolution climatique, à l’aide de modèles prédictifs climato-intelligents. Face aux évènements de grêle de plus en plus fréquents, du chaud, du froid, de l’eau…, en fonction des prédictions, le viticulteur peut adapter la protection de ses vignes. L’objectif de l’IA, ce n’est pas de faire à votre place, mais de vous apporter une aide, un service ». Autre application : de l’IA ajoutée à des robots. Objectif : « on va avoir par exemple de petits robots qui vont agir de façon corrélée sur l’ensemble des parcelles et faire le même travail que le tracteur, sauf qu’ils vont le faire de façon indépendante sur de plus petites parcelles, avec à la clé un gain en productivité énorme », ajoute Andry Razafinjatovo. Autre révolution, concernant l’élevage cette fois-ci : la détection de comportements à risque chez l’animal, l’optimisation de la nourriture donnée aux animaux en fonction de leur évolution (analyse de l’assimilation de la nourriture pour adapter la typologie de ration et quelle quantité), l’analyse du lait, etc. Les bénéfices : moins de gaspillage, retour sur investissement, ou encore diminution de l’impact environnemental.