CONCOURS D’ÉLEVAGE
« On voit que l’Ain est une terre d’élevage »

L’Expo du futur s’est déroulée vendredi 14 et samedi 15 juin au foirail de la Chambière à Saint-Denis-lès-Bourgs. Quatre races ont fait leur show sur le ring, Charolaise et Blonde d’Aquitaine le premier jour, Prim’Holstein et Montbéliarde le lendemain. 

« On voit que l’Ain est une terre d’élevage »
Selly, Grande Championne, du Gaec Geray de Saint-Bénigne. ©Mégane Grimard

Vendredi dernier à partir de 14 heures, Charolaises et Blondes d’Aquitaine ont défilé sur le grand ring, aménagé cette année, tout comme les stands des partenaires, au centre du foirail. Avec des températures plus clémentes, les ventilateurs ont aussi laissé la place au confort naturel des logettes paillées. Un peu poussive en début d’après-midi vendredi, l’ambiance s’est finalement réchauffée en fin de journée, au gré du succès des animaux sur le ring. Le soir, la dégustation de cuisses de Blonde d’Aquitaine à la broche aura sûrement convaincu les plus indécis, basculant entre l’envie de voir la crème de la crème défiler et de rattraper le retard dans les champs, de venir. À défaut de choisir, certains ont tout simplement alterné entre les deux. 

Charolais : une championne exceptionnelle 

La race a tenu son concours départemental vendredi après-midi, en alternance avec l’inter-régional Blonde d’Aquitaine. Vingt-deux animaux de sept élevages se sont déhanchés sous les yeux attentifs du juge saône-et-loirien Olivier Lacour. 

Fait rarissime mais pas impossible, c’est une toute jeune femelle de trente mois, Selly du Gaec Geray, qui a finalement tiré son épingle du jeu et remporté le titre de Grande championne, détrônant les reines adultes de la race. Une fierté pour son éleveur, Jérémy Geray. D’autant plus que ses animaux, à l’exception de son taureau Ultrabeau (premier de section et prix d’honneur taureau espoir de la compétition) qui avait déjà brigué un premier prix à Charolles en 2023, n’étaient jamais sortis. « Cette génisse ira peut-être à Beaucroissant. Sa mère était déjà une grosse vache dans notre troupeau », confie-t-il. Selly, retenez bien ce nom. D’aucuns pensent qu’elle n’a pas fini de faire parler d’elle. 

À l’instar de Jean-Pierre Lethenet, éleveur à Curciat-Dongalon, qui présentait lui aussi plusieurs animaux : « Quand je l’ai vue, je me suis dit que les jeux étaient faits, qu’on était tous fichus dans la catégorie trente mois, et je savais que je n’aurai pas le titre de grande championne ». Alors que cela fait longtemps qu’il a laissé la fièvre des concours derrière lui, Jean-Pierre Lethenet s’est cette fois-ci laissé tenter. C’est avec beaucoup de fair-play que l’un des piliers de la race aindinoise a vu la première place lui échapper. Il n’a d’ailleurs pas non plus démérité. Sa vache Nougatine, qu’il a dressée en trois semaines avant le concours, a remporté le trophée viande et le prix d’honneur vache. Pour l’éleveur, c’était surtout l’occasion de partager un moment en famille : « C’est la première fois que je venais avec mon neveu qui va reprendre l’exploitation, et mon petit-fils de six est là aussi et demain (le samedi, NDLR), il sera avec son veau ! ». 

Également habitué des concours, Justin Chatard, du Gaec du Bon repos à Viriat, était également de la partie. « Nous n’avions pas beaucoup d’animaux en Charolais mais le niveau du concours était très relevé et les bêtes étaient bien préparées », s’est-il réjoui. Un constat partagé par le président du syndicat départemental Florent Rousset : « Il y a de l’entraide et de l’échange dans le travail, les gens sont contents de se voir. On reste dans un concours amical, il n’y a pas vraiment de compétition mais nous avons un beau niveau de génétique qui n’est peut-être pas assez reconnu au niveau national, sans doute parce que nous ne sortons pas assez. » S’il fallait en retenir une, c’est sans doute la seule part d’ombre de ce concours charolais : certains regrettent la trop faible participation d’éleveurs et notamment de la zone montagne. Nombreux sont en tout cas ceux qui entendent bien voir Selly en concours à l’automne. Le message est envoyé.  

