BOVINS LAIT-VIANDE
Lait : les revenus et les prix à la hausse

L’Institut de l’élevage a publié son dossier annuel sur les bovins laitiers pour l’année 2017 et les perspectives pour l’année 2018. Si les revenus des éleveurs se sont améliorés au cours de l’année, notamment grâce à la hausse du prix du lait, la situation reste difficile pour une majorité d’exploitations.
Lait : les revenus et les prix à la hausse

L'Institut de l'élevage (Idele) dresse le bilan de la production laitière française en 2017, dans son dossier annuel, publié en mars. Les éleveurs ont bénéficié d'une hausse de leur revenu en 2017. L'augmentation est faible pour les producteurs des montagnes de l'Est ainsi que pour les bio de plaine, mais leur revenu s'établit en moyenne respectivement à 29 300 € et 32 800 €. Tandis que les éleveurs des montagnes et des piémonts du Sud ont vu s'accroitre de 6 000 € leur revenu, ce dernier reste en dessous de 20 000 € en moyenne. Les gains ne suffisent pas à améliorer leur situation. 38 % des exploitations ont une trésorerie nette globale négative, et autant sont endettées à long et moyen terme. Au 1er janvier 2018, le cheptel français comptait 3,75 millions de têtes, soit 32 000 de moins qu'un an auparavant (- 0.8 %), selon les chiffres de l'Idele. Il s'agit de la troisième année de baisse consécutive. L'élevage se concentre de plus en plus dans les bassins laitiers denses et là où le lait est le plus valorisé. La collecte a très légèrement augmenté par rapport à l'année précédente pour atteindre 24,6 millions de tonnes (+ 0,6 %). Elle a commencé l'année en retrait et est restée ralentie jusqu'en juillet, avant de dépasser les niveaux de 2016, grâce aux bonnes conditions climatiques pour la pousse de l'herbe et aux bonnes récoltes de maïs. Le prix du lait standard, en augmentation, atteint son meilleur niveau depuis 2014. Il a gagné 40 €  (+ 14 %) en glissement annuel et s'est élevé à une moyenne de 334 € les 1 000 litres. Celui du lait, calculé pour une valorisation beurre et poudre maigre, a aussi progressé de 30 % par rapport à 2016.

La consommation de produits laitiers en berne

La production de produits frais est, quant à elle, en recul. Le lait conditionné, les yaourts, les desserts frais, le beurre et les fromages blancs, accusent une baisse de 3 %. Mais ce sont les matières grasses laitières anhydres qui affichent la diminution la plus forte (- 16 %).
A l'inverse, la fabrication de crèmes de consommation a augmenté de 5 %. Les fromages, quant à eux, se maintiennent. En ce qui concerne les ingrédients secs, les poudres maigres chutent de 7,3 %. Cependant les caséines et les poudres infantiles sont en forte hausse, respectivement 24 % et 6,7 %, et les poudres grasses en légère augmentation. Globalement, la vente de produits laitiers en grandes et moyennes surfaces (GMS) régresse sur l'année 2017 de 3 % par rapport à 2016. Avec la montée des prix de vente moyens de 3 %, l'Idele estime toutefois que « les ménages ont maintenu leurs dépenses ». Les volumes de vente de laits liquides reculent de 4 %, de même que ceux de fromages frais de 5 %, ainsi que de desserts lactés frais et laits fermentés de 2 %. Ces diminutions sont aussi notables en valeur. Le beurre et la crème suivent la même tendance, mais plus faiblement, et ils bénéficient aussi d'une légère croissance en valeur. Seules les ventes de fromages sont à la hausse en volume (+ 0,4 %) et en valeur (+ 2 %). La détérioration de la consommation de laits liquides s'observe aussi en 2017 (- 3%). Les Français ont consommé 10 kg de moins de lait qu'il y a 10 ans, sur l'année écoulée. Les yaourts, desserts frais et crèmes, sont tous à la baisse, seule la consommation de fromage se maintient.

