GRANDES CULTURES
Du retard mais de jolies levées pour les cultures de printemps

Margaux Legras-Maillet
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Après une sécheresse hivernale, ce printemps plus pluvieux a facilité la levée des semis de printemps. Quant aux cultures d’hiver, elles ont profité d’une bonne minéralisation. De quoi présager d’une belle qualité à venir si la météo n’en décide pas autrement. 

Du retard mais de jolies levées pour les cultures de printemps
Malgré des semis en retard, les levées de printemps semblent prometteuses. Photo/MLM

Sur le secteur Plaine de l’Ain, les semis sont désormais quasiment achevés, à quelques rares exceptions pour les sojas et maïs. Les pluies de ce début mai ont ralenti le travail avec des fenêtres d’ouverture plus courtes. « La contrepartie, c’est que nous avons pu semer dans le frais, et les levées sont plutôt jolies », se réjouit Florian Barge, agriculteur à Saint-Vulbas. Grâce à la pluviométrie plus clémente qu’en février, celles-ci n’ont pas nécessité d’être irriguées comme en 2020. Même constat du côté de la Dombes selon Rémy Bernin, agriculteur à Faramans. En Bresse aussi, les semis de ce printemps ont pris un peu de retard mais pour l’instant Mickael Grange, éleveur à Courtes, est plutôt satisfait de ses premières impressions : « En maïs et en soja les levées sont bonnes aussi. Certains ont pris un peu de retard parce qu’ils terminaient de récolter leurs ray-grass ou leurs cultures intermédiaires pour la méthanisation. » Les fourrages aussi semblent bien se porter. À moins qu’ils ne versent avant la fauche à cause des pluies, Mickael Grange estime qu’il devrait y avoir de la qualité et de la quantité.  
 
Un premier tour d’eau et une pression maladie sur les blés 
 
Quant aux cultures d’hiver, elles ont dans l’ensemble profité d’une bonne minéralisation, en Bresse, comme plus au Sud dans le département. Avec seulement 5 mm d’eau tombé à Saint-Vulbas le premier week-end de mai et des blés arrivés à épiaison, le manque d’eau s’est déjà fait sentir, note Daniel Biez, irrigant sur la même. « Nous avons commencé l’irrigation sur les blés cette semaine en plaine. Le premier tour est terminé mais c’est plutôt bien parce que l’année dernière à la même période, nous en étions déjà à trois tours », ajoute Florian Barge. Les inquiétudes liées à la sécheresse hivernale et au froid du mois de mars semblent même s’être quelque peu dissipées chez certains. 
Petite ombre au tableau, une légère pression maladie sur les blés liées aux températures douces et aux pluies régulières. Avec une contamination à l’oïdium et à la fusariose, il semble difficile de se passer d’un traitement au fongicide cette année, peut-être même de deux, souligne Florian Barge. En Bresse, chez Mickael Grange, le deuxième traitement aura lieu fin de semaine : « Sur Xarvio, (un OAD, utilisé pour le suivi des cultures de blé), l’Ain est inscrit en zone rouge pour la fusariose. »
 
Dombes et Plaine de l’Ain : de nombreux dégâts de sangliers 
 
Quelques inquiétudes viennent toutefois entacher la saison. À commencer par d’importants dégâts de sangliers et de corbeaux sur les semis de printemps. Selon Florian Barge, beaucoup ont dû resemé, deux, six, jusqu’à huit hectares chez un de ses collègues, raconte-t-il. Référent grandes cultures à la FDSEA, il incite les agriculteurs concernés à réaliser leurs déclarations de dégâts pour espérer un reclassement ESOD du freux. 
Le cours des céréales, toujours à la baisse, ne présage pas non plus du meilleur. « Beaucoup d’entre nous ont acheté leurs engrais tôt par crainte de pénurie. Nous sommes beaucoup à avoir acheté l’urée à 850 €/t en juillet, aujourd’hui elle vaut 400 €/t, et il y a deux ans, elle en valait 270 €… La situation n’a pourtant pas changé depuis cet été, la guerre en Ukraine est toujours là. En revanche le prix du maïs au mois de novembre s’élevait à 350 €/t contre 220 €/t aujourd’hui », dénonce Daniel Biez. 

Plus de filières à production végétale 
 
Avec la baisse des cours, certains agriculteurs se sont aussi orientés vers des filières à production végétale plus rentables, contractualisées avec leur coopérative. Oxyane a ainsi signé plus de filières cette année, explique Mickael Grange, par ailleurs administrateur de la coopérative. « En ce moment, il y a une forte demande sur le blé de force. De même que le maïs waxy. Sur la zone Oxyane, on en a mis plus que l’année dernière », poursuit Mickael Grange. Certaines cultures de filières sont toutefois plus contraignantes à cultiver et les coopératives peinent parfois à trouver les surfaces disponibles pour honorer leur demande, alors pour valoriser ce surplus de travail, dans un contexte inflationniste et de hausse des charges, Oxyane s’est résolue à augmenter le prix d’achat contractualisé sur certaines filières.