Blonde d’Aquitaine : une belle victoire à domicile 

En Blonde d’Aquitaine aussi, l’Ain a de bonnes ambassadrices. Sur les 66 animaux en lice, 21 étaient du département. Pas connue pour être l’un des bassins historiques de la race, l’Ain n’en est pas moins une terre d’élevage. C’est ce que retiendront sans nul doute Thierry Robin et Florian Menet, tous deux juges du concours. Pourtant originaires d’une région où la Blonde d’Aquitaine est aujourd’hui nationalement reconnue – le premier vient du Morbihan, l’autre de Loire-Atlantique – ils se sont dit « très surpris par la qualité du concours et la jeunesse des éleveurs. C’est souvent synonyme de bon présage, cela montre la dynamique du secteur. » Ils l’affirment, certains des animaux présentés, dont plusieurs étaient de l’Ain, ont l’étoffe de grands champions et pourraient sans complexe disputer les couleurs locales en compétition nationale. 

Les quatre éleveurs du département en lice ont en effet marqué le jury par la qualité de leurs animaux. C’est le cas de Bastien Maisson dont ses animaux ont raflé plusieurs premiers prix de section et spéciaux (championnat jeune, championne suprême, descendance mâle, descendance femelle). Une belle victoire à domicile pour ses neufs animaux dont seulement les deux plus âgés, Tendresse et Sublime, étaient déjà sortis en concours. D’un naturel modeste, l’éleveur conclut d’un simple « ça a bien marché ». Passionné, il garde tout de même dans un coin de sa tête le national qui se tiendra le 19 septembre à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). 

Une belle victoire aussi pour la génétique du département, note Jean-Michel Durand, président du syndicat local depuis 1990, comme il aime à le rappeler : « Il y avait de grands compétiteurs et cette année, les prix sont restés dans l’Ain. C’est la sixième fois que nous organisons l’inter-régional à l’Expo du futur et on voit chaque année le niveau augmenter. Nous nous sommes battus pour faire reconnaître la Blonde d’Aquitaine en local et avec environs 4 000 têtes dans l’Ain, le groupe d’éleveurs de l’Ain s’est affirmé. » Jean-Michel Durand se réjouit de voir le nombre de jeunes augmenter, mais aussi que certains élevages de l’Ain sont repris grâce à la Blonde d’Aquitaine. C’est le notamment le cas de Ludovic Rossi qui a lui aussi été récompensé de plusieurs prix à l’Expo du futur et qui a repris la suite de Daniel Saint-Sulpice à Foissiat. Pour sûre, la Blonde fait son chemin dans l’Ain. 

Les jeunes meneurs pour terminer en beauté

Comme le symbole de la relève, la soirée du vendredi s’est terminée par le concours jeunes meneurs, jugé par Christophe Lafay du Syndicat Montbéliard. Pour l’occasion, les éleveurs de Prim’Holstein avaient mis à disposition veaux et vaches. À 17 ans, Quentin Favre-Félix (photo à la Une) termine grand champion de la compétition. Les frères Gandrey ont aussi marqué le juge. À 12 ans, Lucas termine champion de la catégorie Junior et champion réserve ; quant à Léo, l’un des benjamins de la compétitions du haut de ses 10 ans, il finit champion junior réserve et obtient une mention honorable champion. Une belle promotion en devenir. Si n’importe quel jeune pouvait participer, Florent Chapon, président du syndicat Prim’Holstein, voit ce concours comme un investissement sur long terme et qu’il sera gage d’installation.

Margaux Balfin