COURS D'EAU
Séran et marais de Lavours : réhabilitation vertueuse des cours d’eau
Bilan positif pour la réhabilitation de près de 2 km de cours d’eau, du Séran, des Rousses et du marais de Lavours. Un investissement collectif qui fait figure d’exemple et répond à des enjeux environnementaux forts.
Initiée en 2020, la réhabilitation environnementale du Séran, des Rousses et du marais de Lavours est actée. Au pied du Grand Colombier, dans la plaine du Haut-Rhône, des cours d’eaux étaient rectifiés il y a plus de deux cents ans pour « assainir » les terres et les cultiver. Ils sont aujourd’hui réhabilités pour mieux garder l’eau dans la zone humide et restaurer des habitats naturels en faveur de la biodiversité. Un projet inscrit dans le programme d’actions du contrat de rivière du bassin versant du Séran ainsi que dans le plan de gestion 2011-2020 de la réserve naturelle nationale du marais de Lavours. Le 28 septembre dernier, l’inauguration des travaux de réhabilitation a eu lieu à la maison du marais, à Aignoz, en présence de Pauline Godet, présidente de la Communauté de communes Bugey-Sud, Pierre Cochonat, vice-président en charge des cycles de l’eau, Nicolas Alban, directeur de la délégation territoriale de Lyon de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, et Yannick Scalzotto, sous-préfet de l’arrondissement de Belley.
Un projet au bénéfice de la nappe phréatique
« Ces travaux sont des éléments majeurs de la mise en valeur du patrimoine. En octobre 2019, notre commune avait approuvé la labellisation en ENS1 du marais de Lavours. La concertation entre toutes les collectivités et les partenaires2 ont permis la concrétisation de ce projet cette année », rappelait en préambule Jean-Marc Dupont, maire délégué de Culoz-Béon. L’objectif de ce type de projet est l’atteinte du bon état de l’eau et milieux aquatiques au sens de la directive Cadre sur l’eau. Des règles qui s’appliquent dans le cadre de la mission 3 de la Gemapi3 : entretien et réhabilitation environnementale des milieux aquatiques. Et Vincent Molinier, responsable du service Gemapi à la Communauté de communes Bugey-Sud, d’expliquer : « Il s’agit de réhabiliter les caractéristiques physiques des cours d’eau, quelque peu bouleversés par l’action de l’Homme durant les siècles passés qui l’a transformé en canal d’écoulement, sans vie où l’eau s’écoule trop vite. Trop vite au point que la rivière s’enfonce et de ce fait n’alimente plus correctement la nappe phréatique, surtout en période d’étiage. Il ne faut pas que ce soit la nappe qui alimente la rivière en eau, mais le contraire. Il faut donc pour cela rééquilibrer tous ces paramètres en modifiant le tracé du cours d’eau, son profil en long et en travers ».
800 000 € investis, objectifs atteints
Au final, l’opération a porté sur 1 800 m linéaires de cours d’eau s’inscrivant dans le lit majeur d’une surface très importante au sein du marais de Lavours (plus de 150 ha). À commencer par des travaux forestiers (broyage, dessouchage, arrachage, gestion d’espèces exotiques envahissantes diverses), suivis par du terrassement (décapage, déblais, remblais, recharge, aménagements divers en milieux aquatiques), et comblement de rivières rectifiées. Sans oublier des travaux de génie végétal avec la récolte de graines de marais, fauche et fanage de marais pour l’ensemencement des zones de travaux, boutures, récupération d’hydrophytes et hélophytes et stabilisation de berge par géotextiles. Coût total de l’opération : 800 000 €, avec le soutien de l’Agence de l’eau (40 %), le Département de l’Ain (10 %) et la Région AURA (30 %). Une qualité de réalisation saluée par Pierre Cochonat : « les objectifs ont été atteints. La création du nouveau lit a permis d’optimiser les échanges avec la nappe phréatique. Il faudra des années pour mesurer les effets, mais déjà les remontées sont conséquentes. Les résultats sont probants et visibles ». Un projet qui s’inscrit dans une démarche globale. Ainsi que le rappelait Nicolas Alban, de l’Agence de l’eau : « Une rivière artificialise n’apporte plus les services que l’on attend d’une rivière et devient dangereuse. Depuis 2019 nous avons déjà restauré 270 km de cours d’eau. Cette opération participe à ce très bon bilan ».
1 Espace naturel sensible.
2 Conseil départemental de l’Ain, mairies de Béon et Ceyzérieu, réserve naturelle nationale du marais de Lavours, fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de l’Ain, association de pêche et protection du milieu aquatique du Bas-Bugey (AAPPMA), association Eau et Rivières du Marais.
3 Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.
