Excès d’eau, manque d’ensoleillement, baisse des surfaces… les récoltes sont qualifiées d’historiquement faibles au niveau national. L’Ain n’est pas épargné, avec une baisse de 23 % de la collecte et des rendements décevants. Jérôme Laborde, directeur du service Végétal du groupe Oxyane, nous livre son sentiment.
Quel premier bilan tirez-vous des récoltes d’été ?
Jérôme Laborde : L’année 2024 restera malheureusement dans les annales avec une récolte de céréales à paille au plus bas au niveau national, mais également au niveau départemental. En cause : la baisse des surfaces en raison des fortes précipitations, les excès d'eau et le manque d'ensoleillement tout au long du cycle cultural. La collecte baisse globalement de 23% avec des rendements décevants, autour de 50 quintaux en moyenne. Les terrains légers s'en sortent globalement mieux. Les meilleurs rendements sont donc relevés sur la plaine et le val de Saône. A l'inverse, les terrains profonds ont souffert davantage des excès d'eau. Seul le colza tire son épingle du jeu, avec des rendements moyens proches de 30 q/ha.
La qualité est-elle au rendez-vous ?
J.L. : La qualité ressort très moyenne avec un taux de protéine satisfaisant (11.5%) mais un poids spécifique faible de 74/75 kg/hl en moyenne. Dès la récolte, nous avons fait le choix d'abaisser la norme meunière sur les réceptions à 74 kg/hl, permettant ainsi de conserver un maximum de volume en blé de qualité. Depuis, les négociations avec les meuniers ont également permis de conserver ce seuil de 74 kg/hl, soit 2 points de moins par rapport à la norme standard. Plus de 70% des volumes collectés par la coopérative vont ainsi être valorisés auprès des meuniers. Les blés ne répondant pas à ces exigences seront consommés par les usines aliment du Groupe : DNA et Soreal Sud Est notamment.
Qu’en est-il des démarches de filières développées par le groupe Oxyane ?
J.L. : Les filières contractuelles proposées par Oxyane permettent d'apporter une valeur ajoutée moyenne de 25 €/t – en incluant les blés de force – qui vient s'ajouter au prix de base des blés meuniers. La coopérative a également mis en place depuis quelques années des filières dont la valorisation est indexée sur le coût de production. Cette année ces contrats ont permis de valoriser les blés sur des bases de 210 à 238 €/t selon les cahiers des charges. Ce type de valorisation permet de sécuriser une partie de la collecte sans subir les fluctuations des marchés.
Quid du marché des céréales ?
J.L. : Malgré une récolte faible au niveau national, le marché mondial reste sous pression du fait de récoltes meilleures que prévues sur l'Europe de l'Est, la Russie ou encore les Etats Unis. Dans le même temps la Chine, qui est le premier acheteur mondial, connaît une crise économique interne qui entraîne une baisse de la consommation, et donc des importations, venant alourdir le marché mondial. La tendance reste globalement neutre sur les semaines à venir dans l'attente des premières prévisions de récolte Hémisphère Sud.
Quelles sont les tendances pour la collecte d’automne ?
J.L. : 2024 se présente comme une campagne de collecte difficile liée à des semis étalés et tardifs dans un contexte météo actuellement incertain. Fort de ce constat, la coopérative Oxyane va mettre en place des moyens pour accompagner ses adhérents dans la réussite de leur collecte, à travers des choix forts sur l'ensemble du territoire : une baisse de 30% du barème séchage ; la mise en place de primes de précocité de 8 €/t pour faciliter le lancement des récoltes, dès le 23 septembre ; le plafonnement des barèmes sur la fin de récolte pour accélérer les fins de chantier.
Patricia Flochon