VOLAILLES DE BRESSE
Jean-Michel Sibelle rafle 10 prix

Ludivine Degenève
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La Ville de Montrevel-en-Bresse a inauguré mardi 13 décembre la 160ème édition des Glorieuses, célèbre concours qui met à l’honneur la volaille de Bresse. Professionnels, élus et habitués du concours se sont donné rendez-vous pour échanger autour d’un des savoir-faire phares de l’Ain. Le célèbre concours bressan se déroulera également vendredi 16 décembre à Bourg-en-Bresse, samedi 17 à Louhans, et dimanche 18 à Pont-de-Vaux.

Jean-Michel Sibelle rafle 10 prix
L'un des experts de la Volaille de Bresse, Jean-Michel Sibelle, remporte le 1er prix ex-aequo avec son lot de quatre chapons. PHOTO/LD

Cinq heures, les premiers éleveurs commencent à s’installer dans le gymnase de Montrevel-en-Bresse. Très vite, c’est près de 500 volailles qui se retrouvent alignées. La concentration est à son paroxysme pour les 16 éleveurs venus ce mardi 13 décembre aux Glorieuses, concours organisé par Bresse Gourmande. Plusieurs catégories sont annoncées : chapons, poulardes, mariages…  Il y en a pour tous les goûts. « La Glorieuse de Montrevel est très professionnelle. Il y a beaucoup de chefs, de bouchers et de grossistes », explique Katy Moliere, chargée de communication au Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB). 
Sept heures trente, d’immenses rideaux sont tirés, séparant la salle en deux. Les éleveurs doivent quitter leurs protégées pour laisser place au jury qui, dans l’impartialité la plus totale, va attribuer les prix, selon plusieurs critères. Tout d’abord le poids, qui se doit d’être suffisant par rapport au cahier des charges de l’AOP. Les pattes doivent être d’un bleu parfait, signature de la Gauloise de Bresse, avec son plumage blanc et sa crête rouge. Le corps doit également être dense et l’emmaillotage bien serré. Le jury note enfin l’homogénéité entre les volailles de chaque lot.
 
Un marqueur de l'agriculture locale 
 
La fin de matinée sonne l’arrivée du public mais aussi l’annonce du palmarès tant attendu. Et l’habitué des concours, Jean-Michel Sibelle est de nouveau sur la première marche du podium avec un total de 10 prix, dont le grand prix d’honneur des chapons, lot de quatre, des poulardes, lot de trois, des poulet roulés, lot de trois (dans cette catégorie, il a également remporté le prix d’honneur et la première place) et le prix d’honneur en mariage, lot de deux.
Lors de cette cérémonie, de nombreux élus et personnalités politiques étaient présents, à l’instar de Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète de l’Ain, Jean Deguerry, président du Département de l’Ain, Xavier Breton (LR), député de la première circonscription de l’Ain, Jean-François Debat, président de Grand Bourg agglomération et Jean-Yves Brevet, maire de Montrevel-en-Bresse. Et ce dernier d’ajouter : « Les Glorieuses de Bresse font partie de ces marqueurs qui nous rappellent que le monde agricole a su conserver une place éminemment à part dans notre pays. »

L’histoire des Glorieuses

Il faut remonter au 23 décembre, à Bourg-en-Bresse, pour trouver trace du premier concours de volailles mortes. Ces concours sont l’aboutissement d’une année de travail pour les éleveurs qui soumettent leurs plus belles volailles roulées à l’appréciation du jury, composé de gastronomes avertis, de professionnels et chefs de cuisine.

Communiqué de presse

Démonstration de roulage

Démonstration de roulage

Pendant que le jury est en train de délibérer, une démonstration de roulage était présentée de l’autre côté du gymnase, réalisée par Rachel Roussel-Voisard, exploitante à Chapelle-Voland dans le Jura depuis 2003. Le roulage est une technique ancestrale « inégalée, selon Katy Moliere. Le roulage est avant tout un savoir-faire, une passion. » Rachel Roussel-Voisard commence sa démonstration en enroulant la volaille dans une toile de coton et de lin. À l’aide d’un fil et d’une aiguille, elle coud le tissu pour enrouler la volaille. L’éleveuse serre le tissu avec un tir fil, de l’intérieur vers l’extérieur en précisant que cet outil ne se prête pas. « C’est comme le sécateur pour les vendanges, dès qu’on en a un bon, on le garde », s’amuse-t-elle. Généralement, le serrage est effectué par des hommes, car cela requiert une grande force physique. Néanmoins, ça n’empêche pas les femmes de réaliser cette tâche, comme Rachel Roussel-Voisard, qui abat autant qu’elle élève, comme l’ensemble des concurrents ce jour-là. Cette étape de l’enroulage dure principalement entre un quart d’heure et vingt minutes pour les plus doués.

Mesures d’hygiène drastiques pour les éleveurs

Les différents cas d’influenza aviaire recensés dans le département et aux alentours n’ont fait que renforcer les mesures d’hygiène dans les élevages de volailles. Désinfection du matériel et des tenues avant et après le passage dans les exploitations, tout a été mis en place pour limiter au maximum la propagation du virus.
Mais les mesures préventives ne s’arrêtent pas à la sortie des exploitations. Aux Glorieuses aussi tout est mis en place pour protéger les éleveurs, le jury, les élus, et le public. « On a déjà anticiper, et heureusement, explique Katy Moliere, chargée de communication du CIVB, en référence au cas d’influenza aviaire détecté le 4 décembre sur un élevage d’oies, de volailles de Bresse, et de poules pondeuses à Montret en Saône-et-Loire. Mais on va être encore plus vigilent. » Un pulvérisateur est mis à disposition à l’entrée du site pour désinfecter les véhicules avant et après le concours. Les éleveurs devront également marcher sur un tapis de désinfection avant d’entrer dans les salles. Enfin, il est bien spécifié qu’ils doivent se présenter au concours en tenue de ville. Les côtes et bottes de ferme ne seront pas acceptées.

Valérie Blanc : premier prix Espoir de Bresse

Valérie Blanc : premier prix Espoir de Bresse

Valérie Blanc est éleveuse de volailles de Bresse depuis un an sur la commune de Saint-Nizier-le-Bouchou. Si elle se présente dans la catégorie espoir de Bresse*, c’est parce qu’elle s’est inspirée des plus grands. « Je suis allée apprendre chez Max Cormarèche pour le roulage. Il m’a amené sur les concours et j’ai voulu tester », explique la jeune femme de 24 ans. Pour le concours, elle présente dix chapons et dix poulardes.

*Cette catégorie rassemble les jeunes éleveurs qui se présentent pendant les cinq premières années.