SYNDICATS
La réunion avec Emmanuel Macron reportée sine die

La réunion tant attendue avec le chef de l’État, Emmanuel Macron, n’aura pas lieu. Le dialogue entre l’exécutif et le syndicat majoritaire se tend sur fond de rythme des réformes. 

La réunion avec Emmanuel Macron reportée sine die
La FNSEA a décliné la réunion avec le chef de l'État. ©iStock-legna69

Le rendez-vous avait été pourtant pris le jour de l’inauguration du Salon de l’agriculture le 24 février. « Dans trois semaines », avait affirmé le président de la République, Emmanuel Macron. On s’attendait donc à une réunion entre la FNSEA et l’Élysée autour des 15-20 mars. Cette réunion a été reportée sine die, a-t-on appris le 16 mars au soir. C’est le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau qui l’a lui-même annoncé sur son compte X-Twitter. « Les conditions pour sortir de la crise agricole ne sont pas réunies. La réunion à l’Élysée de mardi (19 mars NDLR) est reportée. Faire porter aux syndicats cette responsabilité témoigne du fossé entre les déclarations et les actes. Après des avancées européennes nous attendons la déclinaison des mesures de Gabriel Attal sur les retraites, l’eau, les phytos, l’élevage, la trésorerie et la simplification…. Le rythme n’y est pas du tout », a-t-il écrit. Ce qui a déclenché la colère de la FNSEA, ce sont notamment des propos rapportés par la presse, selon lesquels les pouvoirs publics auraient fustigé des « syndicats incapables de se mettre d'accord sur 4 ou 5 mesures fortes ». Cet incident intervient peu de temps après que les représentants de la FNSEA ont claqué la porte de Matignon le 15 mars. Le syndicat majoritaire reproche au gouvernement de modifier les accords passés pour la réforme de la retraite agricole calculée sur les 25 meilleurs années (lire encadré). Matignon souhaite reporter l’application de la réforme au 1er janvier 2028. « Ce report est encore plus intolérable quand, à l’unanimité, les parlementaires ont voté une application dès 2026 », ont indiqué les responsables de la FNSEA.  

« La colère est toujours palpable »

Ils concèdent cependant quelques avancées à travers quelques décrets qui raccourcissent les délais d’instruction des dossiers, sur l’eau, sur les autorisations d’installations classées... Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture sera présenté en Conseil des ministres le 29 mars. Il sera examiné par les députés à compter du 13 mai. La proposition de loi sur les troubles anormaux du voisinage a été adoptée par le Sénat le 12 mars après un vote positif de l’Assemblée nationale le 4 décembre. Mais au siège du syndicat majoritaire, on s’impatiente. La réunion avec le Premier ministre Gabriel Attal le 11 mars a été de l’avis de nombreux participants « guère productive ». Invité de France Bleu Lorraine, le 15 mars, Arnaud Rousseau avait déjà posé quelques jalons : « Il y a trop de choses qui ne sont pas arrivées. Et moi, j’invite encore une fois le gouvernement à nous les donner rapidement. En tous les cas, d’ici une quinzaine de jours », a-t-il déclaré, soulignant que la mise en place des réformes promises « ne va pas assez vite ». FNSEA et JA pourraient-ils lancer un mot d’ordre de mobilisation et redescendre dans la rue ? « L’attente est très forte, la colère est toujours palpable », a prévenu le patron de la FNSEA. 

C.Soulard

 

Retraites

La FNSEA claque la porte de Matignon

La FNSEA a claqué, le 15 mars, la porte de Matignon où se réunissaient les syndicats agricoles, plusieurs parlementaires, des représentants des ministères concernés et la Mutualité sociale agricole. L’objet de cette réunion était de réfléchir à la mise en œuvre du calcul des retraites agricoles sur les 25 meilleures années. Le sujet de discorde qui a valu aux conseillers de Gabriel Attal de voir partir le syndicat majoritaire a été l’annonce du report du lancement de la réforme. Celui-ci était prévu le 1er janvier 2026. Matignon souhaite que la réforme ne s’applique qu’à partir du 1er janvier 2028. « Comme nous l’avons rappelé, nos propositions pour une application en 2026 sont finançables et ne génèrent aucun perdant dans leur mise en œuvre. De plus, elles peuvent sans difficultés être mise en application par la MSA, comme cela a été confirmé en séance. Ce report est encore plus intolérable quand, à l’unanimité, les parlementaires ont voté une application dès 2026 », indique le communiqué de presse de la FNSEA. Cette dernière pointe aussi le peu de cohérence entre les propos et les actes du gouvernement, à l’heure où de nombreux agriculteurs vont partir à la retraite et qu’il faut assurer le renouvellement des générations.