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Bientôt un étiquetage bien-être animal ?

Dans un avis qu’elle a rendu public le 2 mai, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) propose un étiquetage du bien-être animal, à l’image de ce que le Nutriscore est pour l’alimentation.

Bientôt un étiquetage bien-être animal ?
L'Anses propose de créer un étiquetage sur le bien-être animal qui prendrait en compte une échelle de cinq niveaux, allant de A, le meilleur, jusqu'à E le plus mauvais.

« Lignes directrices pour l’établissement de référentiels d’étiquetage du bien-être des animaux ». Tel est l’intitulé du rapport de presque 286 pages que l’Anses vient de rendre public, après plus de deux ans et demi de travaux. L’Agence rappelle qu’elle s’est autosaisie de ce sujet en septembre 2021, en particulier pour répondre aux demandes de citoyens fort intéressés par « les conditions de vie et de mort des animaux d’élevage ». Elle souligne également que la Commission européenne a inscrit l’opportunité d’un étiquetage sur le bien-être animal (BEA) dans le calendrier de sa stratégie Farm to Fork. Ce qui vient en quelque sorte légitimer son rapport. Que ressort-il de ces presque trois ans d’études scientifiques basées sur la définition que l’Anses a donnée au BEA en 2018 : « état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes » ?

Information crédible

L’Agence propose de créer un étiquetage qui prendrait en compte une échelle de cinq niveaux, allant de A, le meilleur, jusqu'à E le plus mauvais. Le niveau E, correspondrait au respect minimal de la législation européenne sur le bien-être animal. Cette classification s’inspire en partie des propositions formulées en octobre 2020 par La Fondation droit animal (LFDA) présidée par l’ancien président de Renault, Louis Schweitzer. Lui-même s’appuyait sur un sondage de mars 2023 qui indiquait que 76 % des Français souhaitent un étiquetage obligatoire sur ce BEA. Dans l’esprit des scientifiques, il est clair que le bien-être animal suppose une obligation de résultat et pas seulement une obligation de moyens. Une telle contrainte supposera-t-elle une révision du cahier des charges de certains labels, comme le bio ou le label rouge ? L’étude reste très floue sur ce sujet. Une chose est certaine : l’information qui sera délivrée devra être crédible, car la clé de l’étiquetage, c’est la confiance. L'Anses précise aussi que le coût lié à cet étiquetage devra être pris en charge par les acteurs concernés, même si celui-ci n'est pour le moment pas chiffré. C’est d’ailleurs le message qu’adressait la FNSEA en février 2022 réclamant « une approche scientifique et économique ». La profession agricole et les filières n’ont pas ménagé leurs efforts depuis ces dix-quinze dernières années : fin du broyage des poussins mâles grâce à la technique de l’ovosexage ; élaboration d’une charte des bonnes pratiques dans l’élevage laitier ; mis en place de Boviwell ; interdiction de la castration à vif des porcs depuis le 1er janvier 2022 ; retrait progressif des poules en cage qui ne représente plus que 20 % des élevages, etc.

Excès de normes

Étienne Gangneron, ancien responsable bio à la FNSEA, a précisé que « les nouvelles générations d’éleveurs sont beaucoup plus proches de leurs animaux et adoptent au quotidien des petits gestes qui ne se pratiquaient pas il y a dix ans ». Enfin, l’Anses recommande d’aller plus loin en vérifiant notamment les conditions de vie des animaux reproducteurs « parfois élevés à l’étranger » qui alimentent le marché français. C’est aussi l’une des recommandations de la profession d’introduire des clauses miroirs dans les accords de libre-échange qui couvre l’intégralité des productions. Car il n’est pas question que l’on importe des produits qui ne respecteraient pas les normes européennes. Le rapport de l’Anses ne reste cependant qu’un avis. Libre à chacun, notamment à la Commission européenne de s’en saisir. Cependant, à Bruxelles, l’heure est plutôt au détricotage des excès de normes… Un étiquetage sur le bien-être animal ne devrait pas être programmé à court ou moyen terme.

Christophe Soulard

Le rapport est disponible sur le site de l’Anses : www.anses.fr