Elevage
Bovi-Coop a la recherche de nouveaux éleveurs pour ses veaux sevrés

Bovi-Coop, dont la zone d’activité rayonne sur huit départements*, est aujourd’hui en recherche de nouveaux éleveurs pour étoffer le nombre d’ateliers de veaux sevrés. Explications de Vincent Esposito, son directeur.

Bovi-Coop a la recherche de nouveaux éleveurs pour ses veaux sevrés
Bovi-Coop collecte 35 000 veaux en fermes, dont 4 800 ont intégré les ateliers de veaux sevrés. L’objectif à moyen terme serait d’arriver à 6 000 veaux. ©Bovi-Coop

Dans quel contexte s’inscrit cette volonté de développer les ateliers de sevrage ?

Vincent Esposito : Nous sommes dans une zone où l’élevage régresse. Cette décapitalisation alimente la filière viande. Nous avons perdu environ 20 % du cheptel naisseur depuis dix ans. Notre stratégie d’entreprise est de relocaliser les animaux destinés à l’exportation, principalement en direction de l’Espagne et l’Italie, pour développer une production locale. Avec l’augmentation de l’utilisation de semences sexées, on a modifié le ratio entre races pures/croisements et mâles/femelles. L’ambition étant de mettre en place des femelles afin de produire de la viande rouge dans un système régional. 

Quels débouchés et volumes pour ces productions ?

V.E. : Les veaux sont collectés à quinze jours – trois semaines, puis élevés dans des ateliers de veaux sevrés (de 60 à 190 kg) intégrés dans un système d’élevage classique. 100 % de ces animaux sont abattus à Viandes de Bresse, à Bourg-en-Bresse, et valorisés au sein de trois filières. Nous travaillons notamment avec Carrefour et Fresh. Cela représente un potentiel d’une trentaine de bovins par semaine. Sur l’année écoulée, on a produit 1 500 animaux pour la filière boucherie. Au total, Bovi-Coop collecte 35 000 veaux en fermes, dont 4 800 ont intégré les ateliers de veaux sevrés. L’objectif à moyen terme serait d’arriver à 6 000 veaux.

Quelle est la valeur ajoutée pour l’éleveur ?

V.E. : Il y a une vraie demande du consommateur. Nous avons donc réellement besoin de développer ces ateliers de sevrage. Des ateliers encadrés, avec une vraie plus-value et une rotation rapide, et une rémunération sécurisée. La rémunération est constituée d’une « prestation sevreur ». L’éleveur est accompagné par la coopérative. Avec à la clé une marge de 110 à 140 € brute en moyenne par veau sorti, en progression de 13 € par rapport à l’an passé.

* L’Ain, le Jura, la Saône-et-Loire, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, la Loire et le Rhône.

Patricia Flochon

Témoignage

Xavier Jolivet, éleveur par passion

Eleveur depuis plus de 30 ans en élevage spécialisé au sein de la coopérative Bovi-Coop, dont il est vice-président, Xavier Jolivet témoigne des aspects techniques, enjeux et intérêts économiques de la filière veaux sevrés.

L’élevage des veaux ici, à La Grange Piron, a commencé il y a tout juste 50 ans en 1974. Même si 2024 a marqué un tournant, avec une orientation différente pour un plan de carrière plus doux, en rapport avec une retraite qui se dessine et un outil malheureusement lui aussi vieillissant. Malgré tout, je reste sincèrement attaché à ce type de production, à la coopération qui est mon ADN et qui m’anime depuis 30 ans au sein du conseil d’administration. L’avenir de l’élevage bovin, notamment celui du veau sevré qui reprend de l’intérêt pour beaucoup d’acteurs de la filière, demeure ma priorité. J’espère au travers de ces quelques lignes vous faire découvrir cette production quasi confidentielle et pourtant essentielle à la valorisation des animaux issue de la branche laitière.

Un élevage de veaux sevrés, comment ça marche ?

