Politique
Xavier Breton et Jérôme Buisson questionnés par la profession
FDSEA et Jeunes agriculteurs organisent ces jours-ci des rencontres avec chacun des députés de l’Ain afin d’exprimer leurs questionnements, mais aussi leur colère et inquiétudes relatives à l’immobilisme politique ambiant. A commencer par Jérôme Buisson et Xavier Breton.
Dans l’Ain, deux députés ont voté la motion de censure : Marc Chavent et Jérôme Buisson. A l’heure où les responsables et représentants de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de l’Ain rencontraient Jérôme Buisson, jeudi 12 décembre, François Bayrou, n’avait pas encore été nommé premier Ministre. Dans le contexte de crise économique, sociale et morale qui frappe de plein fouet le monde agricole, la profession n’en a pas moins sollicité un rendez-vous en urgence avec le député RN de la 4ème circonscription, qui a justifié son vote en faveur de la motion de censure en expliquant : « Je comprends votre colère. Cela fait deux fois que tout tombe à l’eau. La première fois je n’y suis pour rien, quant à la seconde, cela a été difficile comme décision de voter la censure. Mais je n’ai pas un mandat qu’avec les agriculteurs, j’ai un mandat sur un programme, sur le pouvoir d’achat, la sécurité, la dette, l’immigration, etc. C’est tout cela qui a été pris en compte. Vos parents, vos enfants sont citoyens, ils sont aussi touchés par d’autres volets du budget… »
Pour Jonathan Janichon, président de la FDSEA, la pilule ne passe pas. « On ne peut être que déçu du travail effectué depuis plus d’un an. Notre inquiétude est que la situation perdure dans le temps. Est-ce que vous allez encore continuer à bloquer le pays ? Une partie des concitoyens ne comprend pas votre position. Notre réseau ne l’acceptera pas. Nous avons déjà accepté beaucoup pour faire avancer les choses, mais avec la culture du compromis, ce qui n’a pas eu lieu à l’assemblée nationale ! » La profession est en colère et elle le fait savoir. Si Jérôme Buisson s’engage à faire remonter cette colère, il reste dubitatif quand aux effets de la nomination d’un nouveau gouvernement : « On espère que le budget soit voté, mais cela ne règle pas le problème de l’instabilité qui fait suite à la dissolution. »
L’inertie technocratique pointée du doigt
Quant à Xavier Breton, député du groupe Droite Républicaine (1ère circonscription) et vice-président de l’Assemblée nationale, reçu dans les locaux de la Maison de l’agriculture, le lendemain en fin de journée – qui lui n’a pas voté la censure – il réitère un soutien sans faille à la profession agricole. « Nous sommes repartis dans un nouveau calendrier PLF et PLFSS. J’ai voté « pour » la loi d’orientation agricole. Je ne vote pas la censure car on ne renverse pas un gouvernement comme ça ! Il faut arrêter les caprices. L’enjeu pour notre démocratie, c’est d’arrêter de faire des choix technocratiques. Il faut des choix politiques. Quant au Mercosur, quand un ou plusieurs pays disent : on n’en veut pas, et que ça continue, il y a un problème ! C’est le problème de l’inertie technocratique. » Et Michel Joux, président de la chambre d’agriculture, d’insister sur les enjeux de souveraineté alimentaire, d’économie, d’entretien des espaces, ou encore de la nécessité de relations commerciales équilibrées… Concernant la loi EGalim, Xavier Breton précisera : « On n’avait pas voté la première car elle n’allait pas assez loin. Depuis il y a eu des améliorations, mais il faut continuer. Je suis effaré de ce que vous trouvez lorsque vous faites des contrôles dans les supermarchés. Il faut une vraie volonté politique : on contrôle, on sanctionne. »
Ce jeudi 19 décembre, FDSEA et JA rencontreront Sophie Delorme Duret, députée de la 3ème circonscription, suppléante d’Olga Givernet, dont elle a repris le poste lorsque cette dernière a rejoint le gouvernement en tant que ministre déléguée chargée de l’énergie. (Des échanges à retrouver dans notre prochaine édition).
Patricia Flochon