AGRONOMIE
Plateforme AgroDombes : des leviers agronomiques pour l’avenir

Patricia Flochon
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Avec la plateforme d’essais AgroDombes, à Valeins, le partenariat entre collectivités et Chambre d’agriculture se concrétise pour répondre aux enjeux liés au changement climatique et évolution des pratiques agricoles. Visite guidée.

Plateforme AgroDombes : des leviers agronomiques pour l’avenir
Visite guidée et commentée par Flora Ogeron, chargée de mission Protection des cultures et agronomie à la Chambre d’agriculture, responsable des essais sur la plateforme. PHOTO/ PF

Lancée fin 2019, la plateforme d’essais AgroDombes, à Valeins, est née d’un partenariat entre la Communauté de communes de la Dombes et la Chambre d’agriculture de l’Ain. Le 30 mai dernier, une visite du site permettait de dresser un bilan des résultats obtenus, commentaires à l’appui de Flora Ogeron, chargée de mission Protection des cultures et agronomie et responsable des essais. Installée sur 6,7 ha sur la commune de Valeins, la parcelle d’essais, propriété de la Communauté de communes (basée sur le territoire du PAEC* Chalaronne Aval, en lien avec le PAEC Dombes-Saône), s’inscrit dans une démarche aux enjeux multiples : tendre vers le « zéro phyto » et la certification HVE3**, répondre aux enjeux climatiques (en particulier les manques et/ou excès d’eau), communiquer et interagir avec le grand public et créer du lien entre éleveurs et céréaliers. Des essais systèmes visant à déterminer les leviers agronomiques optimums pour aider les agriculteurs à améliorer leurs pratiques. « Ces essais sont réalisés sur six bandes, avec des rotations de cultures chaque année qui permettent de recueillir des données et de la référence. Avant de mettre en place l’essai, une rencontre a été organisée entre agriculteurs, élus de la Communauté de communes et techniciens. Nous travaillons avec un groupe pilote composé d’agriculteurs et du lycée agricole de Cibeins. L’idée était de construire une démarche innovante, mais qui soit reproductible dans les fermes. Nous travaillons avec deux Cuma (l’Abergement-Clémenciat et Romans) ; et pour les semences et engrais avec Oxyane, le groupe Bernard et des agriculteurs », explique Flora Ogeron. 
 
Leviers agronomiques
 
Un site qui sert de base à l’élaboration et mise en pratique d’itinéraires techniques, gestion de l’interculture et désherbage mécanique, association de différentes cultures, mélange, solutions d’amélioration de la structure du sol, etc. Des essais qui portent sur la rotation de cultures telles le tournesol, l’association lentille/Caméline, le blé tendre d’hiver en mélange variétal, sorgho (ou tournesol, ou soja), colza d’hiver, méteil (avoine de printemps, orge de printemps et pois protéagineux), etc. Et Flora Ogeron d’ajouter : « On limite les cultures qui nécessitent du binage, comme le sorgho et le maïs. Cette année, l’objectif était de développer les essais de méteil, à destination de l’alimentation animale et à l’avenir pour l’alimentation humaine. Pour le blé, les grains seront moulus en farine humaine par un agriculteur. Nous en sommes au troisième essai pour la lentille, une culture qui n’aime pas les excès d’eau. Nous avons commencé en 2021, année pluvieuse. Mais en 2022, nous avons pu observer une bonne reprise. Après triage, on a fait douze quintaux. L’intérêt de la lentille est de pouvoir étaler le temps de travail avec des fenêtres de semis précoce que les cultures de printemps. Elle se récolte après le blé. »
 
Verger conservatoire et haie champêtre
 
L’implantation d’un verger démonstratif (variétés classiques et anciennes de pommiers, poiriers, cerisiers, pêchers, abricotiers et petits fruits) répond aux enjeux du programme alimentaire territorial, de diversification agricole et changement climatique. Des aménagements intra-parcellaires ont également été réalisés, avec la plantation de 650 mètres linéaires de haie champêtre, la création d’une mare de 350 m², le semis de prairie en 2021 et de micro-bandes enherbées, aménagements en faveur des auxiliaires comme des nichoirs, etc. Objectif de la démarche : « Les résultats nous permettront au bout des six ans d’essais d’écrire un itinéraire technique et de réaliser une analyse économique via le logiciel Systerre d’Arvalis, utilisable avec le logiciel de la Chambre d’agriculture : MesParcelles. La plateforme est aussi un outil d’interaction avec le grand public et les écoles, avec l’organisation de visites et formations, par exemple sur la taille du fruitier », ajoute Flora Ogeron. Un véritable projet de territoire, partenariat gagnant-gagnant pour les collectivités locales et le monde agricole.  

* Projet agro environnemental et climatique.
** Certification haute valeur environnementale.