VITICULTURE
La vendange déjà bien avancée annonce une belle qualité pour les appellations du Bugey

Margaux Balfin
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Après un été encore sec et quelques épisodes de grêles localisés, la vendange a commencé chez une partie des viticulteurs de l’Ain quand chez d’autres elle s’achève déjà. S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan final, le millésime 2023 semble sur une belle lancée. 

La vendange déjà bien avancée annonce une belle qualité pour les appellations du Bugey
Bien avancée, la vendange est prometteuse de qualité sur le vignoble aindinois. Photo/MB

Un peu moins tôt que l’année dernière, les vendanges sont tout de même de nouveau légèrement précoces cette année. Si les cépages tardifs tels que la Mondeuse n’ont pas encore été ramassés, la récolte a bien démarré sur le vignoble aindinois. Quoiqu’un peu technique, à l’image du reste de l’année, en raison des fortes chaleurs début septembre. 

Les premières remontées de terrain promettent de la qualité. Marcel Périnet, viticulteur à Gravelles, en témoigne : « Ça se passe très bien ! Nous avons commencé il y a 21 jours : les Poulsard étaient magnifiques mais menacés par la baisse des chaleurs. La véraison et la floraison se sont bien passées et il y a eu de la pluie au bon moment », se réjouit-il. Plus au Sud, Éric Angelot, viticulteur à Marignieu, est lui aussi très satisfait : « Nous allons terminer lundi prochain avec les Mondeuses. Ça fera un très beau millésime avec de la qualité et un état sanitaire plus que parfait. Nous avons été sauvés par les 50 mm de pluie autour du 25 août parce qu’il y avait quand-même un certain stress hydrique. » 
Les pluies de la fin août ont en effet relancé la maturation des dernières baies, stoppée par la sécheresse, confirme Margaux Bassan, technicienne viticole au syndicat des vins du Bugey.  
 
Les vignes grêlées à Seyssel et Cerdon 
 
Un constat général pour l’ensemble du vignoble, à l’exception des deux secteurs touchés par la grêle en juillet. Jean-Luc Guillon, président du syndicat des vins du Bugey, nuance : « Nous avons eu du mildiou et de la grêle. En termes de volume, cela va être moyen sur l’ensemble de l’appellation. Pour ce qui est de la qualité, c’est encore un peu tôt pour le dire, mais il y a du potentiel. Ce n’est pas trop mal sur les différents cépages. »
Des exploitations du vignoble ont en effet été touchées par des orages de grêle le 24 juillet aux alentours de Cerdon et de Seyssel. Dans le premier secteur, les parcelles ont parfois été touchées à 30 ou 40 %, estime Jean-Luc Guillon. Un constat encore plus sombre du côté de la Haute-Savoie. Viticulteur avec son frère sur la commune de Corbonod, Loïc Bernard en a fait les frais : « Nous avons eu deux orages consécutifs : un aux alentours de 15 h sur le bas de la commune et qui a fait le plus de dégâts avec des parcelles touchées jusqu'à 100 % ; et un autre le soir vers 21 h 30 sur le haut de la commune. La quasi-totalité de l’appellation Seyssel a été touchée. Sur les sept exploitations du secteur, toutes sont concernées », explique-t-il. Plutôt bien chargées cette année, les grappes ont été plus ou moins épargnées par les grêlons, contrairement aux feuilles qui n’ont pu protéger les baies lors de la canicule ni achever la photosynthèse nécessaire à leur maturation. « C’est une année qu’il faut oublier, résume Loïc Bernard. Nous étions sur une belle lancée et avons ramassé de supers jus, il y avait une belle maturité, mais nous avons eu de grosses pertes. Je pense qu’on fera moins 50 % de production pour les 16 ha de l’exploitation. J’ai 75 % de pertes sur mes pinots. Je n’ai pas encore vendangé mes blancs (Altesse et Molette) mais sur certaines parcelles je risque de ne pas passer, ça ne vaut pas le coup… »
Lui aussi grêlé à Corbonod, Stéphane Gallice est d’autant plus inquiet que l’orage a rudoyé les yeux et bois des vignes, ce qui pourrait grandement compliquer leur taille cet hiver selon le viticulteur. S’il attaque les vendanges à la fin de la semaine, il sait déjà que ses Gamay ne passeront pas en rouge et seront valorisés en rosé, car trop abîmés.
 
L’état sanitaire plutôt maîtrisé
 
Pour ce qui est du reste du vignoble, la pression maladive – mildiou et oïdium – a aussi été plutôt bien contenue. C’était en effet le gros risque cette année. En alerte, certains ont adapté leurs traitements.  « Nous avons passé aux bons moments au mois de mai, avec deux poudrages au soufre et sept passages avec anti-mildious, dont le dernier à très faible dose au mois d’août », admet Éric Angelot. Du côté de Gravelles, Marcel Périnet dit également s’en être bien sorti, à raison de traitements plus rapprochés : « Au mois de juillet nous n’avons pas eu d’eau mais le peu de rosée le matin suffisait au développement du champignon. Nous avons été très vigilants et sulfaté tous les huit jours. » Pour son voisin de Cerdon, Pierre Dubreuil, là aussi plus de peur que de mal : « Nous avions de grosses craintes de brulures, d’échaudages, de grêle et de mildiou pour les Gamay mais finalement c’est plutôt correct donc nous sommes contents. »
 
La vinification sera technique 
 
Du reste, les viticulteurs savent que cette année la vinification leur donnera du fil à retordre, entre le manque d’azote dans les sols et les aléas climatiques, l’étape va demander un suivi particulier. Certains disent s’attendre à des vins atypiques pour les appellations du Bugey. Sous des températures caniculaires début septembre les vendanges ont déjà été compliquées. Même en décalant la récolte à la fraîche le matin, beaucoup ont dû refroidir les raisins avant l’encuvage. À l’instar d’Éric Angelot : « Ce qui est compliqué avec la vinification, c’est la maîtrise de la température. L’équipement en froid était absolument prépondérant cette année. Des blancs sont arrivés à 32 degrés, alors qu’à leur entrée en cuve nous aimons qu’ils soient autour de 15 degrés, et entre 22 et 25 degrés pour les rouges. »