La plupart des éleveurs de notre groupement de producteurs possèdent deux types de bâtiment. Une nurserie où les petits veaux sont réceptionnés après un tri adapté au centre de collecte. Mâles montbéliards et femelles croisées peuvent ainsi cohabiter dans le même environnement, en case collective de différente taille selon l’exploitation et le type de distribution alimentaire. Leur séjour en nurserie dure deux mois au plus, durant lesquels les animaux sont nourris soit au DAL (Distributeur automatique de lait) ou au seau tétine à raison de deux repas minimum les trois premières semaines. A cela s’ajoute un aliment démarrage à volonté, et bien sûr eau et paille fraîches. Le suivi sanitaire, à la charge et sous la responsabilité de l’éleveur, est encadré par nos techniciens et par notre cabinet vétérinaire à l’expérience et aux compétences indéniables. Vous n’êtes ainsi pas tout seul à affronter les aléas d’un élevage de pointe. Les protocoles vaccinaux et l’écornage facilitent la mise en marché et le confort à venir des animaux.

A l’issue de ce séjour en nurserie les animaux auront pris entre 40 et 50 kg. Ils pourront ainsi être sevrés. Un aliment croissance complet aura entre temps pris le relais avec le veau démarrage. Le but étant que chaque animal mange au moins 2 kg d’aliment sec pour se passer de la phase lactée et démarrer correctement son sevrage.

Voir plus grand

Pour changer de classe et ne pas redoubler – cela arrive pour certains qui prennent leur temps pour grandir – il faut changer d’école ! C’est ainsi qu’avec tous ses copains, car de vrais liens se tissent entre eux, les veaux emménagent dans un autre bâtiment dit post sevrage (PS) ; bâtiment plus vaste au volume suffisant pour accepter leur croissance qui dorénavant sera supérieure au kilo journalier. Néanmoins on peut fonctionner avec un seul bâtiment, en bande unique, si les caractéristiques de ce dernier le permettent. La surveillance reste de mise. Le bovin est un animal morphologiquement sensible aux affections respiratoires. Seule solution un bâtiment assez vaste et bien ventilé, pour une ambiance optimale.

Au long de ces trois à quatre mois de PS, et avec une consommation d’aliment qui va progressivement dépasser les 4, puis 6, voire 7 kg d’aliment par animal, plus paille à volonté…, notre petit veau aura pris sa taille d’ado, prêt à affronter la grande école. Il pèsera alors entre 180 et 200 kg… fille comme garçon. Les génisses croisées rentrent plus lourdes en élevage mais progressent moins vite que les mâles montbéliards, plus légers.

C’est ainsi qu’au terme de ce parcours balisé, encadré et suivi, nos animaux sont commercialisés

Une économie locale

La très grande majorité de nos veaux sevrés sont déjà pré-vendus à leur mise en place, principalement à des acteurs locaux. Les soucis s’éloignent donc pour leur départ vers 135 jours en moyenne. Soit ils vont directement chez leur nouveau propriétaire engraisseur comme les mâles montbéliards soit, ils, mais plutôt elles, intègrent nos ateliers de repousse pour offrir à nos divers clients une régularité dans l’approvisionnement et une qualité d’animaux très appréciée.

La confiance avant tout

Du début à la fin, Bovi-Coop et son historique sont là. Un partenariat sans faille, car ici la coopérative prend tout son sens. L’alimentation, du lait au Bovi-Coop - sevrage est étudiée collectivement dans son prix et sa composition. Un petit groupe d’éleveurs participent au choix de la coopérative pour ses élevages de veaux sevrés y compris dans la rémunération des animaux. L’avance des frais d’alimentation, jusqu’à la fin de bande, permet de soulager un besoin de trésorerie important, offrant ainsi la solution d’entamer sereinement une seconde bande en parallèle. Le financement des animaux, au travers de « filière bovin » est aussi un atout certain.

Valoriser votre existant

Le succès de ce type d’animal pour nos marchés et pour la filière nous poussent à voir un peu plus grand. Le renouvellement des générations est aussi une priorité. Cette production vous offre la possibilité, outre de valoriser vos céréales au meilleur prix au travers éventuellement d’échanges, de recycler des bâtiments encore fonctionnels après un changement d’orientation.

Cette activité annexe peut aussi répondre aux exigences d’un couple ou d’une structure à plusieurs agriculteurs. Les animaux calmes sont facilement « contentionables » et nécessitent soins, attention et présence régulière. Labourage et élevage, un duo gagnant : En Bresse, en Dombes, comme dans beaucoup d’endroits, le meilleur allié est sans nul doute l’élevage ,il permet cette synergie agro économique nécessaire au bon fonctionnement des exploitations.

Xavier Jolivet