PRÉDATION
Loup : un premier cas de reproduction observé dans l’Ain

Margaux Legras-Maillet
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Pour la première fois dans l’Ain, des loups juvéniles ont été observés. D’ordinaire, l’animal est aperçu seul et occasionnellement sur le territoire. Un événement qui rappelle que le département est aujourd’hui considéré comme front de colonisation par l’espèce. 
 

Loup : un premier cas de reproduction observé dans l’Ain
Deux juvéniles ont été observés récemment, indique la préfecture de l’Ain. Photo/RNN Haute Chaîne du Jura

Deux louveteaux ont été observés au sein de la réserve naturelle nationale de la Haute Chaine du Jura, a annoncé la préfecture dans un communiqué de début septembre. C’est la première fois qu’une reproduction de l’animale est observée dans le département. Les deux juvéniles ont été repérés par les agents de la réserve, en lien avec l’Office français de la biodiversité (OFB) dans le cadre du réseau national « Loup Lynx ».                                                                                                         La plupart du temps, l’animal est observé seul et occasionnellement. À noter que depuis 2019, l’Ain est considéré comme front de colonisation par l’espèce. Le loup y est en effet « présent de manière passagère, mais récurrente », indique le communiqué. 

Plus de 1 100 loups recensés en France 

L’occasion de rappeler la réévaluation récente par l’OFB du nombre de loups présents sur le territoire français. La population lupine s’élèverait à 1 104 individus et non à 906, contrairement à ce qui avait été annoncé provisoirement le 3 juillet dernier. Jean-Paul Celet, préfet référent sur le loup, indique avoir décidé, « en accord avec les ministères concernés », de « réévaluer le plafond de tirs dérogatoires », fixé à 19 % des effectifs. Ce nouveau chiffrage était attendu et fait partie de la procédure habituelle.
Dans le détail, après « prise en compte des analyses génétiques », l’OFB a évalué le chiffrage définitif de la population de loups pour 2022 à 1096 individus (contre 921 précédemment). Ce chiffre pour 2022 est pris en compte dans l’évaluation de la population de 2023, obtenue à partir des « indices de présence récoltés au cours de l’hiver », ainsi que d’une « relation statistique avec la valeur consolidée des années antérieures ». Dans son message, le préfet référent ajoute que le futur Plan loup, attendu dans les prochaines semaines, visera « la sortie d’un seul chiffre stabilisé par an ». Un chantier qui ne remet pas en cause la méthode de comptage, qui « reste à ce jour l’une des plus élaborées et parmi les plus abouties en Europe », selon le représentant de l’État.

Vers une révision du statut de protection européen ? 

La Commission européenne a annoncé le 4 septembre qu’elle était prête à présenter « une proposition visant à modifier le statut de protection du loup au sein de l'Union européenne (UE) et à mettre à jour le cadre juridique, afin d'introduire, lorsque c'est nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l'évolution de cette espèce ». Une initiative lancée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle-même : « La concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'Homme », estime-t-elle.   
Les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées sont donc invitées à soumettre, d'ici au 22 septembre 2023, des données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts. Cette initiative a immédiatement été saluée par Marc Fesneau en marge de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE à Cordoue dans le Sud de l’Espagne, même si celui-ci a regretté que cette décision arrive si tard. En juin, une douzaine de ministres de l’Agriculture de l’UE avaient une nouvelle fois demandé à Bruxelles de revoir les règles encadrant la gestion des populations de grands carnivores (loups et ours en premier lieu) dont le nombre a fortement augmenté au cours des dernières années. La Roumanie, à l’origine de l’initiative (soutenue notamment par la France, l’Italie, la Finlande et l’Autriche), souhaite que le statut du loup, notamment dans la directive Habitat, soit reclassé de l’annexe IV (statut de protection stricte) à l’annexe V (statut de protection simple).