Le lait bio continue son ascension

En 2017, le nombre d'exploitations livrant du lait bio est passé de 2 315 en août à 2 760 en décembre.
Au 4ème trimestre, la collecte a bondi de 41 % par rapport à 2016, grâce aux bonnes conditions fourragères et à l'achèvement de conversions de nouveaux éleveurs. Elle a progressé de 14 % sur l'année, soit 77 000 tonnes de plus de lait, pour atteindre les 646 000 tonnes. La production laitière bio représente 2,6 % du lait de vache collecté en France.
La hausse devrait se poursuivre en 2018 avec la venue de nouveaux agriculteurs. La consommation progresse aussi en volume et en valeur. Selon l'Idele, d'après les chiffres de FranceAgriMer, le prix du lait standard bio s'élevait à 454 € / 1 000 l en 2017, soit 11 € de plus qu'en 2016 (+ 4,9 %), et 117 € de plus que le prix du lait standard conventionnel.
Selon l'enquête conversions bio du Cniel, « la collecte de lait bio devrait dépasser 980 millions de litres fin octobre 2019 », soit une hausse de 65,1 % de la collecte par rapport à mai 2016.

 

 

VIANDE

Un marché intérieur contrasté en 2017

Selon l’Institut de l’élevage, en 2017, les différents marchés de bovins viande ont été contrastés. Les revenus des naisseurs sont restés stables, à des niveaux modestes, alors que ceux des engraisseurs et des systèmes avec cultures ont bien évolué. Dans son dossier annuel, présentant l’économie des bovins viande, l’Institut de l’élevage (Idele) indique que 2017 a été une année très contrastée. Concernant le marché des gros bovins en France, le marché des femelles est resté sous pression, en raison de nombreuses réformes allaitantes et de l’érosion de la consommation. Elle a diminué de 2 % entre 2016 et 2017. Ainsi, au 1er décembre 2017, on comptait 3,95 millions de vaches allaitantes. Le marché des mâles s’est allégé.
La production française de gros bovins finis a diminué de 1,8 % entre 2016 et 2017. Les exportations françaises ont donc été pénalisées par cette baisse de production. Les expéditions françaises ont tout de même progressé de 1 % entre 2016 et 2017, notamment grâce à l’augmentation des exportations vers le Benelux. Après une année 2016 au plus bas, les prix des gros bovins se sont dans l’ensemble redressés, le prix moyen pondéré est établi à 3,61 euros par kilogramme de carcasse soit 4 % de plus qu’en 2016. Les cotations des broutards ont également progressé durant cette période. Le charolais a affiché les hausses les plus élevées. L’Institut de l’élevage estime que, pour la troisième année consécutive, les exportations françaises de broutards ont augmenté. Avec près de 1,1 million de têtes, la hausse se chiffre à 1 %. En 2017, les envois français se sont principalement centrés sur les marchés historiques, italien et espagnol.
Des revenus contrastés selon les systèmes
Concernant les revenus de l’ensemble des exploitations, les produits se sont améliorés malgré la baisse des aides et l’effondrement du prix des femelles au second semestre. Avec un Ipampa presque stable et un besoin d’achat d’aliments moins important qu’en 2016, les charges opérationnelles étaient en baisse. En revanche, les charges de structures ont augmenté sous l’effet de la hausse des prix des carburants. Au final, les revenus estimés en 2017 seraient tout juste stables pour les naisseurs, mais seraient en nette amélioration pour les systèmes avec cultures. Soutenus par les aides exceptionnelles de 2017, les revenus des naisseurs se sont maintenus à des niveaux modestes. Le résultat courant moyen s’est établi à 22 800 euros pour les naisseurs extensifs et à 17 500 euros pour les naisseurs intensifs.  Dans cette même période, l’ensemble des résultats courants ont progressé pour les systèmes avec cultures. En dépit de la convergence des aides Pac, l’activité d’engraissement des mâles a vu sa plus-value s’amplifier. En moyenne, le résultat courant des naisseurs engraisseurs de jeunes bovins avec des grandes cultures s’est établi à 34 500 euros. En 2018, l’Institut de l’élevage prévoit une légère baisse de la production française de viande bovine (- 1 %). La consommation devrait également poursuivre son érosion.